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Est-il vrai que l'ignorance de notre histoire nous condamne à la revivre ?

Publié le 29/07/2005

Extrait du document

histoire
Mais il exprime pourtant un espoir que son opuscule tâchera de conforter et de justifier. L'histoire a un sens, selon lui, elle est en progrès ; mais ce fil conducteur du passé n'est pas évident et c'est à l'historien philosophe de l'exhiber. Malgré son aspect sanglant, l'histoire serait en fait globalement orientée vers une amélioration continuelle de l'humanité. Ainsi, se trouverait expliqué l'absurde : les guerres ne sont qu'une partie de la marche vers un mieux général. Grâce à l'idée de progrès notre premier sentiment d'absurdité se trouve dissipé. On comprend en ce sens à quel point l'unité et l'unicité de l'histoire, du point de vue de l'idée, sont importantes et interviennent dans la perspective d'une volonté de donner du sens à ce qui semble être disparate et absurde. ·        Pour tenter de découvrir un autre ordre dans l'histoire, on peut alors chercher en elle un principe de développement qui ne soit particulier à aucune époque et qui ne tienne pas les atrocités pour autant comme négligeables.  Or, la philosophie hégélienne se propose, dans cette perspective, de dépasser cette conception du progrès : l'histoire n'atteindrait pas son but en dépit des folies humaines mais, au contraire, par leur intermédiaire. Alors que la conscience des hommes est bornée et incapable de saisir dans leurs propres actes une quelconque fin rationnelle, en fait, la raison utiliserait chacune des actions humaines même mes plus absurdes, pour réaliser dans toute son étendue l'ordre rationnel du monde. (Ce qu'Hegel nomme « La ruse de la raison » dans La Raison dans l'histoire).

Angles d’analyse

L’ignorance est donc précisément cette forme de privation qui condamne l’accès au savoir : or, ce qu’il s’agit d’interroger ici, c’est le rapport qu’une telle définition de l’ignorance entretient avec l’histoire –a fortiori avec la « nécessité « de connaître son histoire, son passé, c’est-à-dire encore d’où l’on vient et comment on est arrivé à tel état.

Il faut prendre ici le terme d’histoire en en double sens : il s’agit avant tout de l’histoire comme discipline, c’est-à-dire comme ensemble des faits conservés du passé et qui forme l’histoire collective ; mais il s’agit aussi de l’histoire personnelle constitutive d’un sujet. En ce sens on peut se demander si un sujet qui ignore d’où il vient, et dans quelles circonstances il a grandi, peut se connaître lui-même.

Il s’agit donc, dans les deux cas, de savoir si la connaissance de l’histoire est constitutive de notre propre présent et future. C’est donc ici la question, au fond, du « devoir de mémoire « que l’on interroge : car si l’ignorance de notre histoire nous condamne effectivement à la revivre (comme un éternel retour), alors il est un devoir pour l’homme (en tant qu’homme et en tant qu’individu) non seulement de connaître son passé mais encore de le conserver.

C’est donc aussi, en creux, les rapports entre mémoire et histoire qui sont ici à la question. Puisque la connaissance du passé suppose nécessairement cette intervention de la mémoire.

Car, en effet, que l’on songe aux mille détails de notre existence qui meurent avec l’instant que nous venons de vivre : on verra que l’oubli dévore souvent la plus grande partie de notre passé. Seule la mémoire peut lutter contre cette disparition perpétuelle, mais elle est aussi limitée.

Problématique

            En quel sens et dans quelle mesure peut-on affirmer que l’ignorance de notre histoire – tant personnelle que collective – nous condamne à la revivre éternellement ? Est-ce donc que la connaissance de notre histoire suffit pour en tirer des leçons ? Peut-on seulement tirer des leçons de notre histoire, de sorte qu’on ne commette pas deux fois les mêmes erreurs ? En sommes, la connaissance l’histoire est-elle capable, à elle seule, de nous apprendre quelque chose sur nous et sur les progrès que nous devons faire ? Et dans cette perspective, quel est donc le rôle de la mémoire ?

 

histoire

« été conservés oralement grâce à des procédés mnémotechniques comme la versification.

Il semblaitalors que retenir le passé, le conserver et le connaître, c'était, en somme, se préserver de commettreles mêmes erreurs, sans jamais en tirer de leçons. · Mais dès qu'elle se multiplie, « la parole s'envole et les écrits restent » selon le proverbe.

Support dusouvenir, l'histoire est une enquête (cf.

étymologie) qui consigne le passé par écrit.

Elle devientmémoire durable sous la forme d'annales, par exemple.

On a donc estimé qu'il fallait conserverquelque chose de son passé, partant du principe qu'en nous préservant de l'ignorance de l'histoire, onéviterait ainsi de sombrer dans un éternel retour. · On comprend alors que la connaissance du passé, en tant qu'elle nous préserve contre le risque (dû àl'ignorance de l'histoire) de commettre toujours les mêmes erreurs sans jamais en tirer de leçon,apparaît comme ce qui rend possible tout progrès humain.

La connaissance de notre passé est doncla condition de possibilité pour toute mise en marche d'un progrès de l'humanité. · La mémoire dépend d'un point de vue particulier ; même la mémoire collective est une visionparcellaire du passé : les Français n'ont pas le même souvenir de la dernière guerre que lesAméricains.

L'histoire essaie, elle, de constituer un tableau global de l'événement.

Connaître le passé,c'est donc a fortiori se libérer d'un point de vue nombriliste et ethnocentré ; c'est donc la connaissancede l'histoire – par opposition à l'ignorance – qui rend possible le recul sur soi, recul nécessaire pourne pas réitérer ces erreurs.

L'histoire rend donc objectif les différents événements, arrachés auprésent subjectifs : elle permet donc à celui qui la connaît de réfléchir sur la responsabilité desdifférents acteurs, de prendre du recul. · En ce sens, il est clair que le devoir de mémoire est réel : c'est lui qui nous préserver de la réitérationinfinie des mêmes erreurs. II- Le problème des trahisons de la mémoire · Pourtant, cette connaissance de l'histoire ne suffit pas pour que l'on puisse tirer des leçons del'histoire.

Si elle est une condition nécessaire, elle n'est pas la condition exclusive.

Ainsi, il estnécessaire de remarquer que le rôle de la mémoire dans la rétention du passé – et qui rend possibletoute connaissance de l'histoire – est ambigu. · Il est vrai que l'histoire et la mémoire semble aller de pair : soit l'histoire est une mémoire solidifiée,soit la mémoire est l'instrument de l'histoire.

Mais cette solidarité n'est pas indéfectible.

L'oubli n'estpas une simple faiblesse de la mémoire.

Qui pourrait vivre en retenant tout son passé ? Pour certains,leur mémoire n'est qu'un « tas d'odures » : leur vision trop précise du passé ôte au présent sanouveauté.

L'oubli est plutôt, comme l'écrit Nietzsche , une « fonction vitale » de la mémoire. L'hypermnésie paralyse la vie autant que l'ignorance, l'amnésie.

( Considérations intempestives ). Si l'animal jouit d'un bonheur que l'homme jalouse, c'est parce qu'il n'a pas demémoire supérieure.

Seul l'homme dit « je me souviens » et pour cela il lui estimpossible de vivre heureux et pleinement.

En effet :1) C'est par la mémoire, conscience du passé, que l'homme acquiert laconscience du temps et donc celle de la fugitivité et de l'inconsistance detoutes choses, y compris de son être propre.

Il sait que ce qui a été n'estplus, et que ce qui est est destiné à avoir été, à n'être plus.

Cette présencedu passé l'empêche de goûter l'instant pur, et par conséquent le vraibonheur.2) Le passé apparaît à l'homme comme l'irréversible et l'irrémédiable.

Il marquela limite de sa volonté de puissance.

L'instant présent, ouvert sur l'avenir, estle lieu du possible où peut s'exercer sa volonté de puissance.

Le passé, aucontraire, change et fige la contingence du présent en la nécessité du « celaa été ».

Dès lors la volonté ne peut que se briser sur cette pétrification dupassé qui se donne comme le contre-vouloir de cette volonté.

C'est pourquoi« l'homme s'arc-boute contre le poids de plus en plus lourd du passé quil'écrase ou le dévie, qui alourdit sa démarche comme un invisible fardeau deténèbres ».3) Sans l'oubli l'homme ne peut pleinement vouloir ni agir : il est un êtremalade, il est l'homme du ressentiment.

La « santé » psychique dépend de lafaculté de l'oubli, faculté active et positive dont le rôle est d'empêcherl'envahissement de la conscience par les traces mnésiques (les souvenirs). Car alors l'homme réagit à ces traces et cette réaction entrave l'action.

Par elles l'homme re-sent, et tant qu'ellessont présentes à la conscience, l'homme n'en finit pas de ressentir, « il n'en finit avec rien ».

Englué dans sa. »

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