Est-on libre ou avons-nous à le devenir ?
Publié le 11/02/2019
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Ce qui différencie toutefois cette « indépendance naturelle » de la liberté comme qualité rendant possible les élaborations culturelles, c’est que la première devient conflictuelle dès que l’homme ne vit plus seul, tandis que la seconde est conçue comme actualisée dans les communautés culturelles. Il n’en reste pas moins que ces dernières peuvent ensuite mettre au point des conceptions très diverses de la liberté - ce qui pourrait d’ailleurs s’énoncer de manière à nouveau un peu paradoxale : l’homme est libre jusque dans sa conception de ce que peut être la liberté.
Adoptant le point de vue historique qui lui est habituel, Hegel souligne que le concept de liberté a connu une évolution synonyme d’élargissement ou d’approfondissement progressif.
«
pression
ne désigne pas la même chose pour le citoyen d'une démocratie
moderne que pour l'habitant d'un pays en voie de développement, pour
un paysan du Moyen Âge que pour un commerçant contemporain.
Cette
variabilité historique et culturelle du concept mène à penser que
« liberté» ne désigne pas toujours la même réalité, les mêmes possibilités
pour l'homme.
Cependant, il pourrait se faire qu'à l'arrière-plan de ces
évolutions.
il existe un fond constant, comme une donnée permanente qui
se réaliserait de manières diverses, en fonction des contextes historiques.
sociaux, culturels.
De ce point de vue, il pourrait exister un «donné » ini
tial de liberté, à panir duquel s'effectueraient des variantes.
Mais ces der
nières doivent-elles être conçues comme se développant en quelque sone
toutes seules, ou comme résultant des actions humaines ? La liberté est
elle un donné ou une conquête ?
[1.
La liberté par rapport à la nature]
En termes très généraux, la liberté doit au moins être définie comme la
possibilité, proprement humaine, d'échapper aux déterminismes de la
nature.
Cela ne saurait signifier que l'homme ne connaît aucun détermi
nisme (son corps obéit à des lois biologiques).
mais cela indique que les
qualités qui le distinguent de la pure animalité montrent une indétermina
tion qui lui est propre, et que r on assimile à son absence de « nature ».
Le
comportement animal est en effet prédéterminé par des instincts ;
l'homme.
dépourvu d'instincts.
doit au contraire inventer ses comporte
ments.
et c'est ce qui lui permet d'élaborer un univers cuiLUrel, par détini
tion opposé à l'ordre naturel.
On peut.
de ce point de vue anthropologique, nommer « liberté» cette
absence de nature.
C'est par exemple ce que fait Sartre, lorsqu'il affirme
que «la liberté, c'est l'irréductibilité de l'ordre culturel à l'ordre
naturel », désignant ainsi la coupure qui se manifeste entre la nature ct la
culture.
Dire que la liberté est un donné pour l'homme, c'est simplement
rappeler que.
lorsque celui-ci se distingue de l'animalité naturelle, s'ou
vrent à lui une infinité de possibles.
parmi lesquels les choix effectués
définissent chaque culture.
La notion même de « donné » paraît renvoyer
à une situation initiale, originelle, ou naturelle, mais le.
»
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