Devoir de Philosophie

Éthique, IV, Appendice, chapitres X à XIV.

Publié le 22/03/2015

Extrait du document

Chapitre X

En tant que les hommes, par l'Envie ou quelque affect de Haine, sont portés les uns contre les autres, en cela ils sont contraires les uns aux autres, et par conséquent on doit en avoir d'autant plus peur qu'ils ont plus de pouvoir [plus possunt] que les autres individus de la nature.

Chapitre XI

Les âmes pourtant ne se vainquent pas par les armes, mais par l'Amour et la Générosité.

Chapitre XII

Aux hommes, il est avant tout utile de contracter ensemble des habitudes, et de s'enchaîner par des liens, grâce auxquels ils font d'eux tous un seul plus apte, et, absolument, d'accomplir les actes qui servent à affermir les amitiés.

Chapitre XIII

Mais pour ce faire, sont requis art et vigilance. Les hommes en effet sont divers (car rares sont ceux qui vivent à partir du précepte de la raison), et pourtant la plupart sont envieux, et plus enclins à la ven­geance qu'à la Pitié. Donc, pour supporter chacun avec son caractère et se retenir d'imiter ses affects, il faut une singulière puissance d'âme. Or ceux qui, au contraire, s'entendent à critiquer les hommes, à réprouver les vices plutôt qu'à enseigner les vertus, et au lieu d'affermir les âmes des hommes, à les briser, ceux-là sont pénibles et à eux-mêmes et aux autres ; aussi beaucoup, en raison d'une âme, à l'évidence, excessivement impatiente, et d'un faux zèle de religion, préfèrent-ils vivre parmi les bêtes plutôt que parmi les hommes ; de même les enfants, ou les adolescents, qui ne peuvent plus supporter d'une âme égale les reproches de leurs parents, se réfugient dans le service militaire, choisissent les désavantages de la guerre et le commandement d'un chef tyrannique plutôt que les avantages d'un foyer et les sermons d'un père, et s'infligent passivement n'importe quel fardeau, pourvu qu'ils se vengent de leurs parents.

Chapitre XIV

Donc, quoique les hommes règlent le plus souvent toute chose selon leur pulsion, il suit pourtant de leur société commune beaucoup plus d'avantages que de dommages. Dès lors il vaut mieux supporter leurs offenses d'une âme égale, et employer son zèle à ce qui sert à ménager concorde et amitié.

Éthique, IV, Appendice, chapitres X à XIV.

« Textes commentés 47 Tout l'appendice de la partie IV constitue une sorte de vade-mecum pour l'usage ordinaire de la vie : quelques pages reprenant, sans démonstration, les acquis principaux des parties III et IV de l'Éthique.

Les chapitres 10 à 14 sont consacrés à la vie en société : ils rappellent, exemples à l'appui, que les hommes sont bien souvent contraires les uns aux autres (chap.

10) ; que pourtant, c'est par la Joie qu'il faut nouer avec eux des rapports (chap.

11 et 12) ; enfin, que cette entreprise exige une force d'âme exceptionnelle, mais nécessaire, puisque rien ne vaut plus que la société des hommes (chap.

13 et 14).

Il y a en effet entre les hommes une communauté de nature, qui n'existe pas avec les animaux.

Nous pouvons certes user des bêtes selon notre utilité, et établir avec elles une convenance d'usage qui se limitera à la propriété qui nous est commune: Je fait de sentir (IV, 37, scolie 1).

Mais avec les hommes, la communauté de nature autorise une convenance beaucoup plus grande : une convenance de nature.

Les conatus de nos Corps et de nos Esprits peuvent s'accorder de telle sorte qu'ensemble ils forment des entités beaucoup plus puissantes.

Or, c'est seulement en vivant selon notre essence, c'est-à-dire sous la conduite de la raison, que cette convenance en nature se réalise (IV, 35).

En effet, convenir en nature, c'est convenir non pas par ce qui nous limite et nous contraint (la passion), mais par la positivité entière de notre être (IV, 32, scolie).

Si un homme en hait un autre parce qu'il a Envie de ce que celui-ci possède, ils sont tous deux opposés non pas parce qu'il conviennent en une 1 chose - à savoir, le fait d'aimer le même bien (cela, au contraire, alimente leur amour) -, mais parce que l'un se perçoit avec la chose aimée, alors que l'autre se perçoit sans elle (IV, 34, scolie).

C'est donc par !'Affect rationnel de Générosité (III, 59, scolie) qu'il faut se 1 lier avec autrui, sans en attendre nécessairement une reconnaissance (IV, 70et 1 1 71 avec scolie).

L'une des principales règles de vie de l'homme rationnel est que la Haine jamais ne peut être bonne (IV, 45), et qu'il faut toujours la vaincre 1 par l'Amour (IV, 46; V, 10, scolie).

C'est en comprenant, et donc en appliquant, ce difficile principe, qui va à l'encontre du penchant naturel à , 1.

l'imitation des affects (haïr celui qui nous hait), que nous pouvons jouir 1 pleinement des avantages de la vie sociale.

:. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles