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Éthique religieuse et mentalité économique M. WEBER

Publié le 26/01/2020

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weber

Éthique religieuse

et mentalité économique

M. WEBER (1864-1920)

Le sociologue allemand Max Weber cherche à savoir si et comment certaines croyances religieuses déterminent l'apparition d'une mentalité économique. Pour ce faire, il choisit l'exemple du calvinisme ascétique et puritain, et de l'esprit capitaliste moderne.

L’homme n’est que le régisseur des biens à lui confiés par la grâce de Dieu. Tel le serviteur de la Parabole, il doit rendre compte de chaque sou à lui confié et qu’il serait pour le moins scabreux de dissiper dans un dessein qui ne vise point à la gloire de Dieu, mais à une jouissance toute personnelle. (...) Comme tant d’éléments de l’esprit du capitalisme moderne, par certaines de ses racines, l’origine de ce style de vie remonte au Moyen Age. Mais ce n’est que dans l’éthique du protestantisme ascétique qu’il a trouvé son principe moral conséquent. Sa signification pour le développement du capitalisme est évidente. (...)

 

L’ascétisme protestant, agissant à l'intérieur du monde, s’opposa avec une grande efficacité à la jouissance spontanée des richesses et freina la consommation, notamment celle des objets de luxe. En revanche, il eut pour effet psychologique de débarrasser des inhibitions de l’éthique traditionnelle le désir d’acquérir. Il a rompu les chaînes qui entravaient pareille tendance à acquérir, non seulement en la légalisant, mais aussi, comme nous l’avons exposé, en la considérant comme directement voulue par Dieu. Comme l’a dit expressément Barclay, le plus grand apologiste des quakers, et en accord avec les puritains, la lutte contre les tentations de la chair et la dépendance à l’égard des biens extérieurs ne visait point l’acquisition rationnelle, mais un usage irrationnel des possessions.

(...) L’évaluation religieuse du travail sans relâche, continu, systématique, dans une profession séculière, comme moyen ascétique le plus élevé et à la fois preuve la plus sûre, la plus évidente de régénération et de foi authentique, a pu constituer le plus puissant levier qui se puisse imaginer de l’expansion de cette conception de la vie que nous avons appelée, ici, l’esprit du capitalisme.

Si pareil frein de la consommation s’unit à pareille poursuite débridée du gain, le résultat pratique va de soi : le capital se forme par l’épargne forcée ascétique. Il est clair que les obstacles qui s’opposaient à la consommation des biens acquis favorisaient leur emploi productif en tant que capital à investir. (...)

En Hollande, pays qui pourtant ne fut assujetti à un strict calvinisme que sept années durant, l’absolue simplicité de mœurs des cercles les plus strictement religieux, qui allait de pair avec la possession d’énormes richesses, porta jusqu’à la démesure le goût de l’accumulation capitaliste.

Max Weber, L'Éthique protestante et l‘Esprit du capitalisme (1905), trad. J, Chavy, éd. Plon, 1964, pp. 229-234

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