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Être juste, est-ce traiter tout le monde de la même façon ?

Publié le 19/03/2005

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Analyse du sujet :
Du point de vue conceptuel : «Etre juste« : Nous pouvons donner au moins deux définitions du mot juste lorsqu'il est appliqué à un humain :
1/ «Juste (au sens restreint, où ce mot s'oppose plus spécialement à charitable) : Qui juge de ses rapports avec autrui comme il jugerait du rapport de deux personnes étrangères ; et qui, lorsqu'il juge entre plusieurs autres, ne se laisse guider par aucune faveur ni aucune haine préexistante. Etre juste, en ce sens, est donc une qualité essentiellement formelle, qui consiste à s'abstenir d'agissements égoïstes et de jugements partiaux.«
2/ « (sens général) : qui possède un bon jugement moral et la volonté de s'y conformer. – Est juste, dans cette acception, l'homme capable de reconnaître jusqu'à quel point il est légitime de faire respecter autrui dans ses idées, ses sentiments, sa liberté, sa propriété ; de bien apprécier les mesures générales, par exemple les lois, qui tendent à permettre ou à défendre certains actes, à rendre plus ou moins favorable la situation de certaines personnes ; enfin de bien contribuer, avec à propos et au degré convenable, les avantages ou les peines dont on dispose. Le juste (D. : Der Gerechte ; E. : The righteous ; I. : Il giusto) est l'homme de bien, celui dont la volonté est conforme à la loi morale (primitivement et surtout, à la loi conçue comme divine [...] )[1]«
«traiter« : Appliquer un traitement, considérer une personne et agir à son encontre.
«tout le monde« : Il s'agit d'un ensemble universel (qui, contrairement au général, n'admet pas d'exceptions). Ce tout le monde est donc l'ensemble de l'espèce humaine, sans distinctions aucune, selon le concept d'égalité.
«même façon« : Désigne l'identité des traitements. En justice : identité des peines pour les mêmes délits, sans prise en compte ce qui distingue les situations particulières.
Problématisation :
           «Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit...« dit le premier article de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Cela signifie que chaque personne sera traitée de la même façon devant la justice, dans un souci d'égalité de droit. Les rédacteurs de cet article pensaient ainsi être justes : Mais être juste est-ce traiter tout le monde de la même façon ? Ne pas le faire est une voie ouverte aux discriminations, au jugement fondé sur des préjugés. Mais la justice ne traite pas de la même façon un mari jaloux sans casier judiciaire et un criminel multirécidiviste lorsqu'ils commettent la même action, par exemple tuer un proche de leurs femmes. Il ne paraît pourtant pas injuste de prendre en compte des circonstances aggravantes ou atténuantes. L'égalité est-elle forcément juste ? Cette égalité est nécessaire à la justice, elle en est le fondement. Mais n'y aurait-il pas des cas où l'égalité fixe devient injuste ? C'est que la justice, tout en statuant dans le droit, doit tenir compte d'inégalités de fait.
 
 
  • I) La justice c'est l'égalité des traitements. A un crime doit correspondre une seul et même punition.
 
  • II) Les dangers d'un strict égalitarisme. Certaines inégalités peuvent apparaître comme justes.
 
  • III) La vraie justice repose sur le double principe de l'égalité et de l'équité.


« Transition : Si Alain nous montre une voie fondamentale de la justice, il n'en reste pas moins que l'égalité n'est pas toujours la règle en justice.

Comme il est dit en introduction, un mari jaloux et un criminel ne sont paségalement traités et punit pour le même crime.

Car le mari jaloux bénéficiera d'une circonstance atténuante (enl'occurrence, celle du crime passionnel), voulant que la situation dans laquelle il était le rendait moins maître de sesactes que s'il avait tué sans motif, ou par intérêt pécuniaire.

La justice tient compte de fait du degré de liberté qu'ily a dans nos actions.

Ce n'est pas le seul cas où l'égalité fixe se révèle injuste.

II – L'égalité peut devenir une injustice dans certains cas particuliers · Nous pouvons prendre différents exemples simples, autres que celui de la circonstance atténuante, qui nous montrent que l'égalité peut devenir injuste.

Pour rester dans le domaine juridique, nous avons vu que la justicetenait compte du degré de liberté qu'il y a dans nos actions.

Car s'il n'y a pas de liberté, la justice n'a pas lieud'être (le lion tuant pas instinct, personne ne le juge coupable de tuer).

C'est se distingue, en criminologie, letueur dit psychotique de celui qu'on nomme psychopathe .

Le psychopathe est capable de rendre un jugement de valeur sur ce qu'il fait au moment où il tue, son esprit est capable de maîtriser les concepts de bien et de mal(ce qui veut dire qu'il n'est pas fou).

Le psychotique au contraire est un cas pathologique souffrant d'épisodes pulsionnels durant lesquels il ne peut plus rendre un jugement.

On considère qu'il y a des moments de sa viependant lesquels il est irresponsable (il doit alors plaider la folie).

Et sans responsabilité, il ne doit pas êtrecondamné, puisque son action n'est pas libre. · Un cas à l'échelle sociale : les impôts.

L'égalité fiscale a un nom : l'impôt par tête, où chaque citoyen paye la même somme au Trésor, qu'il soit artisan, ouvrier, fonctionnaire ou milliardaire.

Cette égalité est généralementconsidérée comme injuste, et en France, un système de calcul complexe fait en sorte que chacun paye enfonction de ce qu'il gagne.

Autrement dit, l'idéal visé est que chacun paye selon ses moyens (cet idéal estmodéré par des notions telles que le bouclier fiscal, ou le seuil minimum de revenu en deçà duquel on ne payeplus d'impôts).

Cette répartition inégale, mais visant la justice, a pour nom équité . «L'équitable, tout en étant supérieur à une certaine justice, est lui-même juste, et ce n'est pas comme appartenant à un genre différent qu'il est supérieur au juste.

Il y a donc bien identité du juste et de l'équitable, ettous deux sont bons, bien que l'équitable soit le meilleur des deux.

Ce qui fait la difficulté, c'est que l'équitable, touten étant juste, n'est pas le juste selon la loi, mais un correctif de la justice légale.

La raison en est que la loi esttoujours quelque chose de général, et qu'il y a des cas d'espèce pour lesquels il n'est pas possible de poser unénoncé général qui s'y applique avec rectitude.

Dans les manières, donc, où on doit nécessairement se borner à desgénéralités où il est impossible de le faire correctement, la loi ne prend en considération que les cas les plusfréquents, sans ignorer d'ailleurs les erreurs que cela peut entraîner.

La loi n'en est pas moins sans reproche, car lafaute n'est pas à la loi, ni au législateur, mais tient à la nature des choses, puisque par leur essence même lamatière des choses de l'ordre pratique revêt ce caractère d'irrégularité.

Quand, par la suite, la loi pose une règlegénérale, et que là-dessus survient un cas en dehors de la règle générale, on est alors en droit, là où le législateur apéché par excès de simplification, de corriger l'omission et de se faire l'interprète de ce qu'eût dit le législateur lui-même s'il avait été présent à ce moment, et de ce qu'il aurait porté dans sa loi s'il avait connu le cas en question.De là vient que l'équitable est juste, et qu'il est supérieur à une certaine espèce de juste, non pas supérieur aujuste absolu, mais seulement au juste où peut se rencontrer l'erreur due au caractère absolu de la règle.

Telle est lanature de l'équitable : c'est d'être un correctif de la loi, là où la loi à manqué de statuer à cause de sa généralité.» Aristote, Ethique à Nicomaque , V, 1137 b 8-32 · Ce texte célèbre d'Aristote nous aide à comprendre ce qu'est l'équité : un «correctif de la loi», et pourquoi l'équité est plus jute que l'égalité. Transition : Mais Aristote, s'il nous éclaire beaucoup sur notre problème, il ne permet pas de comprendre à fond l'articulation de la justice entre égalité et équité.

L'égalité fonde la loi, et l'équité corrige l'égalité lorsqu'elledevient inadéquate avec la justice.

Même si Aristote s'étend là-dessus, nous ne comprenons pas très bien pourquoil'égalité cesse de correspondre à la justice, et nous force d'avoir recours au correctif qu'est l'équité.

Autrement dit,qu'est-ce qui, à l'origine même de l'idée de justice, oblige à prendre en compte l'équité comme complément del'égalité ? III – Etre juste demande de prendre en compte des inégalités · Si l'équité doit intervenir comme correctif de la loi, ce n'est pas seulement parce qu'il existe des cas où la loi ne peut statuer à cause de son ancienneté (toute l'équité résiderait alors dans la seule jurisprudence), maispeut-être aussi pour rétablir une égalité de droit parmi des inégalités de fait. · L'équité a donc un but fondamental dès la mise en place d'une justice qui n'est plus seulement économique ou légale, mais sociale.

Parce que certains lycées sont situés dans des zones où la population est à la fois plus. »

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