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Etre libre, est-ce être autonome ?

Publié le 12/01/2004

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Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son père ont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par Zeus, à la loi de la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous !Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge, comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en faisons des esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau et juste. Mais, j'en suis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s'en délivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussi toutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nous apparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat."PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad. Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp. 212-213.(1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av. JCLe discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a)IntroductionCalliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrière leur apparente impartialité.Les arguments de CalliclèsFaite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs. Elle n'est donc universelle qu'en apparence.Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation.

« Qu'est-ce donc être libre ? Il semble que ce soit, au contraire, et en opposition avec la thèse de Calliclès, opterpour la raison et l'autonomie.

Être autonome, en effet, c'est déterminer et maîtriser, par la raison, nos volontésparticulières et ainsi les rendre libres.

Je suis libre lorsque, en chaque situation, en chaque état, je sais quelles sontmes authentiques possibilités, celles qui sont issues d'un choix rationnel.

Être libre, c'est, par exemple, par l'effort desa réflexion, se donner des principes d'action rationnels et raisonnables.

L'individu autonome, loin de rejeter toutesles règles comme, obéit aux normes et principes qu'il a choisis après examen, et adapte tous ses choix et toutes sesdécisions à ces règles et principes.

A-t-il opté pour des principes de travail, d'effort, de volonté en vue d'un but ?Dans ce cas, se dégageant de l'emprise servile des impulsions qui ne conduit généralement qu'à l'échec, il choisiraen fonction de ces principes rationnels.Choisir la passion contre la règle, le désir contre la loi, le caprice contre le choix raisonnable, oui, ceci est possible,mais cette forme de liberté, qui met à distance l'autonomie, met aussi à distance toute construction rationnelle denous-mêmes.

Le choix libre se définit à partir de la raison et de l'autonomie et désigne l'accès à une constructionpétrie de raison.

Être libre, c'est se décider après réflexion, en connaissance de cause, obéir à des raisons qu'onapprouve.Toutefois, ce niveau « métaphysico-psychologique » sous-entend déjà l'examen de la sphère morale, qu'il postule etqu'il nous faut maintenant prendre en compte.

Car la liberté possède aussi un sens éthique.

A vrai dire, la libertéspirituelle est indissolublement métaphysique et morale. SUPPLEMENT: Le discours de Calliclès. "Certes, ce sont les faibles, la masse des gens, qui établissent les lois, j'en suis sûr.

C'est donc en fonction d'eux-mêmes et de leur intérêt personnel que les faibles font les lois, qu'ils attribuent des louanges, qu'ils répartissent desblâmes.

Ils veulent faire peur aux hommes plus forts qu'eux et qui peuvent leur être supérieurs.

C'est pour empêcherque ces hommes ne leur soient supérieurs qu'ils disent qu'il est vilain, qu'il est injuste, d'avoir plus que les autres etque l'injustice consiste justement à vouloir avoir plus.

Car, ce qui plaît aux faibles, c'est d'avoir l'air d'être égaux àde tels hommes, alors qu'ils leur sont inférieurs. Et quand on dit qu'il est injuste, qu'il est vilain, de vouloir avoir plus que la plupart des gens, on s'exprime en seréférant à la loi.

Or, au contraire, il est évident, selon moi, que la justice consiste en ce que le meilleur ait plus quele moins bon et le plus fort plus que le moins fort.

Partout il en est ainsi, c'est ce que la nature enseigne, cheztoutes les espèces animales, chez toutes les races humaines et dans toutes les cités ! Si le plus fort domine le moins fort et s'il est supérieur à lui, c'est là le signe que c'est juste. De quelle justice Xerxès s'est-il servi lorsque avec son armée il attaqua la Grèce (1), ou son père quand il fit laguerre aux Scythes ? Et encore, ce sont là deux cas parmi des milliers d'autres à citer ! Eh bien, Xerxès et son pèreont agi, j'en suis sûr, conformément à la nature du droit - c'est-à-dire conformément à la loi, oui, par Zeus, à la loide la nature -, mais ils n'ont certainement pas agi en respectant la loi que nous établissons, nous ! Chez nous, les êtres les meilleurs et les plus forts, nous commençons à les façonner, dès leur plus jeune âge,comme on fait pour dompter les lions ; avec nos formules magiques et nos tours de passe-passe, nous en faisonsdes esclaves, en leur répétant qu'il faut être égal aux autres et que l'égalité est ce qui est beau et juste.

Mais, j'ensuis sûr, s'il arrivait qu'un homme eût la nature qu'il faut pour secouer tout ce fatras, le réduire en miettes et s'endélivrer, si cet homme pouvait fouler aux pieds nos grimoires, nos tours de magie, nos enchantements, et aussitoutes nos lois qui sont contraires à la nature - si cet homme, qui était un esclave, se redressait et nousapparaissait comme un maître, alors, à ce moment-là, le droit de la nature brillerait de tout son éclat." PLATON, Gorgias, 483b-484a, trad.

Canto, Garnier-Flammarion, 1987, pp.

212-213. (1) allusion à la seconde guerre médique conduite par Xerxès, roi des Perses, qui envahit la Grèce en 480 av.

JC Le discours de Calliclès (Gorgias 483b - 484a) Introduction Calliclès entend pratiquer une critique " généalogique " des lois en débusquant le type de vie qui se dissimule derrièreleur apparente impartialité. Les arguments de Calliclès Faite par la masse, la loi en exprime forcément les intérêts et les valeurs.

Elle n'est donc universelle qu'enapparence.Cette loi est un instrument d'oppression non par la force mais par un mécanisme d'intériorisation.

Elle n'est donc. »

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