Examen des principales objections du fatalisme.

Exorde. — S'il est une notion qui nous apparaisse claire et distincte, c'est à coup sûr celle que nous avons de notre liberté ; et tous nos actes aussi bien que l'organisation et le fonctionnement des sociétés humaines prouvent que l'homme se croit un être libre et responsable. Cependant certains systèmes et certaines doctrines aboutissent indirectement à la négation du libre arbitre ou prétendent établir d'une manière positive que l'homme n'est pour ses déterminations qu'un sujet inerte et passif; la liberté ne serait qu'une pure chimère et l'idée que nous en avons serait une vaine illusion de notre imagination. Nous ne parlerons pas ici du fatalisme antique, qui n'est qu'une superstition surannée, et qui, au-dessus de l'homme et même au-dessus des Dieux, plaçait une puissance irrésistible, aveugle et malfaisante; nous laisserons également de côté, comme relevant de la foi religieuse, la prédestination de Luther et de Calvin, qui est devenue un dogme pour les églises protestantes, et vers laquelle Port-Royal et les Jansénistes ont si fortement incliné. Nous voulons seulement exposer et réfuter ce qu'on est convenu d'appeler le fatalisme théologique, le fatalisme psychologique ou déterminisme, et le fatalisme matérialiste.