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Explication de texte: Kuhn, Extrait de la Postface de la Structure des révolutions scientifiques

Publié le 01/08/2012

Extrait du document

A cette justification instrumentaliste, Kuhn adjoint un nouvel argument, cette fois en mesure de contrer l'accusation d'irrationalisme qui lui est faite: si deux théories peuvent s'avérer simultanément valides bien qu'opposées en tant qu'elles sont aptes à résoudre les énigmes qui se présentent à elles, reste que l'une d'entre elles sera forcément meilleure que l'autre.  En tant qu'instruments, les théories valides s'avèreront plus ou moins pertinentes pour résoudre les énigmes qui se présentent à elles. C'est leur aptitude à la résolution d'énigme qui constitue chez Kuhn le critère objectif de scientificité d'une théorie donnée. En introduisant ce critère objectif, il se prémunit contre toute accusation d'irrationalisme, mais tente également de se défendre de celle de relativisme.

« relativisme n'est envisageable ni entre deux théories scientifiques données, ni entre la subjectivité irrationnelle du praticien de la science et la théorie qu'il emploie. Deuxième argumentLa seconde accusation de relativisme formulée à l'encontre de Kuhn tient au fait qu'il renonce à la conception continuiste généralement admise dans l'histoire dessciences et qui voit l'évolution des sciences comme l'accumulation de savoirs se rapprochant toujours plus de la vérité des choses du monde.Au cours du texte, Kuhn affirme qu'il ne nie pas le progrès scientifique, mais en propose une nouvelle conception, qu'il veut antiréaliste instrumentaliste. Nous avons déjà vu en quelle mesure la conception kuhnienne présente les critères de l'instrumentalisme, nous allons désormais voir en quoi sa vision du progrèsapparaît comme fondamentalement anti-réaliste (par opposition aux cinq thèses qui constituent les conditions du réalisme scientifique). Refusant une vision continuiste et accumulative du progrès scientifique, Kuhn le conçoit comme un développement « unidirectionnel et irréversible ».

Pour illustrersa conception, il utilise dans le texte l'exemple d'un arbre matérialisant le progrès des spécialités scientifiques à partir de leur origine commune (l.21): les théoriesscientifiques évoluent en devenant toujours meilleures et progressent en vertu d'un système de ruptures successives.C'est à mesure que les énigmes posées par les anomalies des systèmes scientifiques sont résolues et dépassées que la science, et les théories qui la constituent, peutévoluer. Cette vision du progrès scientifique est antithétique de celui de son principal opposant, Popper, qui envisage l'évolution de la science comme une continuité dethéories, falsifiées au profit de la supposée validité d'autres théories, elles-mêmes soumises à la falsification par la suite.

Pour Popper, l'évolution des sciences estcaractérisée par une approche toujours plus pertinente de la réalité de nature, et une science vise l'explication et la description des faits du monde; même si celareprésente une sorte d'idéal qu'elle ne pourra jamais atteindre ultimement.

C'est la correspondance entre une science et la réalité vers laquelle elle tend qui caractérisela validité supposée d'une théorie. Pour Kuhn, le progrès de la science n'est pas un progrès vers la vérité de nature; le but n'est pas de toujours plus se rapprocher de la vérité de la réalité du monde maisd'évoluer dans les paradigmes; il n'y a pas d'ontologie à considérer en matière de réalisme, pas de lien entre les théories et une hypothétique réalité extérieure. En cela, il semble s'ériger contre les principales thèses du réalisme:- la thèse d'existence: puisque Kuhn ne suppose pas l'existence d'une réalité, d'une vérité des choses du monde que la science devrait permettre d'atteindre, et postuleque les sciences n'ont pas à se préoccuper d'autre chose que des phénomènes et des énigmes qu'ils posent.- la thèse d'assertoricité: puisque les théories scientifiques ne sont selon lui ni vraies, ni fausses, mais valides en tant que simple instruments de résolution des énigmes.- la thèse d'objectivité: puisque ce ne sont en aucun cas les choses du monde qui déterminent la validité des théories scientifiques, dont l'objet n'est que la résolutiond'énigmes au sein des paradigmes.

Il n'y a pas dans cette pensée de constitution d'une nature qui déterminerait la vérité ou fausseté des vérités scientifiques.- la thèse de connaissabilité: puisque Kuhn postule que les sciences ne réfèrent en rien à des choses du monde et rejette la perspective d'une vérité de correspondanceau sein des sciences.En ce sens, la conception des sciences de Kuhn se donne comme une forme d'antiréalisme scientifique, mais au delà, sa vision du progrès scientifique se donne elleaussi comme une forme d'opposition aux théories réalistes scientifiques.Kuhn considère ainsi que si l'évolution de la science est ordinairement considérée comme reposant sur une ontologie entre la théorie et ce qui se trouve dans la véritéde nature, et des considérations empiriques, c'est la découverte (qui peut être fortuite, comme dans le cas des rayons X, ou résulter d'un changement de méthode,comme pour l'oxygène) d'anomalies dans le paradigme qui permet l'énigme, sa résolution, et donc la révolution scientifique.

Simplement, contrairement à Popper, ilne considère pas qu'une théorie > Lapin-canard de wittgenstein (c'est la perspective qui change) Critique des arguments de Kuhn quant à son relativisme. pt de vue profane (ou réaliste): celui de la vérité de correspondancerejet égal de la vérité de cohérence > elle ne convient pas (même si cela n'est pas clairement explicité par Kuhn) l'adéquation théorie-réalité est une illusion; quand bien même, c'est peu plausible du point de vue historique scientifique:pas de développement ontologique dansl'évolution des théories scientiques.

Copernic n'est pas plus dans le vrai que Ptolémée, ni plus ontologiquement développé, à vrai dire.

On peut entendre cette viséecomme relativiste, mais pour Kuhn, ce terme est inexact parce que le relativisme a une connotation péjorative, et qu'en l'occurence, il semble reconnaître cerelativisme, s'il est tel, comme suffisant pour attester de la nature et du progrès des sciences.La clé de voûte du relativisme est qu'il apparaît insuffisante, parce que pas scientifiquement valable, parce que ce qui peut être donné tel en terme de culture ne l'estpas distinction ontologie / le reste + argument de l'accord des scientifiques. »

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