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Expliquez l'affirmation suivante : « [...] s'il s'abstient entre-temps de toute manifestation active d'opposition à la loi en question ».

Publié le 24/03/2015

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temps

Les exigences de la vie en une société organisée n'interdisent à per-sonne de penser, de juger et, par suite, de s'exprimer spontanément, à condition que chacun se contente d'exprimer ou d'enseigner sa pen¬sée en ne faisant appel qu'aux ressources du raisonnement et s'abs¬tienne de chercher appui sur la ruse, la colère, la haine ; enfin, à condition qu'il ne se flatte pas d'introduire la moindre mesure nou¬velle dans l'État, sous l'unique garantie de son propre vouloir. Par exemple, admettons qu'un sujet ait montré en quoi une loi est dérai¬sonnable et qu'il souhaite la voir abroger. S'il prend soin, en même temps, de soumettre son opinion au jugement de la souveraine Puis-sancel (car celle-ci est seule en position de faire et d'abroger des lois), s'il s'abstient entre-temps de toute manifestation active d'opposition à la loi en question, il est — au titre d'excellent citoyen — digne en tout point de la reconnaissance de la communauté. Au contraire, si son intervention ne vise qu'à accuser les pouvoirs publics d'injustice et à les désigner aux passions de la foule, puis, s'il s'efforce de faire abroger la loi de toute manière, ce sujet est indubitablement un per¬turbateur et un rebelle.

SPINOZA

1. Le pouvoir souverain dans un État.

Une deuxième situation, qui est celle que Spinoza souhaite éviter, est celle de la suppression de la liberté de penser, de s'exprimer : ainsi est éli­minée la voie de recours ordinairement conseillée. Comme le besoin d'ex­pression ne manquera pas de reparaître, sa frustration systématique risque d'acculer les individus à une expression par la violence.

 

Une troisième situation est celle où un pouvoir déciderait de figer une fois pour toutes sa constitution et ses lois : toute protestation, toute tenta­tive ponctuelle de réforme se verrait alors opposer une fin de non-recevoir. Reste-t-il alors autre chose que la violence ou la ruse, la « dissidence « ? Il peut rester l'exil dans un pays plus accueillant à nos idées.

temps

« 1.

Dégager la thèse du texte et son argumentation.

Spinoza s'interroge ici sur le droit de regard dont peut disposer l'individu à l'égard des lois : que puis-je légitimement faire si une loi me déplaît, me désavantage ou si je la trouve injuste? La position de Spinoza est de prôner une action franche mais insérée dans une démarche rationnelle et institutionnelle et non pas passionnée et révolutionnaire.

Son raisonnement peut valoir aussi bien pour les citoyens auxquels il conseille la liberté de pensée et d'expression dans des limites rai­ sonnables, que pour les dirigeants auxquels il veut montrer que ces libertés ne sont pas dangereuses en elles-mêmes et doivent même être encouragées pour mieux isoler et réprimer la rébellion proprement dite : les libertés de pensée et d'expression ne sont en rien contraires aux «exigences de la vie en une société organisée».

L'architecture du texte est simple : il s'agit de l'énoncé du principe géné­ ral suivi d'une illustration par l'exemple.

Le principe général est celui de la liberté de pensée et d'expression limitée par trois conditions : - la rationalité de la démarche; -le renoncement à des procédés sournois et séditieux; - le renoncement à une volonté arbitraire.

L'exemple reprend point par point les conditions énoncées dans la pre­ mière partie, en ajoutant que le citoyen qui agit dans les conditions sou­ haitables mérite la gratitude de la communauté dont il contribue à améliorer le cadre de vie ; et qu'il mérite une répression sévère s'il nuit à la commu­ nauté en détachant son intérêt individuel de celui de la société.

2.

Expliquez l'affirmation suivante: «[.

..

]s'il s'abstient entre-temps de toute manifestation active d'opposition à la loi en question».

Spinoza reprend ici une position classique à propos du respect des lois et de la possibilité de réformer le système des lois : position d'autant plus classique qu'elle remonte à Socrate lui-même, qui affirmait qu'il vaut mieux subir l'injustice que de la commettre.

Or il est injuste de se révolter contre la loi; il faut donc demander que la loi injuste soit réformée mais continuer à la respecter pour montrer que l'on ne rejette pas l'ordre lui-même mais seu­ lement un de ses aspects.

Spinoza s'oppose donc clairement à l'attitude de désobéissance civile.

Plus je demeurerai exemplaire dans mes actes, veut-il dire, plus ma protestation verbale, construite et rationnelle aura de poids.. »

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