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Faut-il absolument être moderne ?

Publié le 04/03/2009

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Il faut retourner aux sources des Anciens nous dit la Renaissance. Ils ont tout inventé la beauté, la bonté. Sans leur héritage, nous ne serions rien.

Rimbaud nous le conseille mais la modernité n'a-t-elle pas générée guerres et massacres ? Faut-il faire fi des Anciens, de l'héritage du passé ? Les modernes ont-ils raison car ils sont les derniers-nés ? Ce qui est ancien est-il vieux ou au contraire inactuel ? Qu'a-t-on fait de mieux que le classicisme ?

« essentiellement indéterminé.

Aussi, c'est dans le sentiment le plus immédiat qu'il lui faut aller chercher un principeorganisateur.

C'est là tout l'intérêt de la fiction théorique d' « état de nature » qui fonctionne de la même manière,méthodologiquement parlant, chez Hobbes et Rousseau bien que leur vision de celui-ci soient radicalementdifférentes.

En fait, les deux philosophes partent des mêmes prémisses : le sentiment premier chez l'homme c'est ledésir de conservation, de persistance dans son être.

Or, ce désir, en ce qu'il est commun à tous les hommes,s'autolimite et donne naissance au contrat social tacite qui unit les membres des sociétés. La loi provient donc du désir de l'homme de ne pas périr, de former un ensemble politique qui assure sa survie dans la société.

Une telle idée, de la même manière que l'idée de « vision du monde », s'avère impensable dans leconcept de la pensée grecque où le peuple ne saurait se commander à lui-même.

Vous objecterez néanmoins quec'est la Grèce qui a inventé la démocratie mais cela s'est fait sur un mode tout à fait différent de la modernité car,la rotation des dirigeants à Athènes obéissait à cette idée qu'il fallait choisir des citoyens pour décider mais, ceux-làne représentaient pas la masse des autres citoyens.

L'autarcie qui est ce mode de fonctionnement de la Grèce estprofondément différente de l'autonomie moderne car, si la loi est commandement, le commandement n'est pasforcément loi.

La démocratie athénienne ne vise à l'élaboration d'une loi humaine, bien au contraire, elle pensereproduire l'inégalité de fait entre les hommes faits pour gouverner et ceux faits pour être gouvernés. II.

Les impasses philosophiques et pratiques de la modernité 1.

L'historicisme ou la confusion entre réel et rationnel Il est ici intéressant d'évoquer les travaux de Léo Strauss, grand pourfendeur de la modernité philosophique, qui a cru déceler « trois vagues » dans la philosophie moderne qui la conduisirent dans cette impasse théorique qu'estl'historicisme et qui dissoudrait toute pensée politique.

L'historicisme commencerait avec Machiavel qui inaugure lanaissance du réalisme politique et trouverait sa meilleure incarnation, selon Strauss, dans la philosophie de Hegel quiopère la synthèse des conceptions précédentes en identifiant le devoir-être et l'être. Ces notions sont fortement séparées dans les pensées classique et médiévale qui, face à la Nature et à Dieu, prônent l'humilité car l'homme ne peut connaître véritablement le monde qui l'entoure ; il y a un mystère fondamental de la réalité. A l'inverse, la philosophie moderne, centrée sur l'homme, nie cette distance et considère qu'il y a un sens de l'histoire et que (c'est la théorie hégélienne) l'idéal, la Raison, a vocation à se réaliser dans la société des hommes. Ce processus revient donc à une sécularisation de l'utopie politique, de la providence. Cette vision est d'autant plus dangereuse chez Hegel que la réalisation de l'idéal politique se fait indépendamment de la volonté humaine et ainsi, la vertu n'est-elle plus dutout un critère déterminant ; c'est le concept de « la Ruse de la Raison »selon lequel l'Esprit se réalise au travers des « grands hommes » en dépit dufait qu'ils agissent sous l'emprise de leur passion.

Rappelez-vous quel hommepolitique influença Hegel dans l'élaboration de sa théorie : NapoléonBonaparte, un empereur belliqueux décrit comme « l'Esprit à cheval » ! C'est donc là l'impasse la plus importante de la philosophie rationaliste moderne : elle conduit à l'historicisme le plus radical qui s'avère la négationmême de la Raison et de la Vertu car c'est le succès en tant quepérennisation d'un mouvement historique qui devient le seul critère(immanent) de jugement de la Réalité ; Léo Strauss résume ainsi cet abandonde la politique : « le cours du monde devient le Tribunal du monde ».

Au final, dit Léo Strauss, la modernité a aboutit à l'abaissement de l'idéal politique « dans la mesure où l'ordre providentiel [vient] à être considéré comme intelligible à l'homme » aussi, la nature déchoit-elle de ce cosmos hiérarchisé, signifiant et finalisé propre aux théories classiques et, quant à laconscience humaine, elle cesse d'être réceptive, c'est-à-dire qu'elle cesse dechercher à organiser le réel même s'il la dépasse, pour devenir l'instrument detransformation d'une réalité essentiellement chaotique en un tout signifiant.La vision de l'homme comme « maître et possesseur de la Nature » est doncfondamentalement moderne.

La nature qui était chez les grecs un étalon deréférence auquel les hommes devaient se conformer et qui donc laissait la place au « pouvoir inéluctable de lachance », devient un matériau à peu près sans valeur qu'il convient de transformer à sa guise, industriellementnotamment.

2.

Le totalitarisme, bâtard de la modernité ? Cette conception de l'homme comme « maître et possesseur de la nature » doit nous amener à réfléchir sur les conséquences politiques qu'il a eu et, au premier rang desquels figure « le totalitarisme ».

Il est relativement aisé detracer une filiation entre la Révolution Française et les régimes totalitaires.

En effet, la Révolution Française qui,dans ses excès, a accouché de la Terreur, a en fait inauguré l'arrivée de l'idéologie en politique. Mais, la théorie heideggérienne du rapport modernité/totalitarisme est à mon sens, encore plus intéressante parce qu'elle souligne le désir de totalitarisme engendré par la modernité.

En effet, Heidegger considère l'Etattotalitaire comme conséquence nécessaire du déploiement et de la domination de la technique car, selon lui, cetteorganisation politique est le stade ultime de la volonté exacerbée des hommes d'organiser la maîtrise et l'exploitation. »

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