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Faut-il faire du bonheur le fondement de la politique ?

Publié le 11/09/2011

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En principe, il faudrait que le bonheur soit le fondement de la politique, mais en pratique c’est un projet difficile à mettre en place, de par les objectifs premiers de la politique qui pourraient limiter le bonheur et parce que faire de ce dernier le fondement de la politique pourrait avoir des conséquences négatives.   

« interdisent le meurtre, le viol, le vol… et établissent les valeurs et normes à respecter pour être un bon citoyen,pour assurer le bon fonctionnement de la société.

Le problème est que tous ces comportements que la politiquepunit sont du ressort des pulsions, de passions et quelque fois des plaisirs.

Un certain refoulement des pulsions desindividus est donc requis par la politique, ainsi que certaines de leurs aspirations profondes qui seront condamnées àne jamais trouver satisfaction, ce qui place un frein à la quête du bonheur et qui, dans les cas extrêmes, peutprovoquer des névroses, ce qu'a pu constater Freud dans ses consultations.

Aussi, l'Etat est vu comme lepossesseur de la violence légitime (Weber) ; ce qui amène une certaine crainte dans la société et qui peut aussilimiter le bonheur : les citoyens se sentent menacés, contraints par l'Etat et ne peuvent donc pas agir de leur pleingré dans le but d'être heureux.« Le bonheur des uns fait le malheur des autres » : évidemment, tout le monde ne peut pas être heureux.

Lesystème politique a tendance à accentuer ce phénomène : en effet, toute communauté est fondée sur une certainehiérarchie, a des élites.

Dans la cité de l'Antiquité, seuls les citoyens ont la possibilité de s'épanouir grâce à lapolitique (les femmes, les métèques et les esclaves sont exclus de la vie politique : la prise en compte de leurbonheur n'est pas envisageable).

Au Moyen Age, seuls les seigneurs jouissent de l'avantage de se préoccuper deleur propre bonheur, les vassaux sont délaissés, vus comme des outils dont on se préoccupe nullement du bien-être.Durant le Monarchie Absolue, seuls les nobles ont des privilèges, le Tiers Etat n'est pas concerné par les faveurs dela politique.

Plus tard, Karl Marx critiquera la politique pour ne mettre en avant que la bourgeoisie et pour délaisser leprolétariat.

Il dénonce cette injustice en préconisant le système communiste qui aboutira a la société sans classequi valorise l'égalité entre les individus.

Même dans le régime actuel, il est possible de considérer que le bonheurengendré par la politique ne peut toucher qu'une partie de la population, celle qui en a élu les représentants.

Lapolitique ne peut donc qu'assurer le bonheur d'une majorité ou d'une minorité, mais pas celui de tout le monde.

Deplus, comme chacun a une vision différente de son propre bonheur, l'assurance du bonheur de l'un peut freiner celuid'un autre.

On pourrait prendre l'exemple des sadiques qui tirent leur bonheur du mal qu'ils font aux autres.

Faire dubonheur le fondement de la politique amènerait donc plus d'inégalités que ne ferait de bien.

On peut parler d'inégalitédu bonheur. Il est donc très difficile de faire du bonheur le fondement de la politique, car il s'agit d'une notion individuelle et noncollective, de par la définition même de la politique qui se doit de restreindre les pulsions et car le bonheur est àl'origine d'inégalités au sein de la communauté de citoyens.

Mais alors, quel doit être le rôle de la politique face aubonheur ? * * *Enfin, on peut être amené à se poser la question : dans quelle mesure le bonheur doit-il être le fondement de lapolitique ?Nous avons vu que la politique n'avait jusqu'à présent réussi qu'à faire le bonheur d'une partie de la populationseulement.

Serait-il possible de rendre tous les citoyens heureux en imposant une norme de bonheur ? Serait-ilenvisageable pour la politique de définir les caractéristiques du bonheur et de l'appliquer aux individus ? Cela enferait le fondement de la politique, mais ce projet est cependant trop excessif et improbablement réalisable.

De plus,il ne pourrait que s'appliquer dans des régimes de type totalitaire.

En effet, ces systèmes politiques extrémistesauraient réellement la capacité d'imposer le bonheur aux citoyens puisqu'ils ont la particularité de tout contrôler, eten particulier la vie individuelle.

On s'appuiera sur le roman de George Orwell, 1984, qui met en scène despersonnages relativement heureux vivant sous un régime qui s'immisce dans toutes les formes de la vie privée etleur impose un mode de vie.

Cependant, l'expérience a montré que dans la réalité, le totalitarisme n'apporte guère lebonheur aux individus.

Pour l'illustrer, les habitants de l'URSS sous Staline en témoignent.

Avec un Etat qui chercheà tout contrôler, le bonheur des citoyens est mis en péril.

En effet, le fait que les individus soient libres, autonomeset aient leur libre arbitre pour juger de ce qui les rend heureux, leur apporte un bonheur certain ; il faudrait donclaisser les citoyens « vivre leur vie ».Pour autant, une politique qui ne prendrait pas en compte le bonheur est inconcevable.

En effet, comme le soutientla thèse eudémoniste, le bonheur serait la finalité, le but de la vie humaine.

Comment donc en faire fi ? Le bonheurdoit être pris en compte par la politique, sinon règnerait le chaos au sein des sociétés : guerres, dictature,violences, exploitation des plus faibles… Et les hommes ne peuvent pas s'épanouir ni même vivre dans un tel monde.De plus, une telle société ne serait ni harmonieuse ni équilibrée, puisque chaque individu agirait égoïstement, pourson propre intérêt et ne se soucierait pas de celui des autres, cherchera le bonheur de manière individuelle, enempiétant sur celui des autres puisque rien, aucune politique ne l'en empêchera.

La politique doit donc bel et biens'occuper du bien-être, du bonheur de ses citoyens : le bonheur collectif doit obligatoirement être pris en comptepar la politique.

Cependant, l'éthique protestante montre que c'est Dieu qui gratifie de bonheur les individus quis'acharnent dans leur travail et donne le meilleur d'eux même.

Dans ce cas, la religion ne serait-elle pas un substitutà une politique trop lâche ?Mais alors, ou est le juste milieu ? Quel doit être le rôle de la politique dans la quête du bonheur des citoyens ?Alexis de Tocqueville a, dès les années 1830, prophétisé l'apparition de l'Etat Providence, le Welfare State.

Il s'agitd'une prise en charge des individus par l'Etat (notamment par la protection sociale), qui assure aux citoyens lapossession d'un minimum vital.

Cette conception peut en effet être une solution au problème du rôle de la politiquedans le bonheur : au lieu de l'imposer ou au contraire de ne pas s'en occuper, la politique devrait assurer à chacunles bases de son bonheur.

En effet, en apportant à chacun le minimum, ils sont dans la capacité de construire eux-mêmes leur bonheur.

On peut donc retourner la thèse de Rousseau : en apportant aux individus des « petitsbonheurs », et en les rendant désireux, ne sont-ils pas plus en clin à améliorer leur propre bonheur ? Ils viseraientplus haut, auraient envie de continuer dans leur quête du bonheur. * * *. »

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