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Faut-il préférer la connaissance scientifique à la sagesse philosophique ?

Publié le 30/03/2010

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scientifique

 

Incipit : Une manière canonique de concevoir la naissance de l’acte de philosopher consiste à la rapporter à une alternative : philosopher commence soit avec l’étonnement face au phénomène du monde (Platon, ou la filiation théorétique et poétique de la philosophie), soit lorsque de ce monde comme phénomène la raison s’efforce de donner l’explication (Aristote, ou la filiation ‘scientifique’ de la philosophie). Historiquement, si l’on accepte de caractériser la science comme la mise en œuvre d’un processus réflexif formel de structuration du monde et de ses faits, force est d’affirmer que de la philosophie à la science, il n’y pas de principe de démarcation. Comment dès lors choisir entre ce qui en forme les idéaux respectifs et apparemment exclusifs, à savoir connaissance et sagesse ? D’abord et simplement, en les analysant comme notions formant la structure thématique de l’énoncé.

 

 

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« science sur une base logiquement construite en un système déductivement clos d'énoncés au nombre fini d'axiomes.Ce faisant le projet de la méthode axiomatique formule trois exigences méthodologiques de principe : le système doitêtre complet ; les axiomes réciproquement indépendants ; la contradiction, impossible à déduire du système.

Enopérant une telle formulation des principes régulateurs et constitutifs d'une théorie scientifique achevée, et surtouten fondant, par réduction, la validité formelle de la science sur la logique mathématique, la science elle-mêmeproduit réflexivement son épistémologie, théorise les principes de ses propres modalités de connaissance.

Et faireœuvre épistémologique, autrement dit formuler une théorie de la connaissance scientifique, ressort du champ decompétence de la rationalité philosophique : la science exigeant pour se fonder une théorie de la connaissance,produit de la philosophie.

Ceci est à vrai dire le seul point commun, autrement dit le seul principe de comparabilitéentre science et philosophie.

Hors du domaine de l'épistémologie, ou théorie de la connaissance au sens restreintterme, il y a simplement incomparabilité de la science et de la philosophie (même si l'on peut à juste titre parlerd'éthiques de telle ou telle science).

A fortiori , la question de la possibilité de comparer sagesse philosophique, telle que nous l'avons analysée, et connaissance scientifique relève simplement du non-sens.

Le choix signalant unepréférence de l'un envers l'autre est tout à fait impossible en vertu de leur appartenance à des modalités, types ourégimes de pensées radicalement hétérogènes, distincts au principe et par principe : on ne choisit pas entrel'hétérogène absolu.

II.

L'existence de la sagessePour caractériser la relation de la philosophie à la sagesse, et donc le sens même d'une sagesse philosophique, il estnécessaire de rétrocéder aux origines institutionnelles de cette dernière, c'est-à-dire à la formation athénienne desécoles de philosophie (on notera au passage que la sagesse a disparu de l'horizon problématique de la philosophie).A sa fondation comme pratique d'enseignement, la philosophie vise à se définir par opposition à une figure majeurede l'antiquité hellénique, à savoir le sophiste.

Or qu'est-ce que le sophiste sinon que celui qui fait profession de lasagesse (un des motifs de son inculpation socratique, outre la question de la vérité, tient au caractère lucratif deson activité).

Le philosophe se définit donc par distinction et opposition au sage prétendu.

Une autre distinctionfondamentale séparant la philosophie de la sagesse, et que celle-là ne saurait qu'être aspirante à la sagesse, jamaiselle ne peut s'assurer de l'être effectivement en acte.

La sagesse est le but, non le moyen ; et le sage estl'exemple.

En d'autres termes la philosophie fait fond sur la conscience de l'impossibilité d'atteindre l'objet de sondésir, et de connaître son terme – car s'il y a sagesse, alors il n'y a plus philosophie.

D'une part, sagesse et philosophie apparaissent liées comme le moyen à son but.

Mais d'autre part, avec Socrate précisément, laphilosophie s'est inscrite en rupture ( cf.

infra. ) avec les traditions de sagesse archaïques.

Avec l'institution socratique de la pratique du raisonnement philosophique, le pensée se dote d'un instrument nouveau, à savoir: leconcept ( Phédon ).

Le concept est le moyen et la fin de nombreux dialogues platoniciens, simplement parce que c'est par lui et de lui que procède la possibilité de toute définition (le "qu'est-ce que…?" étant la question socratiquepar excellence).

De cet instrument et de son application dans l'art de la définition, Aristote se fait le théoricien : ilélabore un organon , une méthodologie logique à destination de l'emploi et de la manipulation de la pensée par le sujet de la connaissance.

Dans ce cadre, la philosophie se démarque par son formalisme.

Elle est une méthodedélivrant des “règles pour la direction de l'esprit” (Descartes) dans son entreprise de savoir.

Cette conceptionlogicienne de la pensée comme art du raisonnement indifférent à son contenu, universellement applicable, etconstitutif de la connaissance correcte, est prolongée par la tradition de Port-Royal et sa logique comme « art depenser », et jusqu'à nos jours trouve son terreau d'expression privilégiée dans le développement des logiquescontemporaines par la philosophie analytique.

La philosophie est donc une technique de pensée obéissant à desrègles d'évaluation en termes de valeurs de vérité.

A ce titre, elle est connaissance théorique, voire principe de lapossibilité même de la connaissance rationnelle, en tant que son instrument.

Comme telle, elle oblitère la possibilitéde l'existence même d'une sagesse, et lui est comme antithétique.

Mais à la philosophie appartient également unautre type de connaissance : la philosophie en effet est aussi art à proprement parler pratique.

Une telle approchede la connaissance que peut constituer la philosophie trouve à nouveau son exemplification dans la figure deSocrate ( Alcibiade ).

La philosophie s'y manifeste comme “technique de vie” assurant le soin de l'âme nécessaire au souci de soi.

C'est ainsi que le « connais-toi toi-même » revêt, non pas sa signification épistémique erronée, maistoute l'ampleur d'un précepte éthique dont l'application philosophique rationnelle garantit l'adéquation dans lapratique réelle du sujet.

La philosophie est ici la connaissance pratique de principes directeurs d'un art de vivre.

Ence sens, parler de « sagesse philosophique » revient à en faire, selon le mot de Foucault et dans la filiation destraditions stoïcienne et épicurienne, une pratique de soi, consécutive à la connaissance de soi-même par soi-mêmecomme être limité et fini devant trouver place dans l'ordre des choses et du monde.

A ce titre, si elle est à nouveaulégitimement qualifiable de connaissance, instrument de la pratique, elle n'est pas ‘sagesse', simplement parce que lasagesse n'est plus philosophie.

Comme telle, le ‘sagesse philosophique' relève simplement de l'inexistence d'un mythefondateur pour enseignements sommaires, et en tant qu'elle n'est pas, il n'y a aucun sens à lui préférer quoi que cesoit.

Son seul régime a été celui de l'idéal ; dans un contemporain déserté de sages, l'idéal n'étant plus son désirn'existe plus.

* ConclusionSagesse philosophique et connaissance scientifique ne sont pas comparables, et donc il n'y a pas à préférer ouencore à choisir comme on le ferait face à une alternative de mode de vie.

Qui plus est, la philosophie par définitionn'est pas la sagesse.

Donc il n'y a pas à proprement parler de sagesse qui soit philosophique.

En conséquence, cequi seul peut être décidé (sans que cela soit un choix ni l'expression d'une quelconque préférence) est ce quivéritablement existe, sans doute possible à ce sujet, à savoir la connaissance scientifique.

Quant à ce qu'il enserait d'une sagesse non-philosophique…. »

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