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Faut-il redouter l'avenir?

Publié le 04/03/2005

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Autrement dit, il faut maintenant envisager que redouter l'avenir n'est pas simplement le craindre, mais aussi s'y préparer.   2-      Il est nécessaire pour bien agir de redouter l'avenir   a)      La conscience d'être fini L'animal craint-il l'avenir ? Est-il seulement capable de se le représenter ? Comme le dit Nietzsche, la bête ne vît que l'instant présent ; il y n'existe pour elle qu'un éternel « il y a » (Seconde considération inactuelle, ch. 1). Par conséquent, l'avenir nous apparaît comme redoutable dès lors que, au contraire des bêtes, nous sommes capables de prendre conscience de notre finitude. Il ne peut y avoir de sentiment à l'égard de l'avenir que pour un être qui sait qu'il va mourir et que rien ne demeure : l'écoulement du temps (menant à l'inéluctable destruction de ce qui est, de l'être actuel) ne peut donc absolument pas être éludé.   b)      l'avenir et la contingence En tant qu'être finis, nous appartenons donc à la sphère ontologique de la contingence. Comme le fait remarquer Aristote, seul ce qui est nécessaire, ne pouvant pas ne pas être, est ce qui est toujours, c'est-à-dire éternel, non soumis à la génération et à la corruption. Or la contingence, envisagé du point de vue de l'avenir, se caractérise par une indétermination logique : une chose comme son contraire peut advenir indifféremment [voir l'argument des futurs contingent, dans De l'interprétation, ch.

« b) l'avenir et la contingence En tant qu'être finis, nous appartenons donc à la sphère ontologique de la contingence.

Comme le fait remarquer Aristote, seul ce qui est nécessaire, ne pouvant pas ne pas être, est ce qui est toujours, c'est-à-direéternel, non soumis à la génération et à la corruption. Or la contingence, envisagé du point de vue de l'avenir, se caractérise par une indétermination logique : une chose comme son contraire peut advenir indifféremment [voir l'argument des futurs contingent, dans Del'interprétation, ch.

IX, l'exemple de la bataille navale].

Aristote écrit en effet : « les choses qui n'existent pas en actes renferment la possibilité d'être ou ne pas être indifféremment ».

Dès lors, on comprend ce qui, concernant l'avenir, peut et doit même nousinquiéter, c'est-à-dire solliciter notre réflexion : parce que rien de ce quiarrivera n'est nécessaire a priori, il nous incombe de délibérer et de nous« donner de la peine » : « Les choses futures ont leur principe dans la délibération et dans l'action » de sorte que nous sommes responsables de ce qui arrivera.

c) l'action exige la prévoyance Il nous faut donc redouter l'avenir pour autant que nous aurons nécessairement à en répondre.

En effet, redouter une chose n'est passimplement la craindre et espérer vainement qu'elle ne se produise pas : ils'agit aussi de faire montre de vaillance au sens machiavélien.

En effet, pourMachiavel, la brillance de l'homme d'action se caractérise par une certainecapacité d'adaptation au cours imprévisible des évènements.

Ce « savoir »implique pour l'auteur du Prince, de repérer des invariants au sein de l'histoire,c'est-à-dire de s'attacher à ce qui a fait la réussite des grands hommes dupassé. Par conséquent, la vaillance machiavélienne témoigne d'une inquiétude particulière concernant l'avenir : redouter l'avenir = se tenir prêt à réagir avec à propos aux déroulement des évènements.

Autrement dit, redouter l'avenir invite à calculer et délibérer de ce qui sera à même de réaliser nos fins.

Transition : Il est nécessaire pour qui veut réussir ses actions de redouter l'avenir puisque rien de ce qui se produit ici bas n'obéit à une logique stricte qui serait connaissable a priori. Pourtant , si une vie tournée vers l'avenir, orientée vers la réalisation de nos fins, semble préférable à une existence absorbée par le seul présent, il reste que consacrer sa vie à calculer et à anticiper l'avenir, est aussi unevie délaissant ce qui est présentement.

[exemple : l'avare est l'homme qui a peur de manquer et qui, de ce fait,accumule l'argent et ne profite aucunement des jouissances que ce capital pourrait lui procurer actuellement.

Il nevît pas mais sans cesse se projète vers un avenir imaginaire (la pénurie possible) : l'être virtuel , irréel, de la pauvreté est son présent] 3- ENTRE ANGOISSE (TRAGIQUE ) ET GASPILLAGE (FUTILITÉ ) : L'ÉTERNITÉ DANS L 'ACTUALISATION PRÉSENTE DE LA VERTU a) le sentiment de fuite et l'affairement frénétique Si l'avenir semble redoutable, ce n'est pas seulement parce qu'il est contingence.

Il effraie car il est inconnu. Or ce qui est absolument inconnu, ignoré : le non-être ou la mort vers laquelle tout coule.

Ce que nous ressentonsainsi quand nous anticipons la mort et qui nous rend l'avenir redoutable (objet crucial dont on ne peut pas ne pass'occuper), est alors l'intuition d'une certaine urgence ; lorsque l'on est au seuil de la mort, on est pris de regrets qui nous amènent à considérer que l'on a pas su voir l'essentiel et qu'il est désormais trop tard.

Un tel sentimentconduit à se plonger dans une activité frénétique que motive la peur de ne pas avoir le temps de tout faire ou delaisser s'échapper des occasions. Mais une telle frénésie ne mène-t-elle pas à gaspiller le temps qui nous est alloué ? Le fait de redouter l'avenir pourrait bien résulter d'un mode de vie qui sacrifie l'essentiel pour se plonger dans la futilité [Cf.

l'analysepascalienne du divertissement : le jeu est uniquement fait pour se détourner de l'angoisse qui nous révèle notrefinitude, imperfection, de sorte que le vrai malheur paradoxalement est « de ne pas savoir demeurer en repos »] L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence de tout désir fait place à la considérationde soi-même et à la conscience de sa vanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-à-dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pour autant qu'ils nous portent à croire queleur réalisation nous rendrait heureux, sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue desbiens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désir n'est donc pas dans son objet mais dansl'agitation qu'il excite : « nous ne recherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais ledivertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui, il s'avère sur le fond tout aussinuisible.

Faire obstacle à la considération de sa misère, c'est se priver des moyens de la dépasser. b) la vertu. »

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