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Faut-il rejeter religions et révélations ?

Publié le 06/03/2004

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Si le remords devenu péché, faute est fortifié par l'existence de Dieu, il n'en demeure pas moins que la primauté, le fondement appartient bien au « tribunal » de la conscience avant celui du « Jugement dernier ». * Pour synthétiser et en termes pascaliens, on peut dire, que la morale sans la religion, et comme le droit (raison) sans la force. Et que la religion sans la morale est la force sans le droit (raison). Dans la préface de la première édition de la « Religion dans les limites de la simple raison », Kant affirme que la morale n'a nullement besoin de la religion : « La morale, qui est fondée sur le concept de l'homme en tant qu'être libre, s'obligeant pour cela même, par sa raison, à des lois inconditionnées, n'a besoin ni de l'Idée d'un Etre différent, supérieur à lui pour qu'il connaisse son devoir, ni d'un autre mobile que la loi même, pour qu'il l'observe. » Toutefois il existe entre la morale et la religion un rapport étroit, et nous avons vu dans la « Critique de la Raison Pratique » que l'idée de Dieu, si elle n'était pas nécessaire pour fonder la morale, se trouvait du moins fondée par elle. Les marques de la véritable Eglise sont : l'universalité, la pureté. Elle doit être purgée de l'imbécillité de la superstition et de la folie du fanatisme » Toutefois, étant donné la faiblesse humaine , la pure foi religieuse ne suffit pas à donner une Eglise. Les hommes n'arrivent pas à se persuader qu'il faut agir par devoir et que cela seul constitue l'obéissance à Dieu ; ils veulent servir Dieu comme on sert un grand seigneur dans le monde. Si bien qu'une « religion culturelle » s'ajoute à la religion purement morale. Cependant les croyances de l'Eglise statutaire précèdent ordinairement la vraie foi, puisqu'elles servent à la répandre.

« « Représentons-nous la vie psychique du petit enfant.[...] La libido suit la voie des besoins narcissiques et s'attache auxobjets qui assurent leur satisfaction.

Ainsi la mère, qui satisfait lafaim, devient le premier objet d'amour et certes de plus lapremière protection contre tous les dangers indéterminés quimenacent l'enfant dans le monde extérieur ; elle devient, peut-ondire, la première protection contre l'angoisse. La mère est bientôt remplacée dans ce rôle par le père plus fort, et ce rôle reste dévoluau père durant tout le cours de l'enfance.

Cependant la relation au père est affectée d'uneambivalence particulière.

Le père constituait lui-même un danger, peut-être en vertu dela relation primitive à la mère.

Aussi inspire-t-il autant de crainte que de nostalgie etd'admiration.

Les signes de cette ambivalence marquent profondément toutes lesreligions [...].

Et quand l'enfant, en grandissant, voit qu'il est destiné à rester à jamais unenfant, qu'il ne pourra jamais se passer de protection contre des puissances souveraineset inconnues, alors il prête à celles-ci les traits de la figure paternelle, il se crée desDieu x, dont il a peur, qu'il cherche à se rendre propices et auxquels il attribue cependant la tâche de le protéger.

Ainsi la nostalgie qu'a de son père l'enfant coïncide avec le besoinde protection qu'il éprouve en vertu de la faiblesse humaine ; la réaction défensive del'enfant contre son sentiment de détresse prête à la réaction au sentiment de détresse quel'adulte éprouve à son tour, et qui engendre la religion, ses traits caractéristiques.

» Freud . La religion n'est pas l'objet central de l'investigation Freud ienne : l'auteur étend à ce champ du réel les conséquences de son interprétation des maladiespsychiques et du fonctionnement de l'inconscient.

C'est ainsi que la religion se trouveenglobée dans sa théorie du déterminisme psychique. Freud lui consacre tout de même trois ouvrages, dont deux, « Totem & Tabou » et « Moise & le monothéisme », développent une hypothèse, aujourd'hui fort contestée, de la genèse du phénomène religieux : à l'origine de l'humanité, le meurtre du père par ses fils auraitfait naître chez ceux-ci un sentiment de culpabilité, qui n'aurait trouvé d'issue que dans le culte voué au père défunt, et divinisé.

Letroisième livre de Freud , « L'avenir d'une illusion », porte, comme son titre l'indique, un double regard, synchronique et diachronique, sur la nature de la religion, et sur son destin historique. Freud conçoit la religion comme une illusion, cad comme une croyance fondée sur la réalisation d'un désir (et non sur la connaissance objective de la réalité).

Elle est une réponse à une situation de détresse : lorsque l'enfant constate que ses parents, qu'il croyait parfaits,s'avèrent faillibles, son désarroi l'incite à projeter dans l'au-delà les attributs de toute-puissance et de toute-tendresse qu'il désirait (et donccroyait) les voir assumer jusqu'alors.

La religion a donc pour effet de reproduire à l'échelle sociale les relations de l'enfant à l'autoritéparentale, dans leur double fonction de protection et de répression. Plus précisément, Freud assimile la religion à une névrose obsessionnelle, cad à l'expression symbolique d'un conflit psychique, en l'occurrence à un mécanisme de défense contre l'angoisse par la pratiquerépétée de rites et de prières.

C'est ainsi que le psychisme gère ses propres tensions internes, nées dela déception, de la culpabilité et de la souffrance.

La religion permet au croyant de sublimer la figure dupère.

La sublimation est un travestissement et un détournement de pulsions moralement inacceptables(et donc censurées) vers des activités socialement valorisées : arts, travail, effort intellectuel, religion,etc.

La pulsion orientée vers le père, double désir inconscient de le supprimer et d'en prolonger laprésence protectrice au-delà de l'enfance, n'est ici ni satisfaite ni refoulée, mais se trouve transfiguréeet canalisée dans un cadre que légitime la conscience morale (le surmoi) : le Père divin se substitue aupère humain. Quant au destin de cette illusion religieuse, il consiste à s'effacer devant les progrès de l'humanité et sonaccession à l'âge adulte : l'humanité doit pouvoir surmonter sa détresse infantile et assumer la réalité desa condition. [Il existe une religion naturelle que l'on retrouve dans toutes les religions particulières.

La morale et la raison doivent primer sur la religion.]. »

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