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Faut-il rejeter toutes les opinions?

Publié le 14/04/2005

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Le terme « opinion » est souvent utilisé dans des contextes différents. Son application est donc très large et sa signification varie. Dans le langage courant, quand on demande à quelqu'un de donner son opinion, on lui demande de donner son avis sur une chose. L'opinion est personnelle, en ce sens qu'elle est mon avis qui n'est pas valable pour tout le monde. En reprenant son origine, on s'aperçoit que l'étymologie renvoie au terme doxa qui renvoie à l'apparence. L'opinion serait alors un avis qui juge selon l'apparence et non sur la vérité ou l'essence d'une chose. Les philosophes l'ont ainsi souvent rejetée. En effet, l'interrogation sur la nature de la vérité et les moyens pour l'atteindre a conduit nombre de philosophes à distinguer entre les différents types de connaissance possibles, ceux qui conduisent à la vérité et ceux qui en éloignent. L'opinion pour eux, fait partie de la deuxième catégorie. Elle est une croyance, un assentiment qui n'est pas fondé rationnellement et qui est toujours subjectif, affectif. Ce qui semble donc s'opposer à la vérité qui désigne le caractère d'un jugement qui ne peut que susciter l'accord. L'opinion, en ce sens, est souvent trompeuse et peut avoir des conséquences néfastes. Rejeter signifie « ne pas accepter, refuser ». Pourquoi devrait-on rejeter l'opinion ? L'opinion nous barre la route de la vérité et peut-être dangereuse. Le verbe « falloir »  marque une nécessité, le fait d'être indispensable. Il s'agit ici de savoir si la totalité des opinions doit-être refusée. Il y a-t-il une nécessité à leur refus ? Toutes les opinions ont-elles une nature identique ? Certaines opinions peuvent-elles échapper à la nécessité de ce refus, de cet exclusion ? Pourtant, est-il possible d'atteindre la vérité dans tous les domaines ? Si non, comment penser le monde sans opinion ? N'y a-t-il pas des distinctions à faire entre des sortes différentes d'opinion ?

         Ce sujet, à la forme paradoxale, nous invite à repenser la notion d'opinion. S'il est en effet en notre devoir de rejeter toute opinion, c'est bien en vertu d'un principe recteur. De quel principe peut-il s'agir? Répondre à cette question, c'est déterminer le champ, la région spécifique, auxquels la notion d'opinion appartient. En d'autres termes, c'est déterminer de quelles valeurs le champ des opinions possibles peut relever, par quelles valeur il peut être jugé. Une autre manière d'apercevoir au nom de quoi une opinion est évaluée, est de se demander par opposition à quoi une opinion devrait être rejetée, quelle autre attitude serait préférable.

C'est sous l'angle de ce questionnement qu'il faut se demander ensuite ce que vise l'expression « toutes les opinions «. De quelle totalité s'agit-il? Qu'est-ce qui unifie toutes les opinions entre elles? Analysons la notion d'opinion à la lumière de ces questions.

         A première vue, il semble nécessaire de distinguer opinions vraies, ou droites, et opinions fausses.  Lorsque la compréhension ou l'explication d'un fait pose problème, plusieurs opinions s'affrontent. Un principe logique veut que, si ces opinions s'opposent, il y ait des opinions vraies et des opinions fausses. Ainsi, la notion de querelle permet de séparer radicalement deux types d'opinions, à tel point qu'il semble inadéquat d'interroger l'évaluation des opinions dans leur totalité. Mais le problème est que lorsqu'il y a débat, c'est qu'il est difficile de trancher : les opinions qui s'affrontent restent des opinions possibles. Ainsi, en tant que totalité, c'est en premier lieu à la science, à la connaissance, au savoir certain, qu'il faut opposer la notion d'opinion. Pris en ce sens, le tout des opinions serait un ensemble d'avis incertains, qu'on choisirait arbitrairement en cas d'ignorance. Nous atteignons ainsi un versant épistémologique de la question : comment se comporter, face à ses opinions subjectives, dans la quête du savoir certain? Nous voyons ainsi qu'il s'agit en particulier d'un problème de méthode, où la particularité de l'opinion serait opposée à l'universalité du savoir. En bref, nous avons été amenés, en premier lieu, à inscrire la notion d'opinion dans le champ de la connaissance, dont elle constituerait un degré inférieur, une réalisation imparfaite. Cependant, lorsqu'aucun moyen scientifique ou logique ne peut vérifier ou disqualifier une opinion, relève-t-elle encore du champ de la connaissance?

Nous sommes ainsi amenés à considérer l'opinion en tant qu'elle est dans une concurrence nécessaire avec d'autres opinions possibles. Nous ne mettons plus ainsi l'accent sur la notion d'incertitude objective, mais au contraire sur celle d'affirmation subjective : c'est le versant herméneutique de la question. Au sein d'un tel espace, l'opinion est redéfinie comme point de vue, regard particulier, hypothèse, conception et vision du monde. Le problème se recentre ainsi vers l'opposition de l'unité du sujet à la multiplicité des sujets. En effet, c'est l'unité du sujet qui le pousse à émettre des opinions sur des objets dont il ne peut avoir, du fait de sa finitude, de connaissance certaine. Le problème est donc celui du relativisme. Celui-ci nous impose d'entreprendre une généalogie de l'opinion. Comment se forment les opinions? Quelle valeur accorder à des interprétations conditionnées et particulières? Est-il possible de concilier des opinions différentes? Dans le cas contraire, faut-il donc les rejeter toutes deux? Pour expliciter ce problème, prenons l'exemple de l'organisation du politique. Nous pouvons en opposer deux idéaux : un idéal scientifique, pour lequel l'Etat doit être une technostructure, ancré dans la primauté du tout et la recherche de son ordre; un idéal démocratique, cherchant à concilier les opinions des individus, ancré dans la primauté du sujet et l'affirmation de ses droits.

Mais nous n'avons fait que considérer l'opinion dans sa négativité : par rapport à une connaissance certaine, ou à une autre opinion possible. Il s'agit donc de penser l'opinion dans sa positivité : l'opinion affirme en effet une théorie sur le monde, elle le pense selon son mode propre. Ainsi, l'opinion s'oppose au doute et à l'ignorance réels qu'elle recouvre. Nous abordons alors le versant éthique de la question : les valeurs par lesquelles le tout des opinions serait disqualifié sont l'honnêteté (intellectuelle et en général), la sincérité, la vérité, et la transparence à soi-même. Ici encore, la question est fortement ancrée dans le problème de la subjectivité : l'honnêteté face à soi-même réclamerait que l'on reconnaisse toutes ses opinions comme telles, c'est-à-dire qu'on les rejette. Cette question nous confronte donc à un idéal de conscience de notre finitude radicale. Cet aspect du sujet comprend en particulier le problème de la foi et des croyances : peut-on dire que ces dernières sont des opinions? Ou une opposition plus radicale que l'incertitude les sépare-t-elle?

         Les trois aspects de la question que nous avons mis en valeur sont parcourus par une interrogation plus profonde, qui les conditionne et les ordonne tous trois. En effet, tous trois ont mis en valeur l'intentionnalité de l'opinion : toute opinion est un opinion sur quelque chose. Mais ce quelque chose lui-même est déjà une opinion. Car s'il ne s'agit encore que d'une opinion, c'est que la détermination de son objet résulte encore d'une pré-compréhension, c'est-à-dire d'une construction, en d'autres termes que l'opinion, même si on la reconnaît comme tel, transforme la vision du monde par sa simple existence. En d'autres termes, elle constitue en retour le sujet qui la construit. Pouvons-nous donc même départager ce qui en nous est opinion de ce qui ne l'est pas? En d'autres termes, l'opinion se manifeste-t-elle toujours comme telle? Il faut alors distinguer ce que nous appellerons des opinions ouvertes, des opinions masquées, déguisées en savoirs certains. Mais alors, rejeter toutes les opinions ne pourrait jamais être que rejeter les opinions ouvertes, au risque de les départager au moyen d'opinions déguisées. A quelles conditions une opinion peut-elle apparaître comme telle? C'est uniquement en cherchant à l'origine de l'opinion cette configuration du sujet qui la suscite, que nous pourrons répondre à cette question. Son enjeu est décisif : en distinguant les conditions de sa genèse et de son apparition, nous pourrons savoir quelle attitude nous devons avoir face à elles.

 

« Le terme « opinion » est souvent utilisé dans des contextes différents.

Son application est donc très large et sasignification varie.

Dans le langage courant, quand on demande à quelqu'un de donner son opinion, on lui demandede donner son avis sur une chose.

L'opinion est personnelle, en ce sens qu'elle est mon avis qui n'est pas valable pour tout le monde.

En reprenant son origine, on s'aperçoit que l'étymologie renvoie au terme doxa qui renvoie à l'apparence.

L'opinion serait alors un avis qui juge selon l'apparence et non sur la vérité ou l'essence d'une chose.Les philosophes l'ont ainsi souvent rejetée.

En effet, l'interrogation sur la nature de la vérité et les moyens pourl'atteindre a conduit nombre de philosophes à distinguer entre les différents types de connaissance possibles, ceuxqui conduisent à la vérité et ceux qui en éloignent.

L'opinion pour eux, fait partie de la deuxième catégorie.

Elle estune croyance, un assentiment qui n'est pas fondé rationnellement et qui est toujours subjectif, affectif.

Ce quisemble donc s'opposer à la vérité qui désigne le caractère d'un jugement qui ne peut que susciter l'accord.

L'opinion,en ce sens, est souvent trompeuse et peut avoir des conséquences néfastes.

Rejeter signifie « ne pas accepter,refuser ».

Pourquoi devrait-on rejeter l'opinion ? L'opinion nous barre la route de la vérité et peut-être dangereuse.Le verbe « falloir » marque une nécessité, le fait d'être indispensable.

Il s'agit ici de savoir si la totalité des opinionsdoit-être refusée.

Il y a-t-il une nécessité à leur refus ? Toutes les opinions ont-elles une nature identique ?Certaines opinions peuvent-elles échapper à la nécessité de ce refus, de cet exclusion ? Pourtant, est-il possibled'atteindre la vérité dans tous les domaines ? Si non, comment penser le monde sans opinion ? N'y a-t-il pas desdistinctions à faire entre des sortes différentes d'opinion ? L'opinion est une idée irréfléchie, un préjugé qu'il faut détruire - Nous l'avons dit en introduction, l'opinion est le plus souvent dévalorisée par la philosophie.

Cette disciplinecherche la vérité et l'essence des choses, sans se contenter des idées les plus répandues ou des croyances de lamajorité.

Or, nous utilisons aussi le terme « doxa » pour évoquer les croyances du peuple.

L'étymologie du terme range donc l'opinion du côté de l'apparence et du sensible.

Ce qui apparaît, la première impression est l'ennemi de laphilosophie, en tout cas, à ces débuts.

Il est vrai que le sensible est changeant, contradictoire et qu'il peut serévéler faux.

L'enseignement des sens est souvent rejeté parce qu'il ne nous donne pas accès aux choses dans leurprofondeur.

Ainsi, nous pouvons avoir une vision fausse des choses.

Descartes prenait l'exemple du bâton brisé dansl'eau qui est pourtant droit.

Nous pouvons penser aussi aux mirages.

De plus, on reconnaît souvent que la premièreimpression n'est pas la bonne.

L'opinion est donc un avis qui se forme sur l'apparence qui est souvent trompeuse.C'est pour cela que Platon rejette l'opinion.

Il la caractérise, dans La république , comme connaissance empirique et inférieure : empirique parce qu'elle ne s'en tient à ce que les sens ou une première approche immédiate de la réalitépeuvent procurer et inférieure parce qu'elle n'est pas véritablement issue de la raison.- L'opinion n'est pas une certitude, elle ne mène pas vers la vérité.

Elle se rapporte souvent à un ouï-dire, à unereçue par un tiers mais sans avoir été vérifiée et éprouvée par le sujet.

Platon dans le ménon définit comme suit l'opinion commune.

Un voyageur demande son chemin.

Le premier homme lui répond en disant : « c'est par là, à ceque l'on m'a dit ».

Ceci n'est qu'une opinion, sans aucune justification ni fondement.

Elle n'est que répétition d'undire étranger.

l'opinion est souvent reçue et non trouvée : elle dépend du "on dit".

Elle représente ainsi une absencede recherche, une passivité de l'esprit.

Comme le rappelle Heidegger, le "on" est synonyme d'anonymat etd'irresponsabilité.

Il écrit ainsi dans Être et temps : « et même nous nous écartons des grandes foules comme on s'en écarte; nous trouvons scandaleux ce que l 'on trouve scandaleux.

Le on qui n'est personne de déterminé et qui est tout le monde bien qu'il ne soit pas la somme de tous, prescrit à la réalité quotidienne son mode d'être.» Ce quiveut dire que par l'opinion nous ne faisons que suivre les idées de la majorité, de la foule sans savoir réellementpourquoi.

Descartes rattache l'opinion à l'absence de raison et l'adhésion aux propos des autres.

Pour lui, l'âgeprivilégié de l'opinion est justement l'enfance.

L'enfant ne peut se servir encore de sa raison et est obligé de croirece qu'on lui dit.

Il écrit par suite : « Si nous avions d'emblée eu l'usage de notre raison dans toute sa force, il neserait peut-être pas nécessaire de faire de la philosophie, c'est-à-dire pour commencer de faire le ménage dansnotre esprit, de se mettre à douter de la valeur de nos opinions.»C'est par cette adhésion à l'opinion que David Hume explique comment une minorité peut commander une majorité,lui faire faire ce qu'elle veut.

Il lui paraît surprenant, dans Essai sur les premiers principes de gouvernement , de voir « la facilité avec laquelle le grand nombre est gouverné par le petit, et l'humble soumission avec laquelle les hommessacrifient leurs sentiments et leurs penchants à ceux de leurs chefs.

» Et cela rien que par l'opinion.

Alain reconnaîtaussi cette puissance à l'opinion qui dirige un pays, parce que personne ne veut prendre en charge un avispersonnel où il serait le seul à penser cela.

Il écrit ainsi : « Chacun a pu remarquer, au sujet des opinionscommunes, que chacun les subit et que personne ne les forme.

» Les opinions sont néfastes parce qu'elles ont unpouvoir despotique sur la conduite individuelle.- Ce qui amène au rejet total de l'opinion par Bachelard.

Ce dernier est un philosophe mais aussi un scientifique.

Ilrecherche ce qu'il nomme des obstacles épistémologiques, qui nous barrent la route vers la vérité.

Le principal estpour lui, l'opinion.

Nous venons de voir que l'opinion découlait d'une passivité de l'esprit.

Il affirme dans Formation de l'esprit scientifique que "L'opinion a, en droit, toujours tort." L'opinion n'essaie pas de découvrir la vérité.

Pour le scientifique, elle traduit des besoins en connaissance.

Ce qui signifie que les opinions nous donnent ce que nousvoulons et non ce qui est réellement.

Elle ne voit dans les objets que l'utilité.

En ce sens, Bachelard affirme qu'iln'est pas possible de rectifier l'opinion.

Il faut toutes les détruire.

« On ne peut rien fonder sur l'opinion, il fautd'abord la détruire.

»- Enfin, les opinions se prennent pour vraies.

Pascal en étudiant les opinions affirme ainsi que « encore que lesopinions du peuple soient saines, elles ne le sont pas dans sa tête, car il pense que la vérité est où elle n'est pas.

». »

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