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Faut-il vouloir la justice au dépend de la liberté ?

Publié le 27/02/2008

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justice
Ce sujet peut étonner aux premiers abords, pourquoi en effet la justice serait incompatible avec la liberté, pourquoi une égale répartition des richesses et des mérites nuirait à la liberté ? Faut-il vouloir l'un au dépend de l'autre ? L'égalité des conditions nuit-elle forcément à la liberté, au sens où la justice empêcherait le libre épanouissement des individus, leur volonté d'entreprendre, de créer, de se différencier... de s'individuer comme disent les philosophes L'égalité sociale entraînerait un sacrifice individuel pour le bien supposé de tous ou la répartition des richesses individuelles au profit de tous (intérêt général). Aussi, il faut réfléchir à la possibilité d'une justice compatible avec une certaine liberté, ou plutôt à l'heure du libéralisme et de la mondialisation, comment maintenir une justice sociale à l'heure de la liberté économique et morale ?
justice

« veut purement procédurale.

La première partie de l'ouvrage fournit alors une première formulation des deux principesqui doivent guider les règles de la coopération sociale.

D'une part, chaque individu doit avoir un accès égal au système le plus étendu possible de libertés (principe de liberté).

D'autre part, les inégalités économiques etsociales ne sont légitimes que si elles bénéficient aux plus désavantagés (principe de différence) et respectent unejuste égalité des chances. Ces deux principes sont eux-mêmes ordonnés : il existe une priorité absolue du principe de liberté et, de plus, le principe de différence l'emporte sur toute considération d'efficacité ou de bien-être. Le dernier temps de l'argumentaire, le plus original de l'ouvrage, justifie alors ces principes en montrant qu'ils seraientchoisis par des individus rationnels lors d'un contrat social.

Ce contrat doit respecter un certain nombre decontraintes morales minimales (« la position originelle ») afin d'assurer l'impartialité du choix des contractants.

C'estpourquoi Rawls place les individus sous un « voile d'ignorance » : les individus ne savent rien de leur position, deleurs talents ou encore de leurs goûts dans la société.

On comprend que pour Rawls, la justice sociale n'est pasincompatible avec la liberté, bien au contraire la priorité est donnée à la liberté sur l'égalité, ce qui définit d'unemanière succincte la doctrine libérale.

Une solution originale a été apportée à cette question par J.

Rawls.

Son livre Théorie de la justice (paru aux États-unis en 1971) fait date dans l'histoire de la philosophie politique du XX siècle.

Plus personne n'écrit aujourd'hui ences matières, sans se référer d'une façon ou d'une autre à Rawls.

La justice s'organise, selon lui, autour des troisprincipes suivants:1 / Chaque personne a un droit égal à un système pleinement adéquat de libertés et de droits de base égaux pourtous, compatible avec un même système pour tous.2 / Les inégalités sociales et économiques doivent remplir deux conditions :a) Elles doivent être attachées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous dans des conditions de justeégalité des chances.b) Elles doivent être au plus grand avantage des membres les plus défavorisés de la société.Le premier principe (1) définit le champ des libertés, le second (2 a) pose la règle de l'égalité des chances, letroisième (2 b) régit la justice économique.

Ces principes sont liés selon un ordre lexical, ce qui signifie que (1) primesur (2), etque (2 a) prime sur (2 b).

Il faut toujours faire respecter ces principes en suivant cet ordre de priorité.

Le rapportde (1) à (2) implique que l'on ne peut sacrifier des libertés pour augmenter le bien-être des gens.

On ne peutrestreindre la liberté qu'au bénéfice de la liberté.

De même (2 a) domine (2 b), ce qui veut dire que la sauvegarde del'égalité des chances est prioritaire par rapport au bien-être.Intéressons-nous maintenant au principe qui concerne directement notre question, le principe (2 b), appelé principede différence.

C'est lui qui organise les inégalités économiques de la façon la plus juste.

Autrement dit, l'État tented'agir sur les inégalités économiques, autant que cela ne remet pas en cause la liberté et l'égalité des chances.Rawls en vient à dire qu'il y aura des inégalités justes et des inégalités injustes.

Les inégalités justes sont celles quibénéficient aux plus mal lotis.

Par là, Rawls interdit que l'on puisse sacrifier le bien-être de certains pour le biencommun.

On ne tolérera d'augmenter le bien-être des plus riches que si celui des plus défavorisés s'accroîtégalement.Ainsi la justice ne produit pas à proprement parler des inégalités, elle en autorise certaines, qui de ce fait doiventêtre reconnues justes.Du même coup, Rawls résout le problème du mérite.

Le mérite a une signification morale, aussi il n'y a aucun sens àdire que l'on mérite la position sociale que l'on occupe.

En revanche, il est juste que les talents soient récompensés,qu'ils viennent de la nature et/ou de la société.

Le salaire, de ce point de vue-là, ne sanctionne pas.

un quelconquemérite, mais des compétences.

Enfin, les plus talentueux peuvent tirer avantage de leur situation, mais à conditionque ce soit au bénéfice des plus mal lotis.

Par leur capacité, ils sont susceptibles de produire des richesses quipourront profiter aux plus démunis.

Voilà résumé le modèle d'une justice solidaire. Pour finir, il apparaît que la justice peut être inégalitaire, mais encore qu'elle doit l'être jusqu'à un certain point.

Unesociété juste se doit de tenir compte de l'avis de ses membres.

On ne conçoit plus aujourd'hui, dans nosdémocraties modernes, l'existence d'une justice idéale et parfaite, coupée de la volonté du peuple.

L'égalitarismesystématique a été le discours de quelques grandes utopies qui ont raisonné sur une idée a priori de la justice.Une société rigoureusement égalitariste ne recevra jamais l'adhésion de tous.

La justice nous porte indéniablement àexiger l'égalité avec les autres, mais il y a un seuil au-delà duquel trop d'égalité n'est plus supportable.

Nonseulement cela limiterait notre liberté, mais surtout nous n'acceptons pas d'être traités sur un pied d'égalité avecceux qui valent moins que nous, ceux qui travaillent moins, ceux qui sont moins efficaces, etc.

La justice n'a riend'incompatible avec un certain degré d'inégalité.

Une société n'est pas plus juste qu'une autre sous prétexte qu'elleest plus égalitaire.

Selon Rawls, pour les membres d'une société, placés sous un «voile d'ignorance », c'est-à-dire neconnaissant pas la situation qu'ils occuperont au sein du tissu social, des inégalités sont acceptables, si ellespermettent d'améliorer le sort des plus défavorisés.Pour autant nous ne sommes pas reconduits au point de vue méritocratique, car les inégalités ne sont pas justifiéespar le mérite, mais par le droit pour chacun de développer ses capacités, et de les voir reconnues à leur justevaleur, dans la mesure où les talents de tous profitent à la communauté, et plus particulièrement aux plus mal lotis.La devise de la République française, Liberté, Égalité, Fraternité, se voit éclairée d'un nouveau jour.

Liberté etégalité forment les deux principes de la justice politique.

La justice distributive reposerait, quant à elle, sur lafraternité, plus que sur l'égalité.

La fraternité républicaine devenant solidarité économique.. »

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