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Faut-il vouloir la paix à tout prix ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Problématique:

La volonté pacifiste se trouve aux prises avec des difficultés. faut-il au nom de la paix laisser se perpétrer des massacres ? N'y a-t-il pas des cas où la guerre semble juste ? On pense aux guerres de libération ou encore aux mouvements de résistance armée contre l'envahisseur.
 

éléments de réflexion

• « Le pouvoir le plus violent ne serait-il pas celui de la non-violence ? «

• S'interroger sur les conditions et les possibilités de paix. Conditions de différentes sortes :
— économique,
— politique,
— idéologique.

Si la paix, ou le recul de la guerre (ou des guerres) est fonction de ces conditions, est-il possible (« réaliste «) d'affirmer qu'il « faut vouloir la paix à tout prix « ?

• Paix et exigences morales ?

citations

Poincaré : « La paix est une création continuée. «

Galbraith : « Une paix permanente, bien que n'étant pas théoriquement impossible, est probablement inaccessible ; même dans le cas où il serait possible de l'établir, il ne serait certainement pas dans l'intérêt le mieux compris d'une société stable de parvenir à la faire régner.
« Tel est l'essentiel de leurs conclusions. A l'arrière-plan, derrière les formules académiques qu'ils emploient, on peut discerner le raisonnement suivant ; la guerre remplit certaines fonctions essentielles à la stabilité de notre société ; tant que d'autres procédés susceptibles de remplir les mêmes fonctions n'auront pas été découverts, le système qui repose sur la guerre devra être maintenu — et amélioré quant à son efficacité. «

 

« règne dans les cimetières.

Mais dans le Traité politique, Spinoza met en évidence l'insuffisance d'une définitionseulement négative de la paix.On ne saurait appeler « paix » la simple absence de guerre, de troubles, qu'un État peut par exemple obtenir sur sonterritoire en faisant régner la terreur.

Si la paix ne contient rien de plus que le calme, elle n'est qu'un fait, une sortede heureux hasard.

Rien ne garantit qu'elle durera; le calme souvent précède la tempête.La réflexion de Kant, dans le Projet de paix perpétuelle, a profondément renouvelé le concept de paix.

Kant a montréqu'il n'y a de paix authentique que garantie par un accord fondé sur le droit.

La paix entre les États exige que ceux-ci sortent de l' « état de nature » pour entrer dans l' « état civil ».

Tant que deux États vivent simplement l'un àcôté de l'autre, tant qu'aucun droit ne garantit la permanence d'une relation pacifique, le risque de guerre existe.Tout état de nature est un état de guerre en puissance.

Garantie par des traités, la paix véritable est perpétuelle. L'originalité du texte de Kant, paru pour la première fois en 1795 alors quel'Europe est dévastée par des guerres qui désormais ne concernent plusseulement les « professionnels » (cf.

la levée en masse du côté français),tient déjà au titre retenu.

Certes, il fait allusion à l'abbé de Saint-Pierre dontle Projet pour rendre la paix perpétuelle en Europe eut un réel retentissementen 1713, au lendemain des campagnes de Louis XIV.

Mais Kant a, de façonsignificative, éliminé toute référence circonstancielle.

Il s'agit désormais depenser la paix comme une exigence universelle, et d'autre part d'arrachercelle-ci à la guerre.

Rechercher la paix perpétuelle, c'est se donner lesmoyens d'éliminer de façon définitive la guerre.Après avoir toutefois rappelé que la guerre est aussi un facteur de progrès(elle pousse les peuples à s'installer dans des régions inconnues, elle mobilisetoutes les énergies techniciennes), Kant expose les conditions selon luinécessaires à la disparition des conflits internationaux.

Il plaide ainsi enfaveur de la dissolution des armées de professionnels et des arméespermanentes — « Les armées permanentes doivent entièrement disparaîtreavec le temps ».

Lorsqu'on dispose d'une arme à portée de main on esttoujours enclin à l'utiliser.

Il faut en outre que le régime républicain progresseà travers l'Europe.

Là, les sujets sont des citoyens et décident eux-mêmes dela guerre et de la paix, ils n'abandonnent pas le sort de la communauté aucaprice d'un Prince et à la défense de ses intérêts particuliers.

Enfin, Kantpropose de soumettre les nations à une autorité commune, sur le modèle du pacte social, car la sécurité passe par la contrainte :« Il n'y a, aux yeux de la raison, pour les états considérés dans leurs relations réciproques, d'autre moyen de sortirde l'état de guerre où les retient l'absence de toute loi, que de renoncer, comme les individus, à leur libertésauvage, pour se soumettre à la contrainte des lois publiques et former ainsi un Etat de nations qui croîtrait toujourset embrasserait à la fin tous les peuples de la terre.

»Le cosmopolitisme est le plan caché de la Nature et la paix perpétuelle en est l'un des agents.

Or, ce cosmopolitismeapparaît d'abord comme une idée régulatrice destinée à nous permettre de penser le progrès de l'espèce.

De mêmeque la Paix perpétuelle est un projet (jeter devant), un horizon.

Le texte de Kant a inspiré la création de la SDN etde l'oNu, avec des résultats mitigés on le sait. Telle est la paix qu'il faut vouloir.

La paix qui est accord rationnel des volontés de chacun des États.

La « non-guerre » qui résulte de l'asservissement ou d'un équilibre de la terreur n'a rien à voir avec la paix.

C'est l'une desraisons qui font qu'on ne peut pas dire du monde qu'il vit aujourd'hui en paix.

La valeur de la vraie paix ne vient pasde ses avantages (par exemple la tranquillité) mais du choix libre d'une autre voie que la violence.

n tant quepréférence pour la raison et le dialogue, la paix est bien conforme à l'humanité de l'homme. .../... Lorsqu'on dit de la paix qu'il faut la vouloir, ce dernier mot doit être entendu en son sens le plus fort.

Si vouloirsignifiait « préférer » ou « désirer ».

qui ne désirerait la paix ? Mais préférer la paix à la guerre, ce n'est pas encorevouloir la paix.

Vouloir la paix, c'est manifester une volonté positive, éventuellement militante, de sauvegarder lapaix à tout prix.

Dans Mars, Alain montre très bien que les guerres arrivent de ce qu'on ne croit plus à la paix, qu'onne la veut plus vraiment.

Au chapitre LXXVI, « Du souverain ».

Alain place l'individu devant ses responsabilités :avant de me préoccuper de savoir si tout le monde autour de moi veut la guerre, il m'appartient en toute liberté (entoute souveraineté) de décider si elle arrivera aussi par ma volonté ou non.

Ne soyons pas trop pressés d'enterrer lapaix et de croire la guerre inéluctable ; rappelons-nous plutôt que l'idée d'une fatalité de la guerre est déjà unfacteur de guerre.

Vouloir la paix, de toute sa volonté, est un devoir.

C'est en ce sens qu'il faut « vouloir la paix àtout prix ».Il faut donc vouloir la paix à tout prix.

Mais dans le monde, la paix n'a jamais été totale: elle l'est aujourd'hui moinsque jamais.

Certes, comme valeur morale, la paix n'a que faire de ce qui est.

Que la guerre soit la règle n'empêchepas la paix d'être le bien.

C'est encore Alain qui disait : « Il faut croire au bien, car il n'est pas.

a Mais si la paix estune chimère, l'attitude qui consiste à subordonner tous ses objectifs à la paix est une fuite hors de la réalité.

Car ilfaut choisir son camp, et la guerre se prépare.

Le pacifisme absolu n'est-il pas une attitude dangereusementirresponsable ?Vouloir la paix à n'importe quel prix, se refuser absolument à recourir à la violence, de telles attitudes peuvent. »

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