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Fiche de cours en philo : LE DESIR .

Publié le 02/08/2009

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desir

SUJETS DE BACCALAURÉAT — Pourquoi le désir ne se ramène-t-il pas au besoin? — La libération du désir peut-elle constituer un idéal moral? — Le désir est-il seulement créateur d'illusion? — Est-il raisonnable d'aimer? — Pourquoi l'homme désire-t-il être reconnu par les autres? — Doit-on souhaiter satisfaire tous ses désirs? — Le désir n'est-il que l'expression d'un manque? — Pourquoi désirer l'impossible? 
• Le thème essentiel de cette fiche est celui de la signification ambiguë du désir. Il représente, dans notre existence, le manque par excellence, car nous ne désirons que ce qui nous manque, mais aussi une production effective de soi-même. Il est à la fois un creux au coeur de l'homme (§ 1, 2, 3) et une création authentique (§ 5 et 6). Si le désir est un manque perpétuel parce qu'il n'est jamais totalement satisfait, il est aussi le mouvement par lequel on peut accroître les perfections de son être. • Distinguez bien le désir, tension vers un objet que j'imagine source de satisfaction, de la volonté, mouvement par lequel j'organise rationnellement des moyens en vue d'une fin (§ 1). Lisez, en même temps que cette fiche, celle consacrée à la volonté. • Ne confondez pas le désir et le besoin, manque fondamentalement matériel, alors que le désir est déjà, en son essence, spirituel (§ 1). • Dans le Banquet, Platon a bien montré que le désir est manque et pauvreté (§ 2. Mythe de la naissance d'Éros); mais la philosophie moderne, elle aussi, avec Sartre, souligne que le désir est manque (§ 3). • Pour saisir la signification constructive du désir, il faut, avec Hegel, montrer qu'il est lié à la dimension de la «reconnaissance« (§ 4) et permet ainsi de se forger (§ 5). Lisez aussi la fiche consacrée à «autrui«. • Deleuze, philosophe contemporain, insiste sur l'aspect productif du désir (§ 6). • Enfin, pour comprendre le rapport de la sagesse et du désir, c'est vers Épicure qu'il faut se tourner.

desir

« Creusons maintenant la relation à autrui dans le désir.

Car le désir n'est pas seulement désir amoureux.

Dans marelation à autrui, c'est bien souvent la dimension du conflit et de la «reconnaissance»' (au sens hégélien) quiprédomine.C'est cette étude de l'altérité que Hegel a remarquablement conduite dans la Phénoménologie de l'esprit.

Lesrelations entre les consciences ne sont pas des relations de pur amour et de réciprocité.

Quand deux consciencesse rencontrent, elles tendent à entrer en conflit l'une avec l'autre.

Chaque désir veut se faire reconnaître par l'autredésir.

Il s'agit de faire reconnaître sa supériorité sur autrui.

Chaque conscience n'existe qu'en tant qu'elle estreconnue.

Les relations humaines sont des relations de pur prestige, une lutte à mort pour la reconnaissance de l'unpar l'autre.«La réalité humaine ne peut s'engendrer et se maintenir dans l'existence qu'en tant que réalité « reconnue».

Cen'est qu'en étant «reconnu» par un autre, par les autres, et — à la limite — par tous les autres, qu'un être humainest réellement humain : tant pour lui-même que pour les autres.

Et ce n'est qu'en parlant d'une réalité humaine «reconnue» qu'on peut, en l'appelant humaine, énoncer une vérité au sens propre et fort du terme.

Car c'estseulement dans ce cas qu'on peut révéler par son discours une réalité.» (A.

Kojève, Introduction à la lecture deHegel, NRF, 1947). V — Désir et construction de soi-même Mais quel est le sens de cette lutte à mort pour la reconnaissance de l'un par l'autre? Dans cette lutte à mort depur prestige, deux consciences se manifestent : celle du maître et celle de l'esclave.

Le maître risque sa vie pouraffirmer sa supériorité.

L'esclave ne veut rien risquer.

Il préfère, au risque de mort, une vie humiliante et animale.Ainsi, c'est seulement par le risque de sa vie qu'on conserve sa liberté et que l'on construit sa conscience.

Le termedu désir, c'est la vérité du moi se forgeant, c'est l'unité de la conscience avec elle-même.

La conscience seconquiert dans ce mouvement de la reconnaissance et de la lutte.

Elle ne parvient vraiment à exister et às'atteindre elle-même que par un affrontement avec une autre conscience de soi.

Je ne puis prouver que je suis uneconscience de soi autonome que si je le prouve aux autres : ainsi, je mets ma vie en jeu, m'élevant au-dessus de lanature, alors que l'esclave ne renonce pas à cette vie organique et immédiate.Quel est le noyau de cette dialectique si fameuse ? Le désir me met sur la voie de l'humanité.

C'est par lui que laconscience aboutit au sentiment d'elle-même et que l'homme se pose véritablement en tant qu'homme.

Le désir estmanque, mais il est aussi production : production de soi-même comme être autonome.

La rencontre d'autrui est uncruel combat où se forgent ma conscience et mon humanité. VI — Le désir comme production Ainsi, l'analyse du désir conduit à souligner deux choses : le désir est « béance », manque, vide, puisqu'il n'estjamais totalement satisfait, mais il est aussi production de soi-même et création de la conscience.

S'il est fils dePauvreté comme le veut Platon, il engendre aussi pleinement l'être humain.

Notons que la philosophie contemporainesouligne cet aspect producteur du désir.

Ainsi, dans l'Anti-OEdipe (1972), Deleuze montre que le désir étreint la vieavec la plus grande puissance productrice.

Désirer, c'est avant tout produire du réel, de la vie.

Deleuze, à;la suitede Spinoza, voit dans le désir l'essence de l'homme, le mouvement par lequel nous nous efforçons de persévérerdans notre être et d'accroître ce qui, en nous, est bon. VII — Désir et sagesse : Épicure Si le désir est l'essence de l'homme, s'il constitue le mouvement même de la vie, il semble nécessaire, pour élaborerune sagesse, de prendre en compte le désir, manifestation vitale par excellence.

Toute vraie sagesse se fonde surle désir.Néanmoins, comme l'a montré Épicure (IIIe siècle av.

J.-C.), il convient d'établir une hiérarchie des désirs.

Toutdésir, en effet, n'est pas souhaitable.

Ainsi distinguerons-nous les désirs naturels et nécessaires (désirer boire pourapaiser la soif), les désirs naturels et non nécessaires (ainsi le désir de mets délicats; ici, il convient déjà de prendregarde aux excès) et enfin les désirs qui ne sont ni naturels ni nécessaires (par exemple, le désir d'immortalité, quiest absurde car la mort ne nous concerne en rien, ni vivants ni morts, puisque alors nous ne sommes plus).Avec cette hiérarchie des désirs, Épicure fonde une sagesse prenant en compte le corps, mais permettantcependant à l'être humain de sauvegarder sa liberté intérieure.

Nul abandon aux vains désirs ! La sagesse d'Épicureest très exigeante.« Il faut se rendre compte que, parmi nos désirs, les uns sont naturels, les autres vains, et que, parmi les premiers,il y en a qui sont nécessaires et d'autres qui sont naturels seulement.

Parmi les nécessaires, il y en a qui le sontpour le bonheur, d'autres pour la tranquillité continue du corps, d'autres enfin pour la vie même.

Une théorie nonerronée de ces désirs sait en effet rapporter toute préférence et toute aversion à la santé du corps et à latranquillité de l'âme, c'est là la perfection même de la vie heureuse.» (Épicure, Lettre à Ménécée). Conclusion Ainsi, le désir est à la fois manque et production, «béance» et force positive.

Il peut seul nous orienter vers desbuts pleinement humains.

Aussi toute vraie sagesse s'enracine-t-elle en lui. SUJETS DE BACCALAURÉAT. »

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