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Fiche de cours en philo : L'IRRATIONNEL .

Publié le 02/08/2009

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SUJETS DE BACCALAURÉAT  L'irrationnel est-il nécessairement absurde? (Clermont-Ferrand, A, 77) La raison peut-elle reconnaître sens et valeur à la folie? (Rouen, A, 77) Faut-il se désintéresser de l'irrationnel? (Amérique du Sud, A, septembre 1985). - Faut-il laisser une place à l'irrationnel dans la conduite de la vie? (Sujet national, A, septembre 1987).
• Le problème essentiel qui se pose ici est d'arriver à dégager l'irrationnel dans sa réalité et sa pleine positivité, alors que les philosophies rationalistes (celle de Hegel, par exemple) avaient tenté de voir en lui un aspect très superficiel des choses (Hegel, § 3, 4, 5). L'irrationnel est un irréductible (§ 6), une limite permanente à l'intelligibilité (§ 7), ou bien ce qui n'est pas guidé par la raison (§ 8). En tant que tel, il est la trame même du réel. • La raison désigne la faculté de bien juger, et l'irrationnel, ce qui est contraire à la raison et à ses normes (§ 1). • C'est essentiellement à Descartes (§ 2) que nous devons la première grande réflexion sur la pensée rationnelle (Cf. le «bon sens« du Discours de la Méthode). • Hegel, bien plus encore que Descartes, a développé un rationalisme intégral (§ 3). Dans sa philosophie, l'irrationnel disparaît en tant que réalité positive, car la raison absorbe tout (§ 4). Cette réflexion rationaliste ne manque pas de grandeur (§ 5). • Malgré la négation rationaliste, l'irrationnel existe bel et bien (§ 6). Il représente une limite permanente à l'intelligibilité que nous trouvons dans le réel. L'irrationnel, c'est alors l'absurde (§ 7). L'irrationnel désigne aussi ce qui, en nous, ne relève pas d'une activité consciente (§ 8). • Il faut donc relativiser la raison (§ 9) et rétablir la valeur et le sens de la folie (§ 10). • Le vrai rationalisme est prudent et modeste (Conclusion).

« en somme toute existence et constitue l'écume fantasmatique du réel.

Dans la Préface des Principes de laphilosophie du droit, Hegel énonce la célèbre formule de l'idéalisme rationaliste : ce qui est rationnel est réel.

Ce quiest réel est rationnel.

Seul existe ce qui est conforme aux lois de l'Esprit. V — Grandeur du rationalisme hégélien Le mérite de la philosophie hégélienne est certainement d'avoir amorcé un mouvement de la raison vers l'Autre de laraison.

Ce que Hegel a tenté de comprendre et d'expliquer totalement c'est, en particulier, la violence et l'irrationnelde l'histoire.

Il a voulu, d'un seul et même mouvement, embrasser ce qui est conforme à la raison et ce qui paraîtfondamentalement étranger à son exercice, à son devenir et à son développement.

Cette conception n'est pas sansgrandeur.

Quand l'histoire charrie ses scories, ses désordres et des incohérences, il faut tenter de saisir l'ordre de laraison derrière l'apparent chaos.

Hegel s'est certainement efforcé d'élargir la raison.

Désormais, plus rien n'estétranger à elle.« Hegel est à l'origine de tout ce qui s'est fait de grand en philosophie depuis un siècle...

Il inaugure la tentativepour explorer l'irrationnel et l'intégrer à une raison élargie qui reste la tâche du siècle.» (Merleau-Ponty, Sens etnon-sens, Nagel)«Sous les ordres de Hegel, la Raison part en croisade.

Elle peut tout convertir à sa foi.

Rien ne lui doit resterétranger.

Avant Hegel, elle faisait des concessions à l'irrationnel : elle capitulait devant des mystères, devant desmythes, elle abandonnait une part du terrain au mysticisme...

Plus développée, devenue consciemment dialectique,la raison se montre capable de comprendre ce qui restait opaque à l'entendement.» (J.

d'Hondt, Hegel.

Textes etdébats, Le livre de poche, 1984) VI — Mais l'irrationnel est un irréductible Cette tentative rationaliste nous paraît cependant vouée à l'échec.

Hegel a, en effet, tenté d'intégrer dans lemouvement de la raison toutes les contradictions de l'existence, toutes les antinomies de l'histoire et de la vie.Néanmoins.

tout se passe comme s'il existait en définitive — en particulier dans le domaine de l'histoire' — une sortede résidu irréductible, une trame étrangère à la pure clarté de l'esprit et de la raison, une réalité non intégrable.

Onne saurait intégrer dans le mouvement de la rationalité toutes les souffrances et tous les désordres historiques.L'irrationnel existe bel et bien.

La science elle-même a renoncé à la rationalité totale ainsi qu'on le constate dans leslimites du formalisme logique et dans la mécanique quantique. VII — L'irrationnel, limite permanente à l'intelligibilité Pour une philosophie rationaliste, l'irrationnel n'est que provisoire : à la limite, il représente seulement ce qui n'estpas encore connu.

Bien ' au contraire, il nous semble possible de concevoir l'irrationnel comme ce qui estfondamentalement étranger et contraire à la raison.

L'irrationnel désigne alors ce qui est autre que la raison, et cede manière absolue.

Il existe deux formes fondamentales d'irrationnel : cette limite permanente à l'intelligibilité quenous trouvons dans le réel (1) et ce qui n'est pas vraiment guidé par la raison et par les aspects conscients denotre moi (2).Examinons d'abord l'irrationnel au premier sens du terme : ici il nous faut bien en revenir, avec la philosophie diteexistentielle, à l'absurde, à ce tissu dépourvu de sens, de toute notre existence.

Car l'existence, par définition, nes'intègre pas, ne s'explique pas, elle échappe à toutes les raisons et à toutes les notions.

Elle n'est pas du domainedes explications, mais elle surgit sans raison, sans cause et sans nécessité : elle est un irrationnel, un fait brut quenulle déduction ou explication ne saurait justifier.

Ici, il faut citer Sartre, avec les analyses de la Nausée (l'existenceest alors décrite comme ce qui est absurde et ne peut se déduire), mais aussi Soeren Kierkegaard (1813-1855), lepère de l'existentialisme, qui a montré, dans le Post-Scriptum aux miettes philosophiques (1850), qu'il est impossiblede dissoudre l'existence dans le déploiement de la raison universelle.

Mais sans doute pourrions-nous égalementnous référer à Pascal qui a si bien donné à voir l'irrationnel de l'existence humaine.« Tout existant naît sans raison, se prolonge par faiblesse, meurt par rencontre.» (Sartre, La Nausée, NRF, 1938) VIII — L'irrationnel de l'esprit humain Mais l'irrationnel ne désigne pas seulement cette trame absurde de l'existence humaine, il exprime, en un deuxièmesens, ce qui, en nous, n'est pas le produit d'une activité consciente.

Ici l'irrationnel n'est rien d'autre que la vie del'esprit sous sa forme la plus spontanée.

Pensons aux puissances souterraines et crépusculaires du rêve, del'inconscient ou du désir, qui ne dérivent pas d'une activité rationnelle, mais forment au contraire la nappe abyssalede notre psyché.

Ainsi, l'irrationnel surgit dans la plongée analytique.

Bien que l'analyse de l'inconscient ait pour butde faire surgir des relations rationnelles entre les désirs refoulés et les actes qu'ils provoquent, il existe dans lanature même de ces désirs un irrationnel irréductible.

De même, le surréalisme nous fait saisir cette mer del'irrationnel, au plus profond de nous-mêmes.«Surréalisme, n.m.

Dictée de la pensée en l'absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toutepréoccupation esthétique ou morale.» (A.

Breton, Manifeste du surréalisme, J.-J.

Pauvert, éditeur) IX — Relativiser la raison Il faut donc relativiser la raison.

Le concept d'une ratio toute puissante, exerçant son contrôle sur la totalité duréel, nous paraît un concept caduc.

Jadis pivot du monde, considérée comme absolue et immuable, la ratio fait denos jours aveu de modestie et surtout de relativité.

Elle est historique, relative, changeante, et ne saurait nous. »

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