FOURIER Charles : sa vie et son oeuvre
Publié le 06/12/2018
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FOURIER Charles (1772-1837). Comment qualifier Fourier? Philosophe? Économiste? Démiurge? Ce penseur défie les normes, alors même qu’il a imaginé la société la plus précisément organisée.
Charles Fourier est né à Besançon. Fils de commerçant, il perd sa fortune sur une spéculation manquée en 1793, se retrouve commis voyageur, puis caissier dans une entreprise, avant de consacrer sa vie entière à l’édification de son système, élaborant le fouriérisme, autrement dit un projet de transformation radicale du monde par la construction d’un ordre fondé sur la connaissance précise et la satisfaction intégrale des passions. Cet ordre trouve son expression et sa réalisation dans le phalanstère.
Tout cela est présenté, analysé, exposé dans les moindres détails dans les célèbres ouvrages : Traité de l'association domestique et agricole (1822), le Nouveau Monde industriel et sociétaire (1829), qui procèdent de sa Théorie des quatre mouvements et des destinées générales (1808).
Au départ, l’attraction universelle lui semble devoir s’appliquer dans le jeu social, et les passions doivent rentrer en harmonie pour constituer la société authentiquement naturelle, laquelle s’oppose à l’état de civilisation qui entrave les passions et engendre la morale : par conséquent, les passions sont devenues nécessairement subversives en provoquant les désordres de la société et du monde. Il s’agit alors de réintroduire
«
Charles Fourier
1772-1837
François-Marie-Charles Fourier, père des phalanstères et inventeur de “ l'industrie
attrayante et combinée ”, avait une idée très haute de son génie, qui l'autorisait à affirmer
que sa théorie de “ l'harmonie universelle ” confondait “ vingt siècles d'imbécillité
politique ”.
Il n'en reconnaissait pas moins qu'il était “ illitéré ”, attribuant sans doute à
cette particularité l'avantage d'avoir été protégé des stigmates culturels de la
“ civilisation ” qu'il abhorrait.
Comte portait au crédit des prolétaires un privilège
analogue.
Né à Besançon, d'une famille de marchands de drap, il dut entrer dans le
commerce, après des études banales au collège de sa ville natale.
Il fut caissier, courtier,
“ sergent de boutique ”, épicier en denrées coloniales, à Lyon.
Il s'indigna d'avoir “ à servir
les fourberies des marchands ”.
Il raconte qu'en 1799, on le chargea de couler une
cargaison de riz avarié qui avait stockée dans l'intention de maintenir les prix.
En 1803
et 1804, il publie quelques articles dans le “ Bulletin de Lyon ”.
L'un d'eux porte déjà sur
“ l'harmonie universelle ”.
Son premier grand ouvrage : La Théorie des quatre mouvements et
des destinées générales date de 1808.
En 1815, recueilli par ses s œ urs, il peut travailler
librement.
En 1822, parait le Traité d'association domestique (Besançon et Paris) que ses
disciples intitulèrent Théorie de l'unité universelle .
En 1829, paraît un nouvel ouvrage : Le
monde industriel ou Invention du Procédé d'industrie attrayante et combinée distribuée en séries
passionnées .
Ces travaux ne touchèrent pas le grand public.
Un petit groupe d'admirateurs
et d'amis constituèrent cependant une école fouriériste qui, en 1832, eut son journal : “ Le
Phalanstère ”.
En 1835-1836, Fourier donnait son dernier ouvrage : La fausse industrie
morcelée, répugnante, mensongère et l'antidote, l'industrie naturelle, combinée, attrayante,
véridique, donnant quadruple produit .
Fourier mourut à Paris en 1837.
On ne peut pas dire que son œ uvre soit d'un philosophe.
Il lui manque l'équilibre,
l'information, l'ordonnance, la rigueur dialectique.
Ce qu'on ne trouve pas chez Fourier est
moins grave que ce qu'y découvre le lecteur le plus bienveillant : un goût inquiétant pour
la cocasserie, une tendance constante aux combinaisons imaginaires les plus extravagantes,
une obsession quantitative dont nous savons qu'elle correspondait à une manie trop
symptomatique.
En dépit de ces travers que beaucoup tiennent pour des tares, Fourier
occupe une place de premier plan parmi les “ réformateurs sociaux ” du XlXe siècle.
Sous
le nom de “ civilisation ”, il a dénoncé avec une virulence prophétique les méfaits d'une
“ industrie ” inhumaine, étrangère aux besoins et aux sentiments de ceux qu'elle prétendait
servir.
La société doit être organisée pour l'homme et non contre lui.
Le procès de la
“ civilisation ” chez Fourier évoque bien souvent celui du “ capitalisme ” chez Marx.
Le
seul moyen de dépasser la “ civilisation ” asservissante, c'est “ l'association ”, formule de
l'harmonie des intérêts et des sentiments.
Les “ passions ” ne doivent pas être brimées.
Elles constituent le plus puissant levier de l'ordre humain.
La doctrine de Fourier peut être
considérée comme une forme caractéristique du “ socialisme utopique ”.
Fourier
cependant n'a pas fondé d'Église comme les saint-simoniens.
Il a lancé une idée pratique,
en son principe du moins, que l'École “ sociétaire ”, avec Victor Considérant, s'est efforcée
de répandre et de développer.
L'économiste Charles Gide n'a pas hésité à voir en Fourier
un précurseur de génie du coopérativisme.
Sur un plan différent, d'autres le rapprochent
de Freud, à titre de pionnier de la libération affective et sexuelle.
Il ne serait peut-être pas.
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