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Freud : Le superstitieux et le paranoïaque

Publié le 10/05/2005

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Freud : Le superstitieux et le paranoïaque Ce qui me distingue d'un homme superstitieux, c'est donc ceci : Je ne crois pas qu'un événement, à la production duquel ma vie psychique n'a pas pris part, soit capable de m'apprendre des choses cachées concernant l'état à venir de la réalité; mais je crois qu'une manifestation non intentionnelle de ma propre activité psychique me révèle quelque chose de caché qui, à son tour, n'appartient qu'à ma vie psychique; je crois au hasard extérieur (réel), mais je ne crois pas au hasard intérieur (psychique). C'est le contraire du superstitieux : il ne sait rien de la motivation de ses actes accidentels et actes manqués, il croit par conséquent au hasard psychique; en revanche, il est porté à attribuer au hasard extérieur une importance qui se manifestera dans la réalité à venir, et à voir dans le hasard un moyen par lequel s'expriment certaines choses extérieures qui lui sont cachées. [...] La distance qui sépare le déplacement opéré par le paranoïaque de celui opéré par le superstitieux est moins grande qu'elle n'apparaît au premier abord. Lorsque les hommes ont commencé à penser, ils ont été obligés de résoudre anthropomorphiquement le monde en une multitude de personnalités faites à leur image;les accidents et les hasards qu'ils interprétaient superstitieusement étaient donc à leurs yeux des actions, des manifestations de personnes; autrement dit, ils se comportaient exactement comme les paranoïaques, qui tirent des conclusions du moindre signe fourni par d'autres, et comme se comportent tous les hommes normaux qui, avec raison, formulent des jugements sur le caractère de leurs semblables en se basant sur leurs actes accidentels et non intentionnels.
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« seulement les actes manqués et les rêves, chez l'homme sain, et tout ce qu'on appelle symptômes psychiques etphénomènes compulsionnels chez le malade ; notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présenced'idées qui nous viennent sans que nous en connaissions l'origine, et de résultats de pensée dont l'élaboration nousest demeurée cachée.

Tous ces actes conscients demeurent incohérents et incompréhensibles si nous nousobstinons à prétendre qu'il faut bien percevoir par la conscience tout ce qui se passe en nous en fait d'actespsychiques ; mais ils s'ordonnent dans un ensemble dont on peut montrer la cohérence, si nous interpolons les actesinconscients inférés.

Or, nous trouvons dans ce gain de sens et de cohérence une raison, pleinement justifiée,d'aller au-delà de l'expérience immédiate.

Et s'il s'avère de plus que nous pouvons fonder sur l'hypothèse del'inconscient une pratique couronnée de succès, par laquelle nous influençons, conformément à un but donné, lecours de processus conscients, nous aurons acquis, avec ce succès, une preuve incontestablement de l'existencede ce dont nous avons fait l'hypothèse.

L'on doit donc se ranger à l'avis que ce n'est qu'au prix d'une prétentionintenable que l'on peut exiger que tout ce qui se produit dans le domaine psychique doive aussi être connu de laconscience." Pour Freud, l'existence des actes manqués ou des rêves est la preuve de l'existence d'un inconscient psychique.

Entermes épistémologiques, on pourrait dire que l'hypothèse de l'inconscient a été validée par de multiples expériencesou expérimentations.

Que l'on se réfère ici aux ouvrages: La science des rêves ou Cinq psychanalyses. De plus, cette citation affirme l'idée d'un déterminisme psychisme.

Tout ce qui se passe en nous ne relèverait pas duhasard mais obéirait à un déterminisme strict. Le déterminisme psychique est une idée selon laquelle chaque événement est déterminé par une cause, ici psychique. - Pour Freud, l'enjeu est de s'intéresser aux petits actes, auxquels les gens ne font pas attention et qu'ilsconsidèrent comme absolument pas déterminer.

Il s'agit d'affirmer que les petits détails de la vie psychique (actesmanqués, lapsus, oublis, etc.) ne sont pas sans importance.

Il écrit ainsi autre part que « la psychanalyse ne peutse vanter de ne s'être jamais occupée de bagatelles.

Au contraire, les matériaux de ses observations sontconstitués généralement par ces faits peu apparents que les autres sciences écartent comme trop insignifiants, parle rebus du monde phénoménal.

» - Les petits détails ainsi de notre vie semblent insignifiants.

Il ressemble à ce que l'on appelle un acte gratuit, c'est-à-dire non motivé par quoique ce soit.

Chez Gide, l'acte gratuit est une façon de prouver sa liberté.

L'acte gratuit , c'est l'acte qui est accompli sans raison, par seul effet de la liberté.

Freud refuse justement l'acte libre.

Un acte esttoujours déterminé, sinon il ne pourrait s'accomplir et s'il ne répond pas à une motivation consciente, il reçoit sonorientation de quelques faits ou désirs inconscients.

« Mais ce qui reste ainsi non motivé d'un côté, reçoit ses motifsd'une autre source, de l'inconscient » Le déterminisme psychique affirmé ici par Freud exclut-il la liberté ? - Pour Freud, il n'est pas nécessaire de mettre à mal la conviction en la liberté.

Mais si tous nos actes sontdéterminés soient consciemment, soit inconsciemment, comment penser la liberté ? Le psychanalyste affirme à la finde son texte que « le déterminisme psychique apparaît sans solution de continuité ».

Pourtant, la psychanalyse doitménager un accès à une certaine liberté puisque sa pratique même consiste à essayer de rendre consciente et dese défaire de certaines déterminations inconscientes.

Freud reconnaît d'ailleurs que l'inconscient ne représente pasla totalité du psychisme : « la motivation inconsciente ne s'étend pas à toutes nosdécisions motrices ».

Il y a donc une place pour la motivation consciente et pour le retour conscient sur notreconscience et nos déterminations. - En fait, il faut concevoir la liberté non comme indifférence de choix, comme capacité de commencer hors de toutdéterminisme.

Il s'agit là d'une confusion entre libre-arbitre et liberté.

Certes l'idée de déterminisme psychique exclutl'idée de libre-arbitre c'est à dire l'idée d'une conscience totalement indéterminée, complètement maîtresse de seschoix, mais non l'idée de liberté.

Spinoza avait déjà ouvert une autre voie.

Bien avant Freud, il critiquait laprétendue liberté, qui poussait les hommes à se croire indéterminés.

Spinoza, par exemple, ne définit pas la libertépar la maîtrise de soi (l'homme n'est pas " un empire dans un empire " ) mais par la condition d'être agi par sa seule nécessité.

" J'appelle libre une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature, contrainte une chose qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée » .

Pour Spinoza, la seule possibilité de concevoir des pensées libres, c'est donc d'entendre une pensée libre comme une pensée dont lesraisons ne se tirent que de moi-même.

Ce qui implique une connaissance de nos pensées et de nos actions. - Freud disait ainsi « là où le ça ( principe pulsionnel inconscient) était, Je dois advenir » Ce qui veut dire que rienn'empêche que le sujet puisse reprendre une partie du contrôle de lui-même et de découvrir ce qui le faisait agir àson insu.

Par une réflexion sur lui-même, le sujet peut prendre conscience de son déterminisme psychique et cetteréflexion, cette mise à distance du déterminisme met en œuvre une certaine liberté du sujet qui agit sur sondéterminisme psychique.. »

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