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Germaine Richier

Publié le 26/02/2010

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Entre la vie, l'oeuvre et la mort d'un créateur existe un lien qu'on peut nommer prédestination. La mort a frappé Germaine Richier comme elle était frappée par la vie, comme elle frappait aussi les sculptures commandées par son inspiration. Et si l'on veut résumer la courbe d'un destin si tôt brisé, on s'aperçoit qu'il s'ajuste étroitement à la femme qu'elle fut et, selon des signes inversés, à l'oeuvre issue de ses mains. Elle racontait parfois son histoire. La chaleur compacte du récit, sa voix drue, le robuste équilibre d'un corps toujours animé, la grâce de ses mains d'artisane, composaient non seulement un personnage de promptitude et de violence, mais trahissaient déjà l'urgence d'une vision, sa volonté d'accomplissement. Elle disait son enfance dans la campagne arlésienne, sa montée à Paris (1925), ses études dirigées par Bourdelle, ses premières expositions : elle était victorieuse avant même d'avoir réalisé son oeuvre et combat était l'un de ses mots préférés. Peut-être savait-elle en son coeur qu'il n'y avait pas de temps a perdre. De 1934 à 1959, elle participe à toutes les expositions internationales, enrichit musées et collections d'oeuvres nouvelles. La fièvre, pourtant, ne l'habite pas, mais la recouvre plutôt, comme s'il fallait protéger, maintenir et régler la lenteur de rythme indispensable à toute création plastique. Aucun art, peut-être, n'exige autant de consentement à l'attente, au recueillement : le sculpteur prospecte la nuit du corps humain pour en découvrir la surface, s'astreignant d'abord aux techniques d'un art classique : Bourdelle et Rodin sont ses maîtres.

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