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Hasard et déterminisme ?

Publié le 27/02/2008

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La notion de hasard ne contredit donc pas le principe de déterminisme. Bien plus, elle constitue même une des acquisitions fondamentales de la mentalité scientifique. En effet, loin d'ignorer le déterminisme ? auquel ils donnent d'ailleurs un sens beaucoup moins précis que nous ? les « primitifs » auraient plutôt d'ailleurs tendance à « surdéterminer » le réel, à voir par exemple dans tout accident, surtout malheureux, le produit d'une « volonté » mauvaise, d'une sorcellerie, et à agir en conséquence. Notre vision des choses est bien différente. Nous croyons à l'existence d'un hasard essentiel régissant tous les phénomènes concrets au milieu desquels nous vivons ; même cet être unique qu'est chacun de nous résulte pour une bonne part d'une sorte de tirage au sort au cours duquel, lors de la fécondation, 50 % des gènes parentaux furent éliminés au hasard, 50 % furent conservés et constituent notre patrimoine génétique. Mais si le concret est le règne du hasard, il ne reste qu'à essayer d'y introduire un peu d'ordre, de régularité, de signification. Tel est le rôle de la vie qui est elle-même un ordre et qui crée autour d'elle de l'ordre ; tel est le rôle de la pensée qui prolonge la vie et, par d'autres moyens, continue son ?uvre. Ainsi apparaît le sens le plus général de toute action humaine : la création, toujours partielle, précaire et provisoire, d'un anti-hasard. Le moindre geste témoigne de cette vocation : poser une pierre sur une autre réalise une disposition qui, statistiquement, a infiniment peu de chances de se produire par le simple jeu des forces naturelles. A un degré plus élevé un train sur ses rails, une fusée interplanétaire, un grand ensemble industriel.

« et traitera de la répartition des gouttes d'eau comme si elle était due au hasard, la loi des grands nombres lui étantapplicable.

Beaucoup de phénomènes sont du même type.

Par exemple, la date de la mort d'un individu donné nepeut être en général prévue.

Ce phénomène est vraisemblablement déterminé de façon stricte par des facteursphysiologiques.

Nous pouvons cependant construire des tables de mortalité et savoir avec une très grande précisionà quel âge moyen mourront telle ou telle catégorie de personnes.

Ce qui suffit, par exemple, pour calculer les primesd'assurances-vie.— Une autre conception très classique du hasard consiste à voir en lui le produit d'une rencontre ou d'uneinterférence de plusieurs séries causales indépendantes (Cournot).

Ainsi la tuile qui tombe d'un toit et heurte unpassant qui se trouvait juste à ce moment-là au mauvais endroit.

On peutadmettre que le mouvement de la tuile est rigoureusement déterminé (par la loi de la chute des corps, la résistancede l'air...) ainsi que la progression du passant sur le trottoir (mouvement uniforme), mais leur rencontre estimprévisible justement à cause de l'indépendance supposée des chaînes de causalité intéressées.

Naturellementcette indépendance radicale ne peut être rigoureusement prouvée, car on peut toujours soutenir qu'en remontantassez loin dans le passé, fût-ce aux origines du monde ou dans la pensée de quelque Dieu créateur (onrencontrerait nécessairement quelque part l'origine commune de toutes ces chaînes.

Mais il importe au fond assezpeu ; ce qui compte, c'est l'impossibilité pratique où l'on se trouve, et où l'on se trouvera peut-être toujours, deprévoir leur rencontre avec tant soit peu d'avance.De sorte que tout événement concret, c'est-à-dire envisagé dans sa singularité, avec toutes ses particularités detemps, de lieu, etc., (la configuration particulière de ce caillou, la sortie de ce numéro à la Loterie Nationale, larencontre de ces deux êtres en ce lieu, à ce moment, etc..) constitue, au sens étymologique, un pur accident(heureux, malheureux ou le plus souvent indifférent, mais ces qualificatifs n'ont de sens que par rapport à notreattente).

Les événements concrets ne sauraient donc être objet de science,, sinon d'un point de vue statistique ;par contre, la science a pour objet l'étude des séries causales impliquées dans chaque événement particulier parceque chacune de ces séries causales, une fois isolée, présente un caractère de généralité et que les enchaînementsde phénomènes qui les constituent peuvent être répétés à volonté.

Le concret ne peut donc à aucun degré nousinstruire : ce n'est qu'en le dissociant expérimentalement qu'on peutmettre en évidence ces consécutions régulières que sont les lois scientifiques.— Enfin, il existe, au niveau corpusculaire un hasard essentiel qui n'est nullement dû à notre ignorance provisoire.Pour des raisons théoriques, et non par suite d'une précision insuffisante des instruments de mesure, le changementd'orbite d'un électron ou l'émission d'une particule par unéchantillon naturellement radio-actif sont des phénomènes absolument imprévisibles.

Toutefois, comme dans les casprécédents, lorsque ces phénomènes sont très nombreux, il devient possible d'en exprimer le résultat global aumoyen de lois statistiques. La notion de hasard ne contredit donc pas le principe de déterminisme.

Bien plus, elle constitue même une desacquisitions fondamentales de la mentalité scientifique.

En effet, loin d'ignorer le déterminisme — auquel ils donnentd'ailleurs un sens beaucoup moins précis que nous — les « primitifs » auraient plutôt d'ailleurs tendance à «surdéterminer » le réel, à voir par exemple dans tout accident, surtout malheureux, le produit d'une « volonté »mauvaise, d'une sorcellerie, et à agir en conséquence.Notre vision des choses est bien différente.

Nous croyons à l'existence d'un hasard essentiel régissant tous lesphénomènes concrets au milieu desquels nous vivons ; même cet être unique qu'est chacun de nous résulte pourune bonne part d'une sorte de tirage au sort au cours duquel, lors de la fécondation, 50 % des gènes parentauxfurent éliminés au hasard, 50 % furent conservés et constituent notre patrimoine génétique.Mais si le concret est le règne du hasard, il ne reste qu'à essayer d'y introduire un peu d'ordre, de régularité, designification.

Tel est le rôle de la vie qui est elle-même un ordre et qui crée autour d'elle de l'ordre ; tel est le rôle dela pensée qui prolonge la vie et, par d'autres moyens, continue son œuvre.

Ainsi apparaît le sens le plus général detoute action humaine : la création, toujours partielle, précaire et provisoire, d'un anti-hasard.

Le moindre gestetémoigne de cette vocation : poser une pierre sur une autre réalise une disposition qui, statistiquement, a infinimentpeu de chances de se produire par le simple jeu des forces naturelles.

A un degré plus élevé un train sur ses rails,une fusée interplanétaire, un grand ensemble industriel...

sont de minuscules portions d'univers presquecomplètement asservies à des finalités humaines et d'où, en principe le hasard est banni ; lorsqu'il intervient, c'esttoujours sous la forme inessentielle et négative de l'accident.Cela nous satisfait-il entièrement ? Toutes nos réalisations techniques n'empêchent pas notre existence individuellede se dérouler au milieu d'aléas de toute sorte (maladies, échecs, mort...) dont la possibilité est à chaque instantprésente et pour la prévision ou la prévention desquels la science est, nous l'avons vu, d'un faible secours.

Peut-être même l'existence de la vie sur terre, et singulièrement l'apparition de l'homme, n'est-elle pas autre chose que lefruit d'un prodigieux et improbable concours de circonstances.

Ce qui, on l'avouera, peut nous causer quelqueinquiétude.. »

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