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Hegel: La dialectique du maître et de l'esclave

Publié le 06/01/2010

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Hegel: La dialectique du maître et de l'esclave
MAÎTRE (ET ESCLAVE). Célèbre dialectique, référée à la Phénoménologie de l'Esprit (1807) de Hegel, où elle est appelée en réalité «Domination et servitude«. Il s'agit d'une lutte à mort entre deux êtres identifiés à la «conscience-de-soi«, en vue de la reconnaissance absolue par l'autre (thèse qui signifie que toute conscience-de-soi rechercherait la mort de l'autre). Dans cette lutte, la Servitude traduit la peur devant le «Maître absolu, la Mort« (dit Hegel), alors que la Domination s'élève contre cette peur pour être absolument reconnue. Cette dialectique conceptuelle est souvent représentée comme une lutte entre deux individus, dont l'un (l'esclave) préfère la vie à la liberté.

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« humanité, et il ne peut la faire qu'en engageant une lutte à mort avec un autre homme.

C'est en acceptant le risquede sa mort qu'il prouve que sa reconnaissance comme conscience, comme autre chose qu'un simple animal, vautplus que par sa simple survie.

Etre homme, c'est donc pouvoir mettre en jeu sa propre vie pour prouver la valeurmême de son existence, c'est pourquoi cette lutte est à la fois nécessaire et absurde.

L'essentiel est que laconscience de soi véritable requière la médiation d'un autre homme : être conscient de soi-même comme êtrehumain, c'est être reconnu comme homme par un autre homme, par une autre conscience.

Seul, je ne peux faire lapreuve de mon humanité. La conscience immédiate que j'ai de moi-même est celle d'un être vivant et désirant.

Mais tant que mon désir ne porte que sur un objet naturel (ce fruit par exemple), tout ce que je peux faire est de détruire et d'assimiler cetobjet.

Or, dans la mesure même où je dois sans cesse me procurer un nouvel objet, je fais l'expérience de madépendance à l'égard de l'objet, du monde vivant et naturel.

Tant que je reste enfermé en moi-même, avec un désirqui ne porte que sur des objets, je ne peux en aucune façon prouver mon indépendance à l'égard de la vie. Pour que je me comprenne comme conscience de soi, autre chose qu'un simple animal, il faudra que mon désir porte sur autre chose qu'un simple vivant naturel : il faudra que mon désir porte sur un autre désir, sur un homme. Il faudra que je prouve que je dépasse le simple stade vital, que je ne suis pas un simple vivant, donc que je coure le risque de ma mort, pour prouver mon indépendance à l'égard de la vie.

Il sera donc nécessaire que jemontre à moi-même et à l'autre que je ne me confonds pas avec l'animalité, le souci de la vie. La conscience d'être homme ne se prouve et ne s'éprouve que face à un autre homme, dans le rapport entre deux consciences. Reste à comprendre pourquoi cette reconnaissance prend la forme d'une lutte à mort. D'une part la différence entre l'animalité et l'humanité, je ne peux la faire qu'en prenant un autre à témoin, qu'en montrant ma liberté face à la vie. Or, on ne connaît pas autrui par science immédiate.

Autrui surgit face à moi, si l'on peut dire, comme un objet : les deux êtres qui surgissent face à face sont sûrs de leur conscience, mais non de celle de l'autre.

Il fautdonc prouver à l'autre mon caractère de conscience : je dois mettre ma vie en jeu. « Chacune [des deux consciences] est bien certaine de soi-même, mais non de l'autre, et ainsi sa propre certitude de soi n'a aucune vérité […] Le comportement des deux consciences de soi est donc déterminé de telle sorte qu'elles se prouvent elles-mêmes et l'une à l'autre au moyen de la lutte pour la vie et la mort.

Elles doiventnécessairement engager cette lutte, car elles doivent élever leur certitude d'être pour soi à la vérité, en l'autre eten elles-mêmes. » Il est essentiel de noter que la lutte engagée est le contraire de la violence naturelle.

Cette dernière a toujours pour enjeu la survie.

Je me bats avec un autre pour assurer les moyens de ma conservation.

Mais ici, laviolence, le conflit ont précisément pour enjeu le refus d'être assimilé à un simple vivant qui ne serait guidé que parle souci de survivre.

Cette lutte n'a pas pour enjeu la survie « biologique », mais la valeur. Une fois comprise la nécessité de cette lutte à mort par laquelle j'essaie de faire la preuve de mon humanité comme liberté face à la vie, reste à en comprendre l'absurdité.

L'enjeu est la reconnaissance par l'autre, qui seulepeut faire la preuve que je suis bien ce que je prétends être.

Or il est certain tout d'abord que cette lutte ne sert àrien si les deux meurent, ou refusent la lutte, ou qu'un seul survit.

La seule configuration où la reconnaissance estpossible est que l'un abdique par peur de la mort, souci de la survie, et l'autre non.

La mort sert donc de discriminantentre deux consciences, l'issue du conflit dépend du rapport que chacun des deux entretient avec la mort. Celui qui a véritablement accepté de courir le risque de la mort pour prouver la valeur de sa liberté et son indépendance face à la vie biologique est dit « le maître ».

« C'est seulement par le risque de sa vie que l'on conserve la liberté » L'autre, qui a préféré la servitude à la mort, est dit « l'esclave ». Le maître a prouvé qu'il méprisait la vie au point de la risquer pour montrer qu'il n'était pas ce qu'il paraissait être immédiatement, un simple vivant.

C'est face à la vie que s'éprouvent les valeurs. Mais, et là réside l'absurdité de cette lutte, pour être reconnu, pour prouver sa valeur, il faut rester en vie : « Dans cette expérience, la conscience de soi apprend que la Vie lui est aussi essentielle que la pure conscience desoi. » Le maître réalise ici une expérience qui est exemplaire de la dialectique : à la fois il nie la vie (il la met en jeu),il la dépasse (en prouvant qu'il ne se réduit pas à la simple animalité guidée par le souci de se conserver) et illa conserve (sinon la lutte serait ratée).

C'est une opération que Hegel nomme une « Aufhebung » et qu'on traduit parfois par sursomption (nier, dépasse, conserver). On comprend dès lors la différence entre la mort naturelle (le simple fait de périr) et la mort telle qu'elle apparaît ici et qui vise autre chose, non pas le simple anéantissement de la vie, mais son dépassement.

Enfin si c'estface à la vie que se pose toute valeur, la valeur se détache sur un horizon de vie et en reste dépendante.

C'est. »

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