Hegel ou la dialectique

« l'esclave, et donc de tous les esclavages — aussi bien celui qui fait l'homme esclave de Dieu, comme de la libertéformelle ou du nihilisme — il ne faut rien moins que l'histoire du travail et le travail de l'histoire. Les ruses de la Raison et de l'Histoire En effet, le fond de l'Etre (Devenir, Sujet absolu) est liberté, laquelle se réalise comme par ruse, chacun collaborantsans le savoir à la maturation du devenir en Sujet absolu.

Ruses de la raison et de l'histoire où «le sérieux, ladouleur, la patience est le travail du négatif».Que Hegel ait produit la vision théorique, c'est-à-dire la dialectique qui permet de comprendre la rationalité dudevenir comme déploiement du sujet absolu et ait cru que lui, et l'Etat prussien (modèle, à ses yeux, du droit et del'efficacité bureaucratique, et donc de la liberté) en réalisaient l'Esprit, c'est là où le cercle se boucle sur lui-même.Et certes, pour reprendre une de ses comparaisons, il est vrai que la prière du vieillard, prononçant les mêmesparoles que l'enfant dans la sienne, est lestée de toute une Odyssée (un en-soi pour-soi qui fait retour à soi) dontl'enfant n'a même pas idée; il n'empêche qu'à tout le moins le malheur — et singulièrement politico-historique —reste entier, malgré art, religion, philosophie.Certes, Hegel a pensé la vie, et fortement (et il faudrait au moins l'avoir lu en entier pour en parler décemment) ;toujours est-il que s'il est vraisemblable que la dialectique soit et le devenir et ce qui le pense, il n'en reste pasmoins qu'on ne voit pas pourquoi les vérités cesseraient d'être partielles pour devenir enfin le Savoir absolu et l'Etatabsolu ? Et, s'il est vrai, comme le dit Hegel, que «l'histoire n'est pas le lieu de la félicité — les périodes de bonheury sont ses pages blanches» — pourquoi faudrait-il qu'au nom du Sujet absolu et de son Devenir on doive préférer lesnoircir? Dira-t-on qu'au plus noir au mieux c'est, ou plus modestement et «gentiment - : tant mieux s'il y a beaucoupde blanc. Pour sauver cette plus que boîteuse présentation, laissons au moins la parole à Hegel et égrenons quelquescitations qui donnent à penser. L'art reste pour nous, quant à sa suprême destination, une chose du passé.L'artiste n'a pas besoin de philosophie et s'il pense en philosophe, il se livre à un travail qui est justement enopposition avec la forme du savoir propre à l'art.Le point de vue général de l'histoire philosophique n'est pas abstraitement général, mais concret et éminemmentactuel parce qu'il est l'Esprit qui demeure éternellement auprès de lui-même et ignore le passé...

Vidée est en véritéce qui mène les peuples et le monde, et c'est l'Esprit, sa volonté raisonnable et nécessaire, qui a guidé et continuede guider les événements du monde.L'Etat est la forme historique spécifique dans laquelle la liberté acquiert une existence objective et jouit de sonobjectivité.Un mot célèbre dit qu'une demi-philosophie éloigne de Dieu ...

mais que la vraie philosophie conduit à Dieu.

Il en estde même avec l'Etat.Le droit, l'ordre éthique, l'Etat constituent la seule réalité positive et la seule satisfaction de la liberté.La raison est aussi puissante que rusée.

Sa ruse consiste en général dans cette activité entremetteuse qui enlaissant agir les objets les uns sur les autres conformément à leur propre nature, sans se mêler directement à leuraction réciproque, en arrive néanmoins à atteindre uniquement le but qu'elle se propose.Selon ma façon de voir, tout dépend de ce point essentiel : appréhender et exprimer le Vrai, non comme substance,mais précisément aussi comme sujet.Chacun est le fils de son temps.

De même aussi la philosophie, elle résume son temps dans la pensée.

Il est aussifou de s'imaginer qu'une philosophie quelconque dépassera le monde contemporain que de croire qu'un individusautera au-dessus de son temps, franchira le Rhodus.La philosophie vient toujours trop tard.

En tant que pensée du monde, elle apparaît seulement lorsque la réalité aaccompli et terminé son processus de formation...

La chouette de Minerve ne prend son vol qu'à la tombée de lanuit.. »