Devoir de Philosophie

Hobbes: les enfants et les règles

Publié le 10/05/2005

Extrait du document

hobbes
Les enfants sont fidèles à leur règle, alors que les hommes ne le sont pas; en effet, devenus vigoureux et entêtés, ils en appellent de la coutume à la raison, et de la raison à la coutume, comme cela sert leur cause: récusant la coutume quand leur intérêt le requiert, et se dressant contre la raison chaque fois que la raison est contre eux. Et c'est pour cela que la doctrine du juste et de l'injuste est perpétuellement disputée, tant par la plume que par l'épée, alors que la doctrine des lignes et des figures (1) ne l'est pas; dans ce domaine en effet, quelle peut être la vérité, les hommes n'en ont cure (2), car elle ne contrecarre l'ambition, le profit ou la concupiscence (3) de personne. Mais je ne doute pas que s'il eût été contraire au droit de dominer de quelqu'un, ou aux intérêts de ceux qui dominent, que les trois angles d'un triangle soient égaux à deux angles d'un carré, cette doctrine eût été sinon controversée, du moins étouffée, par la mise au bûcher de tous les livres de géométrie, pour autant que cela eût dépendu de celui à qui cela importait. HOBBES

L'examen de l'histoire des sciences, comprise comme recherche de la vérité mise en oeuvre propos des différents domaines d'études où elle peut se déployer, fait apparaître des différences sans doute significatives. Les mathématiques - et notamment la géométrie - semblent s'être constituées assez vite, et avoir rencontré moins de « résistances « de type psychologique ou affectif, que d'autres connaissances, comme celles qui touchent plus directement aux intérêts et aux désirs des hommes. Comment en rendre compte ? Une réflexion sur les enjeux existentiels de la vérité - notamment lorsque celle-ci dérange, - peut éclairer ce constat. L'étude d'un texte de Hobbes va nous permettre d'engager la réflexion sur ce point.

hobbes

« Ce qu'affirme ainsi Hobbes, c'est qu'aucun savoir n'est protégé des passions : l'activité intellectuelle est soumise auxintérêts.

Cette vision pessimiste n'est pas aussi singulière ni outrée qu'il peut sembler dans un premier temps.Dans le cas des débats sur la justice, il n'est pas difficile de trouver ici une anticipation des positions de Nietzsche :la curiosité est orientée par l'intérêt, et les «valeurs» ne sont jamais neutres, mais résultent bien des conflits entregroupes différents.

C'est en fait la lutte pour le pouvoir qui influence les concepts et la pensée n'est pasindépendante des intérêts qui la suscitent.En d'autres termes, toute théorie est liée à une idéologie, ou la «lutte des classes» (pour Hobbes, celle desindividus) se reproduit dans les superstructures intellectuelles.Relativement au mythe de la connaissance désintéressée et du plaisir de la théorie pure, le texte est donc quelquepeu scandaleux.Il n'a cependant rien perdu de sa pertinence: le xxe siècle a fourni des exemples caricaturaux de ce qu'il affirme.Ainsi le stalinisme a suscité l'opposition, stupide mais politiquement «efficace», entre «science bourgeoise» et«science prolétarienne» — et le régime nazi a de son côté tenté d'élaborer une science «aryenne», pure de touteinfluence juive ou cosmopolite, qui devait justifier son pouvoir.La science ne se déploie pas à l'écart des enjeux sociaux.

Elle constitue aujourd'hui un domaine dont la dimensionpolitique, ou idéologique, n'est pas contestable.

D'où la possibilité permanente de ses dérives au service du pouvoiren place. HOBBES (Thomas).

Né à Malmesbury en 1588, mort à Hardwick en 1679. Il fit ses études à Oxford et devint précepteur du jeune comte de Devonshire qui, plus tard, devait lui confier aussil'éducation de son propre fils.

Il fit deux longs voyages en Europe, vécut à Paris de 1640 à 1651, y fréquenta le P.Mersenne, puis rentra en Angleterre.

La Chambre des Communes exigea qu'il ne publiât plus aucun livre, après avoirvivement attaqué Léviathan en 1667.

La fin de la vie de Hobbes fut occupée par des controverses avec lesmathématiciens.

— L'oeuvre de Hobbes est une théorie et une apologie fort logiques du despotisme.

Toutes lessubstances sont corporelles et la vie est mouvement.

Le désir, fondement du monde animal, est égoïste et guidé parl'intérêt.

Il n'y a ni amour ni accord possible entre les hommes ; ceux-ci sont naturellement insociables et méchants.L'état de nature, c'est la guerre de tous contre tous.

Mai les hommes, qui considèrent que la paix est le plus granddes biens, confèrent tous leurs droits à un seul souverain.

Ils remplacent l'ordre mécaniste naturel par un ordremécaniste artificiel, qui leur convient mieux : c'est l'État.

Le salut de l'État s'identifie avec le salut du souverain.

Lasouveraineté absolue d'un seul homme crée un déséquilibre qui assure la stabilité.

Le souverain établit les lois etdéfinit la justice, se plaçant ainsi au-dessus d'elles.

Le bien et le mal dépendent de ses décisions ; la vraie religionest celle qu'il autorise.

Ainsi, les hommes sont libres et heureux, puisqu'ils peuvent agir à leur gré dans le cadre deslois.

Le souverain absolu n'est pas un tyran arbitraire le tyran est l'esclave de ses passions, alors que le souverainen est délivré par le caractère absolu de son pouvoir.

Car les passions résultent de la finitude humaine.

En somme,le pouvoir du souverain est légitime parce qu'absolu.

La pensée de Hobbes a eu une influence incontestable surHegel.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles