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Hume et la beauté

Publié le 22/09/2018

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hume
Parmi un millier d’opinions différentes que les hommes divers entretiennent sur le même sujet, il y en a une, et une seulement, qui est juste et vraie. Et la seule difficulté est de la déterminer et de la rendre certaine. Au contraire, un millier de sentiments différents, excités par le même objet, sont justes, parce qu’aucun sentiment ne représente ce qui est réellement dans l’objet. Il marque seulement une certaine conformité ou une relation entre l’objet et les organes ou facultés de l’esprit, et si cette conformité n’existait pas réellement, le sentiment n’aurait jamais pu, selon toute possibilité, exister. La beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple, et chaque esprit perçoit une beauté différente. Une personne peut même percevoir de la difformité là où une autre perçoit de la beauté. Et tout individu devrait être d’accord avec son propre sentiment, sans prétendre régler ceux des autres.
 
Hume, Traité de la nature humaine
Hume soutient que « la beauté n’est pas une qualité inhérente aux choses elles-mêmes, elle existe seulement dans l’esprit qui la contemple ». Cela signifie qu’il n’y a de beauté que pour un esprit capable de la ressentir : autant de sentiments, autant de beautés. Le texte procède en deux moments : une opposition, puis la conclusion, qui fait office de thèse.
 
1. Il oppose d’abord le registre de la vérité théorique à celui de la vérité artistique. Même si l’on trouve de nombreuses opinions différentes sur un sujet et qu’on a du mal à déterminer laquelle est la bonne, il demeure qu’il n’y en a qu’une. Car la vérité désigne une adéquation entre ce que l’on pense et la chose. En revanche, le sentiment a en lui-même son propre critère. Il varie en fonction des personnes (l’âge, le sexe, le caractère, l’éducation...) et n’est pas spécifique à l’objet. Deux individus peuvent ressentir des sentiments différents et même opposés devant un même objet.


hume

« accord existe, mais qu'il est légitime de le rechercher).

On ne sera donc pas étonné de la négat ion, dans ce texte, d'une beauté universelle et com­ mune à tous espr its.

• se ntiment : il désigne un état de l'âme , relativement à-un objet (voir la question 2, a.).

Hume insiste surtout sur sa subjectivité : devant un pay­ sage, untel éprouve de la nost algie tandis qu 'un autre resse nt de la joie.

Ce «ressent i » tient à l'hist oire personnelle, au caractère, au tempéra­ ment.

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de chacun, bref, il est individuel et non universellement parta­ gea ble.

Or c'est sur le sentiment que se fonde la beauté .

• Intérêt philosophique du texte Ce texte présente un double intérêt philoso phiq ue.

1.

D'une part, il rapporte la beauté au sujet et non à l'ob jet.

Il s'oppose en cela aux conceptions d'obédience platonicienne, pour qui une chose « est » belle ou non.

Pour Hume, une chose ne possè de pas intrinsèque­ ment la qualité du beau ou du laid, mais est belle ou laide pour un sujet capable de l'appréhender.

2.

Précis ément, le beau ou le laid sont tels pour un sujet particulier et non pour tel autre.

Il n'y a pas de beauté ou de laideur en soi, identique pour tous les suje ts.

On pourra donc opposer Hume à celui qu'il « réveilla de son sommeil dogmatique », c'e st-à-d ire à Kant.

Car, pour Kant, la beauté est unive rselle ou n'est pas.

S'i l n'y avait pas d'accord possible conce rnant ce qui est beau ou laid, on ne pourrait même plus parler d'art et d'e sthétique ou de« science » du beau .

• Problématique de la quest ion 3 La problématique de la question 3 est toute trouvée : il y va du critère du beau.

Car s'i l y a autant de beautés que d'individu s, aucune discussi on sur l'art n'est possible.

On ne peut même plus affirmer qu'une chose « est » belle, mais seulem ent qu'elle l'est pour cette personne, à ce moment et à cet endroit précis.

Le relativ isme en matière de goût rend très pér illeuse la const itution d'une esthétiqu e.

Et pourtant, qui n'a pas éprouvé un jour, devant une œuvre d'art reconn ue, un sentiment d'incom­ préhen sion? Si un chef -d'œu vre réputé ne nous semble pas digne de l' être, doit-on remettre en question son sentiment ? À qui et à quoi doit-on se fier pour goûter la beauté d'une œuvre ? • Citations • « On estime belles la plupart des œuvres de l'art en proportion de leur propriété à l'emploi par l'homme » (Hume , Traité de la natur e humaine, Il).. »

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