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Imaginer n'est-ce que se souvenir ?

Publié le 09/05/2012

Extrait du document

Le passé d'ailleurs. sauf chez les vieillards et, dans un autre domaine, chez les amateurs d'histoire, nous occupe assez peu. C'est qu'il est irrévocablement fixé : se souvenir du passé consiste, du moins en théorie, en reviviscences répétées d'une même impression. Au contraire, nous nous établissons plus volontiers dans des perspectives d'avenir, seraient-elles chimériques ; en effet nous pouvons alors imaginer, - on n'imagine que du nouveau - du moins en théorie.

« L'IMAGINATION 53 troisième le style du hall, etc., on dira qu'il manque d'imagi­ nation.

Imaginer, c'est inventer.

2.

Sans doute l'expérience passée et les souvenirs des spectacles contemplés interviennent dans le travail d'invention, mais ils n'interviennent pas sous forme d'images distinctes et précises: ces expériences, dont tout l'acquis est comme fondu, ne font que faciliter l'invention de quelque chose de nouveau: dans la mesure où on se souvient, on n'invente pas, on n'ima gine pas.

Enfin, si " imagination " évoque presque infailliblement 11n monde d'images, il n'en est pas de même d'" imaginer"· On imagine une façon heureuse, mais qui a recours à des termes abstraits et non à des images, d'exprimer une idée ; ou encore le plan d'une dissertation et même la solution d'un problème mathématique.

Inventer dans un domaine d'où les images sont exclues c'est encore imaginer.

Imaginer est donc autre chose que se souve11ir, ce souvenir consisterait-il dans un agregat d'images.

Qut)lle diffét en ce y a-t-i 1 donc entre imaginer et se sou­ venir? La réponse a été donnée implicitement: il suffira de l'expliciter.

Il.

- CES DEUX PROCESSUS MENTAUX S'OPPOSENT NETTEMENT A.

Différences essentielles.

- le souvenir appartient au passé, à un passé révolu ; c'est vers lui que se porte l'esprit de celui qui se souvient, ou, si l'on préfère, c'est ce passé qui revient à 1 'esprit, ou encore, c'est ce passé qui est revécu mentalement.

Au contraire, le monde de celui qu1 1magine, loin de se limiter au passé, appartient plutôt à l'avenir et, comme l'avenir comporte d'innombrables possibles, il a une extension indéfinie dans l'irréel et se perd dans l'irréalisable.

Sans doute, on peut imaginer aussi le passé, mais un passé qu'on n'a pas vu et que l'on recrée à partir de documents historiques ou préhisto­ riques: c'est dans la préhistoire qu'il faut ou qu'on peut le plus imaginer.

B.

Conséquences pratiques.

- En ayant été témoins, nous n'imaginons pas notre passé, nous nous en souvenons; bien plus, suivant un mot célèbre de Royer-Collard, " on ne se sou­ vient jamais que de soi-même "· Nous ne pouvons imaginer que notre avenir ou la vie que nous aurions menée si nous avions. »

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