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Imiter, est-ce faire de l'art ?

Publié le 25/07/2009

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Chacun sait aujourd’hui qu’imiter n’est pas le but de l’art, du moins qu’il ne se limite pas à une simple imitation. La preuve en est que lorsqu’il consiste en une reproduction, l’art ne peut finalement pas rivaliser avec la nature. De plus, un faussaire reproduisant une œuvre n’est pas un artiste, de la même manière, je peux être habile et reproduire parfaitement un paysage sans pour autant produire une oeuvre d’art.

 

« caractère rationnel de la démarche suivie.

De plus, les mathématiques ne se déprécient pas dans la répétition :lorsqu'il démontre le théorème de Thaïes, l'élève de quatrième fait les mêmes mathématiques que Thaïes lui-même!En revanche, il n'y a rien de semblable dans le cas de l'art.

L'artiste ne peut expliciter rationnellement sa démarche;il ne peut décomposer sa création en un certain nombre d'étapes s'enchaînant logiquement les unes aux autres.

Ilne peut prouver par des arguments pourquoi tel élément doit être modifié dans l'œuvre en cours d'élaboration.L'œuvre d'art réussie est au contraire celle qu'on ne peut traduire en mots : on ne peut en expliquer la beauté.

C'estseulement quand l'œuvre est apprêtée, rigide, que l'on décèle en elle un schéma de construction, que l'on sent les «ficelles » dont l'auteur s'est servi.

C'est ainsi qu'une œuvre conventionnelle (comme les peintures académiques) oudont le sens est trop manifeste (comme certaines œuvres engagées) ne procure aucun plaisir esthétique.

L'œuvren'est vraiment artistique que lorsqu'elle cesse d'être la simple illustration d'une idée, ou la mise en œuvre mécaniqued'un procédé. Cette irrationalité de l'art avait déjà été mise en évidence par Platon (en particulier dans Ylon) qui y voyait le signe de l'infériorité de l'art : le poète parle sous le coup d'une inspiration divine, mais il ne sait ce qu'il dit.

Il ne peutrendre raison de son œuvre.

L'art est ainsi relégué au rang de l'opinion.

C'est pourquoi, ne pouvant se transmettredans un enseignement, le talent d'un artiste est inimitable.

On ne peut donc reproduire que ce qui est de l'ordre duconcept, de la raison, parce que cela est universel, identique en chacun.

Si l'on ne peut devenir artiste en imitantles autres artistes, c'est à cause de la nature irrationnelle de l'art.

Pour imiter l'art, on devra donc le rationaliser enramenant à des règles ce qui est au-delà de toute règle, d'où le caractère excessivement parfait de l'imitation. [II.

On ne devient artiste qu'en se formant auprès d'autres artistes.] [1.

Ce n'est pas en recherchant l'originalité à tout prix que l'on devient artiste. ] Si l'on doit fuir l'imitation, faut-il alors rechercher l'originalité? Il y a lieu de craindre que l'originalité cultivée pourelle-même ne donne naissance qu'à un style maniéré, inutilement recherché.

Si le génie est incontestablementoriginal, il ne suffit pas d'être original pour être un grand artiste ! Il faut encore que l'originalité ne soit pas gratuite,qu'elle réponde à une raison d'être profonde.

Le créateur véritable ne se soucie pas d'abord de l'originalité de sacréation.

L'originalité n'est en effet qu'une caractérisation extérieure de l'œuvre puisqu'elle ne se définit que parcomparaison avec autre chose.

Or, c'est d'abord en elle-même que l'œuvre d'art est belle.

L'œuvre d'art n'est doncpas belle parce qu'elle est originale mais au contraire, son originalité provient de sa réussite. Quelle est cette qualité intrinsèque que l'artiste doit d'abord rechercher? Si l'œuvre d'art n'obéit à aucune règleexplicite, elle n'est pas pour autant n'importe quoi : elle donne le sentiment d'un ordre, d'un équilibre, d'une harmoniesecrète.

Il existe donc en elle un principe d'unité qui lui confère sa cohérence et sa consistance — même si ceprincipe est inconnu et inconnaissable.

L'originalité de l'œuvre tient donc à l'existence d'une unité intérieure qui, n'étant pas conceptuelle, exprime la personnalité unique de l'artiste.

Le talent de l'artiste réside donc principalementdans sa capacité à donner à l'œuvre d'art une légalité sans loi. Nous reconnaissons là la conception kantienne du génie : il est « le talent qui donne les règles de l'art » (Critique de la faculté de juger, paragraphe 46).

On ne devient donc pas artiste en imitant les autres ou en s'en démarquant, mais en se laissant conduire par son propre génie.

La recherche de l'originalité n'est donc pas la négation del'imitation, elle participe au contraire de la même illusion selon laquelle on pourrait, en matière d'art, se déterminer enfonction des autres. [2.

L'artiste n'est cependant pas un créateur solitaire. ] La création artistique est une affaire personnelle.

Cette conception de la création ne fait-elle pas cependant la part trop belle à l'imagerie de l'artiste solitaire directementinspiré du ciel? Faut-il aller jusqu'à affirmer que l'artiste doit se préserver des influences pour ne pas altérer lapureté de son génie personnel? S'il est vrai que la sincérité et l'indépendance sont des qualités irremplaçables chezl'artiste, la conception qui voit dans l'originalité une sorte de virginité à préserver à tout prix, est à l'évidencecaricaturale.

Le style personnel n'est pas donné tout formé; il ne se constitue qu'au fil du temps par l'assimilationdes influences diverses.

C'est ainsi que les premières toiles du Gréco témoignent d'une influence considérable despeintres italiens, qui a été par la suite pleinement intégrée.

Il est souvent nécessaire de passer par de multiplestentatives, d'être marqué par des styles différents avant de découvrir sa voie propre.

L'artiste ne sait qui il est,qu'au fur et à mesure qu'il produit.

La personnalité artistique vers laquelle il ne cesse de s'orienter est à pensercomme le terme infini d'un parcours et non comme un don initial qu'il s'agirait simplement de déployer dans toutesses implications.

L'artiste ne se soumet certes qu'aux lois que lui dicte son génie, mais celui-ci ne se manifeste et nese développe qu'en assimilant des influences.

Ceci nous amène donc à reconsidérer la relation de l'artiste à ceux quil'ont précédé dans l'art. [3.

On devient artiste grâce à la rencontre d'autres artistes. ] Il est nécessaire de s'instruire auprès d'autres artistes pour en devenir un soi-même.

Cet apprentissage porte tout d'abord sur ce qu'il y a de technique dans l'art.Cela ne doit pas nous surprendre et de ce point de vue, les beaux-arts ne diffèrent en rien de l'art de l'artisan.

Danscette perspective, l'imitation peut être un exercice bénéfique.

Il est nécessaire de pouvoir peindre suivant destechniques et des styles divers ou de savoir travailler un instrument dans des registres différents, afin de parfaire samaîtrise de l'art.

De la sorte, le style personnel ne sera pas comprimé dans son épanouissement par desinsuffisances techniques.

Cela explique la présence d'un enseignement scolaire dans toute formation artistique. Ce qui, en revanche, est beaucoup plus problématique, c'est la possibilité qu'ont certaines rencontres de révéler untalent à lui-même.

Le jeune peintre qui passe par l'atelier d'un maître, ou le jeune musicien qui prend des cours. »

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