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IMPÉRIALISME

Publié le 25/12/2011

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Le mot « impérialisme « vient du latin imperium (équivalent de dominatio, autorité absolue) ; il qualifie aujourd'hui la volonté d'une nation, d'un État ou d'un groupe de créer une hégémonie sur d'autres nations, d'autres États, d'autres groupes. Cette acception, empruntée à l'anglais, vers 1880, remplaça petit à petit en français l'ancienne signification de « doctrine des partisans du régime impérial «, c'est-à-dire du régime de Napoléon. Dans son sens nouveau, il qualifia donc la conduite des puissances visant à se créer des « empires « à la fin du xixe siècle et le mouvement d'idées qui sous-tendit cette politique au Royaume-Uni (James A. Froude, John R. Seeley, Rudyard Kipling, Joseph Chamberlain), en France (le « parti « colonial), en Allemagne (le pangermanisme), en Russie (le panslavisme), en Italie (Francisco Crispi), aux États-Unis (Theodore Roosevelt) et même au Japon (impérialisme japonais). La vulgate léniniste. Si la supériorité technologique fut une condition nécessaire de la réussite de l'expansion impérialiste, ses motivations, ses formes et ses effets furent très différents. Les socialistes, à la suite du libéral anglais John Atkinson Hobson (Imperialism, a Study, 1902), en firent le centre des débats sur les rapports entre les États. Après de vives controverses entre les théoriciens socialistes Karl Kautsky (1854-1938), Rosa Luxemburg et Lénine, ce dernier publia en 1916 une célèbre brochure, L'Impérialisme, stade suprême du capitalisme, qui orienta toutes les discussions postérieures. Entendant par « impérialisme « le dernier stade de l'histoire avant la transformation socialiste, Lénine en expliquait le processus par les contradictions croissantes du capitalisme industriel et financier conduisant à l'exportation des capitaux à la recherche du profit « maximal «, aux rivalités pour le partage du monde entre des groupes capitalistes monopolistes, et par voie de conséquence à l'exaspération des conflits entre les puissances, à la substitution de régimes autoritaires aux régimes de démocratie bourgeoise, à la « putréfaction du système « et, en définitive, à la guerre. Cette problématique fut critiquée par des théoriciens, des économistes et des historiens libéraux. Ils rappelèrent évidemment que l'impérialisme n'était pas né avec le capitalisme occidental et l'essor industriel du xixe siècle, et qu'il n'était pas un phénomène exclusivement européen. Même réduit à l'expansionnisme capitaliste, rien ne prouvait que le développement monopoliste dût engendrer nécessairement des conflits armés de première grandeur plutôt que des ententes internationales d'un type nouveau. Aussi bien en ce qui concerne la Grande Guerre que les colonisations, l'explication léniniste fut remise en cause. La recherche des marchés et des zones d'investissements, la concurrence des États et des groupes capitalistes, le protectionnisme, n'étaient pas des facteurs d'explication suffisants. Il est banal de souligner que l'impérialisme répond sans doute à la tendance profonde des groupes forts à dominer les groupes faibles ; il revêt toutefois des formes diverses, pas toutes économiques. Il peut être déterminé par des raisons démographiques et sociales, la « nécessité « d'exporter un « surplus « de peuplement ou d'« épurer « telle ou telle région revendiquée pour des raisons « naturelles « ou historiques ; il peut être provoqué par le sentiment d'une supériorité culturelle ou la volonté d'imposer un modèle idéologique… Aucune des manifestations de l'impérialisme ne correspondit à l'une de ces formes à l'état pur. Le pangermanisme et le panslavisme de la fin du xixe siècle mélangèrent ainsi l'économique, le social et le culturel dans des idéologies d'essence nationaliste. Mais, en d'autres cas, le nationalisme s'opposa au contraire à l'impérialisme. Autrement dit, si tous les impérialistes sont nationalistes, l'inverse n'est pas vrai. Des formes de « sous-impérialisme « non moins conquérantes. Entre les deux guerres, les doctrines impérialistes « classiques « (construction d'empires coloniaux) connurent un premier déclin. Mais la volonté affichée par le régime nazi (Weltmachtpolitik, « politique pour une puissance mondiale « et Lebensraum, « espace vital «) déboucha sur un impérialisme totalitaire caractérisé par la domination absolue et l'exploitation systématique. Cet impérialisme parut s'effondrer en 1945 pour laisser la place à des formes plus subtiles de relations inégales, la Seconde Guerre mondiale ayant laissé en présence deux grands blocs, obligés d'intégrer l'impérialisme à leurs stratégies de contrôle et d'expansion géopolitiques. Comme « tout empire périra « (Jean-Baptiste Duroselle, 1981), ces nouveaux systèmes hégémoniques furent à leur tour contestés par leurs adversaires extérieurs ou intérieurs, parfois même par les alliés de l'intérieur, comme le firent les Chinois pour stigmatiser la volonté de l'URSS de leur imposer sa ligne, qu'ils qualifièrent du terme assez flou de « social-impérialisme «. Ce terme avait déjà été employé au xixe siècle pour désigner le désir d'un État, plus ou moins clairement perçu par ses dirigeants, de réduire les problèmes sociaux intérieurs par l'expansion. Les anciens impérialismes des puissances coloniales ne s'inscrivaient plus dans ce contexte, et celles-ci ne possédaient d'ailleurs plus les moyens matériels de les pérenniser. La fin de l'URSS - et du « soviétisme « - a paru sceller le triomphe de l'impérialisme américain. Mais, on peut observer aussi que la fin du communisme et les décolonisations ont donné naissance à de multiples « sous-impérialismes « fondés sur la volonté de domination de groupes forts sur des groupes faibles. Ces « sous-impérialismes « ne sont pas un phénomène particulièrement nouveau ; en effet, beaucoup d'expansionnistes secondaires s'abritèrent derrière le paravent des grands impérialismes, ainsi l'expansion de l'Égypte ou celle des États boers (Afrique australe) vers le coeur de l'Afrique au xixe siècle. Mais ils parurent se développer encore plus au xxe siècle, en profitant de l'ignorance ou de l'indifférence des opinions, aussi bien dans les Balkans qu'en Amérique centrale, au Brésil, en Asie himalayenne ou dans l'archipel indonésien. En ce sens, la « fin de l'histoire « n'a pas eu lieu. Marc MICHEL

« Impérialisme 1o5 tation de leur diplomatie, les pays capitalistes seront plus ou moins à l'abri des explosions révolutionnaires.

Après l'attaque de Hitler contre l'URSS, la guerre cesse d'être qualifiée d'impérialiste et devient une guerre des nations démocratiques contre le fascisme.

Plus tard, ces mêmes nations sont replacées dans le cc camp impérialiste » dirigé par les États-Unis.

L'objectif le plus important est de démanteler ce camp et la lutte pour l' « indépendance nationale ,.

prend le pas sur la lutte.

pour le socialisme.

5 Les successeurs de Staline (Khrouchtchev en particu­ lier) conçoivent la possibilité d'une coexistence pacifique indéfinie entre États à systèmes sociaux différents et s'efforcent de montrer que la théorie des guerres inévi­ tables ne s'applique plus à notre époque.

Ils se heurtent à l'intransigeance des communistes chinois, pour lesquels l'" impérialisme,.

n'a pas changé de nature.

·c·est le fond idéologique du confilt slno-sovlétlque.

6 Pour les peuples du tiers monde, la notion d'impéria­ lisme s'applique aux survivances cie l'ère coloniale.

Mais elle recouvre aussi les conditions économiques et poli­ tiques définies souvent par le terme de cc néo-colonia­ lisme "· C'est l' « impérialisme des nations riches " qui est pour eux le grand responsable de leur sous-développe­ ment.

D'où leur tendance à se grouper sous l'étiquette de l' « antl-lmpérialisme "· ..,..

Voir aussi : Komintern, Lénine, Staline.. »

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