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Introduction sur liberté et valeurs

Publié le 24/01/2020

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«Entre 18 et 20 ans, la vie est comme un marché où l'on achète des valeurs non avec de l’argent, mais avec des actes... La plupart des hommes n’achètent rien. »

La boutade de Malraux pose fort bien pour nous, à sa manière, le problème qui fait l’objet de ce livre, le problème des valeurs. Autrefois on disait le problème moral; on proposait aux jeunes ce qu’on appelait des «idéaux», souvent un seul. Aujourd’hui, dans notre société occidentale en tout cas, les valeurs sont nombreuses aux étalages : l’amour, la justice, la liberté, la non-violence, le plaisir, l’aventure, la révolution, la gloire, la richesse, la volonté de Dieu, le bonheur, la dignité humaine, la fraternité, etc., etc.

Est-il exact que la plupart des hommes en fait « n’achètent rien», ne choisissent même pas, ce qui s’appelle choisir, c’est-à-dire en authentifiant leur choix par des actes pleinement réfléchis, pleinement volontaires ? Si oui, comment expliquer cette passivité en un domaine qui engage pareillement leur existence ? Est-ce qu’ils sont déjà, à vingt ans, déterminés tout entiers extérieurement et intérieurement, esclaves de l’univers ou aliénés par la société au point de ne plus avoir aucun atome d’indépendance aux yeux d’un observateur impartial ? Quel est donc «l’argent», la force qui leur-manque ?... Et pour ceux qui réellement choisissent ou croient choisir, comment justifient-ils leur choix ? Au nom de quoi estiment-ils obligatoire pour eux de se donner à une grande cause au point souvent de lui subordonner tous autres intérêts, d’accepter même, s’il le faut, pour la défendre, la pauvreté, la torture, la perte de tout espoir personnel, la mort définitive ?

Une valeur, comme le nom l’indique, c’est ce qui vaut vraiment qu’on vive, qu’on travaille, qu’on souffre pour elle.

« - qu'on fasse souffrir les autres peut-être.

Qu'est-ce qui lui confère un tel prix si le choix pourtant n'a été qu'un choix d'individu? Comment se fait-il qu'il n'y ait plus aujourd'hui, semble-t-il, de valeur morale unique, absolue, universelle? Et comment pouvons-nous être sûrs de ne pas nous tromper, de ne pas regretter à quarante ans les choix que nous avons ou que nous n'avons pas faits à vingt? Nous est-il réellement permis de forger notre existence, notre bonheur? «Que peut un homme ? » demandait Paul Valéry.

Que peut- il vraiment? Et que puis- je, moi, qui suis en train de lire ce livre ? Que dois- je vouloir? Telles sont les questions sur lesquelles nous vous invitons à réfléchir.

Il n'en est pas beaucoup de plus importantes, ni de plus urgenteS.

«Le temps d'apprendre à vivre il est déjà ..

trop tard», nous rappelle le vers d'Aragon 1• Il faut répondre.

Descartes (1596-1650) «Un homme qui n'a encore que la connais­ sance vulgaire et imparfaite doit, avant tout, tâcher de se former une morale qui puisse suffire pour régler les actions de sa vie, à cause que cela ne souffre point de délai, et que nous devons surtout tâcher de bien vivre.» (Séries A, B, C, D) Emmanuel Kant (1724-1804) «Qu'est-ce que les Lumières? La sortie de l'homme de sa Minorité, dont il est lui-même respon­ sable.

Minorité, c'est-à-dire incapacité de se servir de son enten­ dement* sans la direction d'autrui, minorité dont il est lui-même responsable, puisque la cause en réside non dans un défaut de l'entendement, mais dans un manque de décision et de courage de s'en servir sans la direction d'autrui ...

Aie le courage de te servir de ton propre entendement.

Voilà la devise des Lumières.

La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un si grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchis de­ puis longtemps d'une direction étrangère ...

, restent' cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des premiers.

Il est si aisé d'être mineur! Si j'ai un livre, qui me tient lieu d'entendement, un directeur, qui me tient lieu de conscience, un médecin, qui décide pour moi du régime qui me convient, etc., je n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même.

Je n'ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer; d'autres se chargeront bien pour moi de cette ennuyeuse occupation.» (Séries Cet D) 1.

Dans le poème Il n'.;v a pas d'amour heureux, musique de Georges Brassens.

6. »

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