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John Franklin

Publié le 22/02/2012

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A l'Amirauté britannique, les discussions étaient vives et les avis s'opposaient. C'était au début de l'année 1845. James Ross était rentré sur l'Erebus et le Terror couvert de gloire par de brillantes découvertes dans l'Antarctique. Mais si, dans le Sud, les efforts d'exploration avaient été fructueux, dans le Nord le problème du passage du Nord-Ouest entre l'Atlantique et le Pacifique avait résisté aux plus tenaces et aux plus courageux des assauts. Un prix de vingt mille livres offert dès 1818 à qui découvrirait la solution si longtemps cherchée, n'avait pas été gagné. Sir John Barrow, secrétaire de l'Amirauté depuis 1804, mettait tout le poids de son autorité à faire équiper une nouvelle expédition arctique. Les deux Chambres acceptèrent le projet ; on proposa le commandement à James Ross qui déclina l'offre. C'est alors que sir John Franklin se mit sur les rangs. On connaissait ses qualités de chef, de courage et d'endurance. On savait sa compétence polaire, mais son âge rendait les amiraux hésitants. "Soixante ans !", disaient-ils avec un air perplexe. "Non, Messieurs, pas soixante, cinquante-neuf !" s'écria Franklin. Son ascendant personnel l'emporta, on lui confia le commandement de l'expédition qui partit deux mois plus tard, en mai 1845. C'était un homme de large carrure ; sa mâchoire puissante, son menton bien marqué disaient sa force tenace. Il était doué de cette attirance de sympathie, de ces contacts faciles avec tous qui en faisaient un chef aimé. Il était né dans le Lincolnshire le 16 avril 1786. Ses parents le poussaient vers l'état ecclésiastique, sa vocation de marin l'emporta. A dix-neuf ans, on le voit à la bataille de Trafalgar sur le Bellerophon. En 1818, le lieutenant Franklin prend contact avec les glaces arctiques dans l'expédition de Buchan qui ne put dépasser le Spitzberg. L'année suivante l'Amirauté l'envoya explorer par voie terrestre la côte nord de l'Amérique à partir de l'embouchure de la rivière Coppermine, le plus loin possible vers l'est. C'était, en outre, une aide éventuelle aux bateaux du commandant Parry qui, dans le même temps, essayaient encore une fois de forcer le passage du Nord-Ouest. Ce fut pour Franklin, parti de la baie d'Hudson, trois ans et demi de dures fatigues et de privations sur les rivières et les lacs de ce territoire quasi désertique. Un de ses compagnons fut assassiné par un Indien.
franklin

« étaient diverses.

On rappelait que les deux Ross, John et son neveu James, bloqués dans les mêmes parages de1829 à 1834, avaient laissé le monde sans nouvelles pendant cinq ans.

C'était un précédent qui autorisait tous lesespoirs.

Les moyens techniques à la disposition de Franklin étaient très supérieurs à ceux dont Ross avait pudisposer.

Peut-être allait-on soudain apprendre un succès triomphal : la découverte de terres inconnues au nord dudétroit de Béring.

Peut-être le courageux vétéran des glaces avait-il voulu mener son expédition jusqu'au pôle lui-même.

Mais, à mesure que passait le temps, les optimistes laissaient paraître leurs craintes.

Cinquième hiver ! Deshommes luttaient contre le froid, l'amoncellement des glaces, l'ouragan.

L'émotion devenait considérable.

EnAngleterre tout le monde était d'accord : il fallait tout entreprendre pour éclaircir ce douloureux mystère.

Le mondepolaire prit dans l'opinion publique un intérêt qu'il n'aurait jamais eu sans cette affreuse catastrophe.

L'Amirautépromit vingt mille livres à qui trouverait les survivants.

Lady Franklin ajouta personnellement trois mille livres à ceprix. En 1850, Pullen, qui était au grand lac des Esclaves, descendit jusqu'au détroit du Mackenzie et atteignit le capBathurst.

Il ne vit rien.

Mais, déjà, le printemps 1850 avait vu la mise en Oeuvre de la plus extraordinaire campagnearctique à laquelle le monde ait assisté.

Treize navires furent équipés et partirent à la recherche de Franklin.

Neuffurent envoyés par l'Amirauté britannique, deux par les États-Unis, un aux frais de lady Franklin et le dernier parsouscription publique. Sous les ordres du capitaine Austin, deux voiliers, Resolute et Assistance, et deux vapeurs à hélice, Pioneer etIntrepid, partirent avec, au total, cent quatre-vingts hommes d'équipage.

Lady Franklin équipa à ses frais le Prince-Albert sous les ordres du capitaine Forsith.

De même, elle confia au capitaine baleinier Penny le commandement duSophia, dénommé d'après le nom de l'unique fille de Franklin.

Des amis et la Société de la Baie d'Hudson équipèrent leFelix et le Mary, expédition dont sir John Ross prit le commandement à soixante-treize ans.

Le capitaine Saunderspartit sur l'Étoile polaire.

Touché par les appels de lady Franklin, un mécène américain, John Grinnell, donna deuxbateaux, l'Advance et le Rescue, que l'Amirauté arma.

Tous ces bateaux s'engagèrent dans la mer de Baffin. Deux autres navires, l'Investigator et l'Enterprise, devaient pénétrer dans l'océan Arctique par le détroit de Béring.L'effort fait avait été considérable ; l'opinion publique était en émoi.

On imaginait tous les procédés possibles pourentrer en communication avec Franklin : on avait emporté des petits ballons de papier qui, s'élevant dans les airs etéclatant, répandaient des nuages de messages.

On était sûr que les efforts de ces vaillants équipages ramèneraientune partie de ceux que l'on attendait depuis cinq ans ou, tout au moins, feraient connaître ce qui leur était advenu. En automne 1850, on vit revenir le Prince-Albert.

Sa seule découverte dans l'Arctique avait été deux bouts decordages tissés des fils rouges de la marine anglaise ! On fut consterné.

Quel était donc ce secret tragique que nulne pouvait arracher aux glaces hostiles ? L'hiver se passa dans l'anxiété.

En été 1851, tous les autres naviresrevinrent de la mer de Baffin, et cette fois-ci, chargés de nouvelles.

On avait trouvé le premier hivernage de Franklinen 1845-1846 à l'île Beechey, dans le détroit de Barrow.

C'étaient les restes d'un camp bien aménagé, avec un petitjardinet pour la culture d'herbes, antidotes du scorbut.

Tout y témoignait d'une expédition pleine d'ardeur oùrégnaient l'ordre et l'enthousiasme.

Mais, en contradiction avec tous les usages d'exploration, on n'y trouva aucuneindication sur la route prise par ceux qui en étaient partis.

Ainsi, le mystère de la disparition de ces cent trente-quatre hommes restait entier, l'angoisse était chaque jour plus vive car c'était maintenant le sixième hiver, etchacun savait que chaque hiver dans l'Arctique réclame ses victimes. Certains gardaient encore un grand espoir dans l'expédition de Collison avec l'Enterprise et l'Investigator ; ce derniersous les ordres de McClure.

Avant même d'atteindre le détroit de Béring, les deux navires avaient été séparés par latempête.

McClure pénétra le premier dans l'Arctique et, sans attendre l'Enterprise au rendez-vous fixé, poussa àl'est le long de la côte américaine.

Il hiverna au cap Bathurst, puis il découvrit la partie sud de la terre de Banksdont la partie nord avait été atteinte par Parry en traîneau au cours de son expédition en 1819-1820.

McClurehiverna sur cette terre ; ainsi, pour la première fois dans l'histoire de la découverte du passage du Nord-Ouest, lestentatives de pénétration venant de l'ouest et venant de l'est se rejoignaient.

Il tourna ensuite la terre de Bankspar le nord, pour atteindre le détroit de Melville.

Après un hivernage, il gagna en traîneau Port-Winter, où Parry avaitpassé l'hiver 1819-1820, et y laissa un message.

McClure, revenu à son bateau bloqué dans les glaces, était dansune situation désespérée.

Presque à bout de vivres, ne pouvant courir le risque d'un nouvel hiver avec des hommesmalades, il avait décidé l'abandon du navire et la marche vers le sud.

C'était à coup sûr le renouveau du désastre deFranklin, lorsque, neuf jours avant la date fixée pour le départ, le 6 avril 1854, McClure vit un traîneau arriver del'est.

C'était le lieutenant Pim, de la Resolute, un des bateaux de l'expédition de Belcher, qui hivernait à l'île Melville.McClure et les hommes de l'Investigator revinrent en Angleterre en 1854.

Les premiers, ils avaient effectivementpassé du Pacifique à l'Atlantique par le nord de l'Amérique.

Ils avaient prouvé la réalité d'un passage au Nord-Ouest.Dix mille livres de récompense leur furent données.

Pendant ce temps, Collinson, sur l'Enterprise, après troishivernages, avait atteint le sud de la terre Victoria.

De retour en Angleterre en mai 1855, pas plus que McClure, iln'avait rien découvert ni rien appris du sort de Franklin.

La question du passage du Nord-Ouest était résolue ;l'Amirauté était absorbée par l'expédition anglo-française en Crimée ; elle considéra les membres de l'expéditionFranklin comme "définitivement disparus" et cessa toute recherche. Coup de théâtre en octobre 1854, le Dr Rae se fit recevoir par les lords de l'Amirauté et déposa devant eux unemontre, des cuillers d'argent, un pommeau de canne, un couteau, un insigne de l'ordre des Guelfes de Hanovre ; letout ayant appartenu à Franklin et trouvé entre les mains d'Esquimaux.

En outre il rapportait les dires d'indigènes quiavaient vu, vers 1850, une troupe de quarante hommes blancs marchant vers le sud ; ils avaient, disaient-ils, touspéri près d'une grande rivière.

C'était, avec la certitude de la mort de la majorité de l'équipage de Franklin, la. »

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