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KANT: Antagonisme des hommes et formation de l'Etat

Publié le 04/05/2005

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Le problème de la formation de l'État, si dur que ce soit à entendre, n'est pourtant pas insoluble, même s'il s'agissait d'un peuple de démons (pourvu qu'ils aient quelque intelligence) ; il se formule de la façon suivante : "Ordonner une foule d'êtres raisonnables qui réclament tous d'un commun accord des lois générales en vue de leur conservation, chacun d'eux d'ailleurs ayant une tendance secrète à s'en excepter; et organiser leur constitution de telle sorte que ces gens qui, par leurs sentiments particuliers, s'opposent les uns aux autres, refrènent réciproquement ces sentiments de façon à parvenir dans leur conduite publique à un résultat identique à celui qu'ils obtiendraient s'ils n'avaient pas ces mauvaises dispositions" : Un pareil problème doit pouvoir se résoudre, car il ne requiert pas l'amélioration morale des hommes, mais il s'agit simplement de savoir comment on peut utiliser par rapport aux hommes le mécanisme de la nature pour diriger l'antagonisme des dispositions hostiles dans un peuple, de telle sorte que les hommes s'obligent mutuellement eux-mêmes à se soumettre à des lois de contrainte, produisant ainsi nécessairement l'état de paix où les lois disposent de la force. KANT
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« moralité humaines qui non seulement n'existent pas, mais encore qui seraient une entrave au progrès.

Il fautdonc élaborer la constitution de cet État en prenant pour hypothèse extrême que les citoyens seront lesplus méchants possibles, tel un peuple de démons.

Le problème sera alors de préserver le dynamisme desantagonismes naissant de la méchanceté naturelle des hommes et d'annuler simultané¬ment leurs effetsdestructeurs en neutralisant les uns par les autres.

Selon Kant la constitution la plus apte à atteindre ce butreste la constitution républicaine. « L'homme a un penchant à s'associer, car dans un tel état, il se sent plus qu'homme par ledéveloppement de ses dispositions naturelles.

Mais il manifeste aussi une grande propension à se détacher(s'isoler), car il trouve en même temps en lui le caractère d'insociabilité qui le pousse à vouloir tout dirigerdans son sens ; et de, ce fait, il s'attend à rencontrer des résistances de tous côtés, de même qu'il se saitpar lui-même enclin à résister aux autres.

C'est cette résistance qui éveille toutes les forces de l'homme, leporte à surmonter son inclination à la paresse, et, sous l'impulsion de l'ambition, de l'instinct de dominationou de cupidité, à se frayer une place parmi ses compagnons qu'il supporte de mauvais gré, mais dont il nepeut se passer.

L'homme a alors parcouru les premiers pas, qui de la grossièreté le mènent à la culture dontle fondement véritable est la valeur sociale de l'homme […] .

Sans ces qualités d'insociabilité, peusympathiques certes par elles-mêmes, source de la résistance que chacun doit nécessairement rencontrer àses prétentions égoïstes, tous les talents resteraient à jamais enfouis en germes, au milieu d'une existencede bergers d'Arcadie, dans une concorde, une satisfaction et un amour mutuel parfaits ; les hommes, douxcomme des agneaux qu'ils font paître, ne donneraient à l'existence plus de valeur que n'en a leur troupeaudomestique […].

Remercions donc la nature pour cette humeur non conciliante pour la vanité rivalisant dansl'envie, pour l'appétit insatiable de possession ou même de domination.

Sans cela toutes les dispositionsnaturelles excellentes de l'humanité seraient étouffées dans un éternel sommeil.

» Kant. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède uneréalité objective, il faut qu'il soit placé dans l'espace et le temps.

L'espace et le temps sont les formes a priori detoutes les données empiriques.

C'est ce qu'analyse Kant dans son esthétique transcendantale ou analyse de lasensibilité.

Les représentations données par ces deux éléments sont liées entre elles par la raison finie, à l'aide descatégories, ou principes de l'entendement pur.

Les catégories (analytique transcendantale) qui dessinent les limitesde la vérité, sont les produits d'une force et non pas l'attribut d'une substance.

Elles sont posées à l'occasion del'expérience, mais la dépassent.

La quantité, la qualité, la relation et la modalité sont les classes de jugement ;chaque classe renferme trois catégories (concepts fondamentaux a priori de l'entendement pur).

Quantité : unité,totalité, pluralité.

Qualité : réalité, négation, limitation.

Relation : substance, causalité, réciprocité.

Modalité :possibilité, existence, nécessité.

— L'analytique et la dialectique constituent la logique transcendantale.

La raison aune destinée pratique, une faculté d'agir.

Si la raison pure théorique est illusoire, la raison pure pratique est infaillibleElle est liberté, elle se donne à elle-même ses propres règles morales, qui définissent son autonomie.

— Il y a enl'homme une tendance naturelle au désordre et au péché : cette tendance est servitude.

La liberté devient donc un. »

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