Kant et la philosophie
Publié le 14/09/2014
Extrait du document

Celui qui a proprement appris un système de philosophie, par exemple le système de Wolff 1, eût-il dans la tête tous les principes, toutes les définitions et toutes les démonstrations, ainsi que la division de toute la doctrine, et fût-il en état de tout dénombrer sur le bout des doigts, celui-là n'a pourtant qu'une connaissance historique complète de la philosophie de Wolff ; il ne sait ni ne juge rien de plus que ce qui lui a été donné. Contestez-lui une définition, il ne sait où en prendre une autre. Il s'est formé d'après une raison étrangère, mais le pouvoir d'imitation n'est pas le pouvoir de création, c'est-à-dire que la connaissance n'est pas résultée chez lui de la raison, et que, bien qu'elle soit sans doute, objectivement, une connaissance rationnelle, elle n'est toujours, subjectivement, qu'une connaissance historique. Il l'a bien saisie et bien retenue, c'est-à-dire bien apprise, et il n'est que le masque d'un homme vivant. Les connaissances de la raison, qui lé sont objectivement (c'est-à-dire qui ne peuvent résulter originairement que de la propre raison de l'homme), ne peuvent porter aussi ce nom subjectivement que quand elles ont été puisées aux sources communes de la raison, d'où peut aussi résulter la critique et même la décision de rejeter tout ce que l'on a appris, c'est-à-dire que quand elles sont tirées de principes.
KANT.

«
Repérer le thème du texte, l'objectif de l'auteur et sa thèse
Thème : la philosophie.
Objectif de l'auteur : montrer qu'apprendre la philosophie n'est pas philosopher.
Thèse: philosopher est penser par soi-même, c'est une création de sa propre raison.
Présenter l'ordre logique selon lequel s'articulent les idées
en les expliquant :
L'objectif de Kant, dans ce texte, est de montrer qu'apprendre "pro prement" un système philosophique n'est pas philosopher.
Il est ainsi amené au cours du texte à préciser ce qu'est philosopher : penser se
lon
sa propre raison.
Sa démarche consiste d'abord à considérer un homme qui a "pro prement appris" un système philosophique; celui de Wolff, philoso
phe allemand du début du XVIIIème siècle, est pris comme exemple, mais sans intention précise.
Qu'est-ce que savoir un système philoso phique ? C'est "avoir dans la tête" la totalité de la doctrine ainsi que ses parties, et savoir comment ces parties ou divisions s'enclenchent
et se complètent fonctionnellement pour former une totalité.
Par exem
ple on constate que la pensée stoïcienne forme un tout cohérent où la Physique, ou étude de la nature, la Logique, ou étude du fonctionne ment et des normes de la connaissance, et la Morale, ou étude des conditions pratiques de la sagesse, se déduisent rationnellement.
Un système philosophique suppose des "principes", ou affirmations pre
mières qui servent de fondements au système, des définitions préci
ses et des démonstrations telles que l'on déduit et conclut de proposi
tions établies à de nouvelles propositions.
On ne peut s'empêcher de
voir
la similitude qu'il y a entre un système philosophique et un sys
tème mathématique.
L'homme imaginé par Kant est donc capable de
"tout dénombrer" des éléments de la doctrine de Wolff.
La situation étant exposée, Kant en fait l'analyse et montre que la connaissance de cet homme est "historique", ce n'est pas une "con
naissance de raison".
L'étude du mot "apprendre" peut éclairer la dif
férence.
Apprendre, c'est enregistrer, comprendre
et retenir.
"Il l'a bien
saisie et bien retenue".
Mais on apprend ce qui "a été donné", c'est-à
dire pensé, élaboré
par un autre.
L'esprit de celui qui apprend est formé à la rationalité du système, mais "d'après une raison étran-
171.
»
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