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KANT: l'agréable et le beau

Publié le 02/05/2005

Extrait du document

kant
Pour ce qui est de l'agréable chacun se résigne ce que son jugement, fondé sur un sentiment individuel, par lequel il affirme qu'un objet lui plaît, soit restreint à sa seule personne. Il admet donc quand il dit : le vin des Canaries est agréable, qu'un autre corrige l'expression et lui rappelle qu'il doit dire : il m'est agréable ; il en est ainsi non seulement pour le goût de la langue, du palais et du gosier, mais aussi pour ce qui plaît aux yeux et aux oreilles de chacun. L'un trouve la couleur violette douce et aimable, un autre la trouve morte et terne ; l'un préfère le son des instruments à vent, l'autre celui des instruments cordes. Discuter à ce propos pour accuser d'erreur le jugement d'autrui, qui diffère du nôtre, comme s'il s'opposait à lui logiquement, ce serait folie ; au point de vue de l'agréable, il faut admettre le principe : à chacun son goût (il s'agit du goût des sens). Il en va tout autrement du beau. Car il serait tout au contraire ridicule qu'un homme qui se piquerait de quelque goût, pensât justifier ses prétention en disant : cet objet (l'édifice que nous voyons, le vêtement qu'un tel porte, le concert que nous entendons, le poème que l'on soumet à notre jugement) est beau pour moi. Car il ne suffit pas qu'une chose lui plaise pour qu'il ait le droit de l'appeler belle ; beaucoup de choses peuvent avoir pour lui du charme et de l'agrément, personne ne s'en soucie mais quand il donne une chose pour belle, il prétend trouver la même satisfaction en autrui ; il ne juge pas seulement pour lui mais pour tous et parle alors de la beauté comme si elle était une propriété d'objets ; il dit donc : la chose est belle, et s'il compte sur l'accord des autres avec son jugement de satisfaction, ce n'est pas qu'il ait constaté diverses reprises cet accord mais c'est qu'il l'exige. Il blâme s'ils jugent autrement, il leur dénie le goût tout en demandant qu'ils en aient ; et ainsi on ne peut pas dire : chacun son goût. Cela reviendrait à dire : il n'y a pas de goût, c'est-à-dire pas de jugement esthétique qui puisse légitimement prétendre l'assentiment universel. KANT

ANALYSE FORMELLE DU TEXTE « En ce qui concerne l'agréable, chacun consent à ce que son jugement... soit restreint à sa seule personne. Il admet donc quand il dit : ... qu'un autre corrige l'expression et lui rappelle qu'il doit dire : Il m'est agréable; il en est ainsi non seulement pour... mais aussi pour... Il en va tout autrement du beau; ce serait (précisément à l'inverse) ridicule si quelqu'un se piquant de bon goût, pensait s'en justifier en disant : ...beau pour moi. Car... mais quand il dit... il ne juge pas seulement pour lui, mais au nom de tous et parle alors de la beauté comme d'une propriété des objets ; il dit donc... et ne compte pas pour son jugement de satis­faction sur l'adhésion des autres parce qu'il... mais il exige cette adhésion..., et ainsi on ne peut pas dire que chacun ait son goût particulier. Cela reviendrait à dire... «

QUELQUES DIRECTIONS DE RECHERCHE

     De quoi part le raisonnement (et l'analyse) de Kant aussi bien dans le premier paragraphe que dans le second?

     Différence entre « goût « et « bon goût «?

     Pourquoi la notation :   « précisément à l'inverse «?

     Pourquoi « on ne peut pas dire que chacun ait son goût particulier «?

     Quelle(s) fonction(s) ont ici les raisonnements par l'absurde?

 

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« part du particulier pour rejoindre l'universel.Par exemple, lorsque nous disons que les chats sont des félins, nous subsumons la catégorie "chat" sous celle de"félin" comme plus générale parce que nous possédons déjà cette généralité.

En revanche, lorsque nous disons quece tableau de Picasso est un chef d'oeuvre, nous n'usons pas de la notion de chef d'oeuvre comme d'un outil pour laconnaissance.Le jugement de goût qui porte sur les oeuvres est un jugement réfléchissant cad qu'il n'est pas un jugement deconnaissance.

En revanche, le jugement déterminant n'est pas celui par lequel nous apprécions la beauté, mais celuipar lequel nous connaissons. Le jugement de goût s'apparente à une appréciation.

Ainsi, quand je dis : « Ceci est beau » (jugement esthétique),je m'élève par réflexion du particulier à l'universalité.

De même, quand dis: « Ceci sert à telle chose » (jugementtéléologique), je conçois par réflexion l'idée d'une finalité externe.

C'est à l'examen de cette faculté de jugerréfléchissante qu'est consacrée la « Critique du jugement » (ou « Critique de la faculté de juger »). La « Critique du jugement » comprend deux grandes parties : la critique du jugement de goût et celle du jugementtéléologique.

Le texte que nous allons étudier se situe dans la première partie au § 7 (deuxième moment de l'«Analytique du beau »).

Il s'agit de déterminer ce qui permet d'appeler beau un objet et c'est, selon Kant, àl'analyse du jugement de goût qu'il revient de le découvrir.Dans le premier moment (§2 à §5), Kant analyse le jugement de goût sous l'aspect de la qualité.

Il montre que leplaisir esthétique authentique n'est ni un plaisir des sens (agréable) - les fruits d'une nature morte, par exemple, nese mangent pas - ni un plaisir semblable à celui que procure le bien.

Le goût peut donc se définir comme la facultéde juger par une satisfaction ou un déplaisir, indépendamment de tout intérêt.

On appelle beau l'objet d'une tellesatisfaction.

Le deuxième moment (§6 à §9) est consacré à l'analyse du jugement de goût selon la quantité. Dans ce texte extrait de la « Critique du jugement » (ou « Critique de la faculté de juger »), Kant procède à unecomparaison entre deux sortes de jugement : celui se rapportant à l'agréable et celui se rapportant au beau.

Il enressort qu'en ce qui concerne le beau, on ne peut admettre l'opinion courante: «A chacun son goût.

» Le jugementesthétique authentique, qui est désintéressé, se pose comme universel.

Pourtant, comme le souligne Kant, le beaun'est pas une propriété de l'objet, autrement dit il n'y a pas de règle pour définir la beauté.

Comment dès lorscomprendre une telle prétention à l'universalité du jugement esthétique, sur quoi se fonde-t-elle ? Ce texte de Kant est très difficile et nous invite à une lecture très attentive.

Les contresens les plus fréquentsconsistent à affirmer que le beau est une propriété de l'objet, que l'universalité du jugement de goût est un fait,qu'elle est objective.

L'expression «comme d'une propriété des objets » signifie bien que le beau n'est pas unepropriété des objets : lorsque je dis qu'un objet est beau, tout se passe comme si j'attribuais la beauté à l'objet lui-même, mais il n'en est rien.

L'expression « il exige cette adhésion » signifie bien que l'universalité du jugement degoût n'est pas un fait : elle est simplement revendiquée par celui qui juge. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoirpar la foi.

» — Le monde sensible est seul donné à notre expérience et à notre connaissance : ce sont les faits, lesdonnées de la sensation.

Le monde intelligible est une« illusion théorique».

Le pouvoir de la raison pure est illusoire.Les principes de l'entendement pur ne sont pas applicables aux noumènes, mais seulement aux phénomènes ; c'estla dialectique transcendante.

La raison doit reconnaître ses propres limites ; limiter la raison, c'est réaliser sonobjectivité.

— La connaissance se ramène à deux éléments : le monde sensible, ou phénomènes liés à l'espace et autemps et le monde intelligible, ou chose en soi, noumènes, pur objet de pensée.

L'intuition et le concept sont lessources de la connaissance.

— Mais, intellectuellement, il nous est impossible de parvenir à la connaissance dumonde intelligible.

— L'espace et le temps sont les conditions de toute connaissance ; pour qu'un objet possède une. »

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