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Kant: Politique et morale

Publié le 10/01/2004

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La raison (...) énonce en nous son veto irrésistible : Il ne doit y avoir aucune guerre ; ni celle entre toi et moi dans l'état de nature, ni celle entre nous en tant qu'Etats, qui bien qu'ils se trouvent intérieurement dans un état légal, sont cependant extérieurement (dans leur rapport réciproque) dans un état dépourvu de lois - car ce n'est pas ainsi que chacun doit chercher son droit. Aussi la question n'est plus de savoir si la paix perpétuelle est quelque chose de réel ou si ce n'est qu'une chimère et si nous ne nous trompons pas dans notre jugement théorique, quand nous admettons le premier cas, mais nous devons agir comme si la chose qui peut-être ne sera pas devait être, et en vue de sa fondation établir la constitution (...) qui nous semble la plus capable d'y mener et de mettre fin à la conduite de la guerre dépourvue de salut vers laquelle tous les Etats sans exception ont jusqu'à maintenant dirigé leurs préparatifs intérieurs, comme vers leur fin suprême. Et si notre fin, en ce qui concerne sa réalisation, demeure toujours un voeu pieux, nous ne nous trompons certainement pas en admettant la maxime d'y travailler sans relâche, puisqu'elle est un devoir.

L'analyse de Kant repose sur l'opposition du fait et du devoir, de la théorie et de la pratique.  Elle fait valoir que la paix est l'horizon de l'histoire : les conflits armés que l'on observe ne doivent en aucun cas nous conduire à renoncer à cet idéal.  Dès lors, cet idéal apparaît comme ce qui doit guider de façon inconditionnelle nos choix et nos actions, et déterminer sur le plan politique la constitution la plus conforme à cette fin suprême.  

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« On voit ici que celui-ci n'est pas un vain principe mais qu'il peut influer sur le devenir de l'histoire humaine. 3) "Et si notre fin [...] puisqu'elle est un devoir." L'extrait s'achève sur une deuxième conséquence du constat qui se situe ici plus sur un plan moral.

En tant qu'elleest un devoir, la maxime "il ne doit y avoir aucune guerre" doit être le principe de toutes nos actions.

Que cettemaxime demeure une croyance ne supprime en rien sa légitimité : vouloir réaliser la paix perpétuelle ne saurait êtreconsidéré comme une erreur.C'est bien au contraire l'inverse qui constituerait une faute sur le plan moral.Il y a là un travail qui doit mobiliser tous nos efforts et auquel il faut se consacrer "sans relâche" nous dit Kant. B - ÉTUDE CRITIQUE 1) Cet extrait est un plaidoyer inconditionnel en faveur de la paix.

Il s'agit pour Kant de montrer le bien fondé de saposition en faisant appel à la notion de devoir.Il s'agit aussi d'une défense de l'idéal qui loin de constituer une idée vaine parce que non conforme à la réalité, estdotée d'une certaine efficacité en ce qu'il peut ordonner nos actions et par conséquent contribuer à transformer laréalité. 2) On peut objecter à Kant que cette défense inconditionnelle de la paix trouve ses limites dans certainesconditions.

Que doit faire un état, par exemple, lorsqu'il est agressé par un autre sans autre motif que celui d'unprojet hégémonique ?Pour atteindre une fin juste (la paix), il faut parfois recourir à des moyens qui ne le sont pas.Il y a parfois des distorsions ou des incompatibilités entre l'ordre de la politique et celui de la morale.L'éthique de la responsabilité qui doit prévaloir en politique n'est pas toujours conforme, loin s'en faut, à l'éthique dela conviction. 3) On peut aussi montrer comment le texte de Kant qui date des Lumières, peut être relu à la lueur de l'existenced'une instance internationale chargée de régler les conflits entre états. IV - DES REFERENCES UTILES Kant : Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitiqueMachiavel : Le PrinceMax Weber : Le Savant et le politique V - LE POINT DE VUE DU CORRECTEUR Un texte qui ne présente pas de difficultés de compréhension à condition que l'on ait bien saisi que sonargumentation repose sur la distinction entre ce qui est et ce qui doit être.Attention à ne pas substituer l'exemple à l'analyse.L'actualité récente pouvait offrir des pistes de réflexion intéressantes à condition toutefois de ne pas s'en tenir auxfaits. KANT (Emmanuel). Né et mort à Königsberg (1724-1804).

Fils d'un sellier d'origine écossaise, il fit ses études à l'Université de Königsberg, et s'intéressa davantage à la physique et à la philosophie qu'à la théologie.

En 1755, ilest privat-dozent de l'Université de sa ville natale, puis il est nommé professeur extraordinaire de mathématiques etde philosophie.

En 1770, il devient titulaire de la chaire de logique et de métaphysique.

Il vécut dans une demi-retraite pendant onze ans ; puis, commença la publication de ses grands livres, les trois Critiques.

La Révolutionfrançaise l'enthousiasma, et l'on raconte qu'il ne se détournait de sa promenade, minutieusement réglée, que pouren aller apprendre les nouvelles.

Il fut, en 1793, réprimandé par Frédéric-Guillaume II pour deux ouvrages sur lapolitique et la religion.

A la mort du Roi, il reprit sa plume et dévoila l'affaire.

Kant mourut le 12 février 1804, aprèsune très longue agonie.

— A ses débuts, Kant fut un disciple de Leibniz et de Wolff.

Il considère la science commeun fait, dont la possibilité, plus que l'existence, doit nous préoccuper.

La lecture de Rousseau lui fait aussiconsidérer la moralité comme un fait.

Nous retrouvons, en conclusion du système kantien, comme postulats, lescroyances dont Kant a ruiné la valeur dogmatique.

Lui-même a défini son entreprise ainsi : « J'ai remplacé le savoir. »

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