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Kant, Réponse à la question : Qu'est-ce que les Lumières ?

Publié le 24/12/2014

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«La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu'un grand nombre d'hommes, après que la nature les a affranchis d'une direction étrangère restent cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu'il soit si facile à d'autres de se poser en tuteurs des premiers. Il est aisé d'être mineur ! Si j'ai un livre qui me tient lieu d'entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience (1). un médecin qui me dicte mon régime..., je n'ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. Je n'ai pas besoin de penser, pourvu que je puisse payer. Que la grande majorité des hommes tienne aussi pour dangereux ce pas en avant vers la majorité, outre que c'est une chose pénible, c'est ce à quoi s'emploient les tuteurs qui, très aimablement, ont pris sur eux d'exercer une haute direction sur l'humanité. Après avoir rendu sot leur bétail, ils lui montrent le danger qui le menace, s'il s'aventure seul. Or, ce danger n'est pas si grand les hommes apprendraient bien, après quelques chutes, à marcher.»On peut dire de ['idéal démocratique qu'il est une tentation pour trouver une solution à cette difficulté. En faisant de celui qui obéit à la loi celui qui légifère, cet idéal supprime son assujettissement à une «direction étrangère», il instaure autonomie et liberté ; mais en faisant de cette loi une loi voulue par d'autres, il consolide le lien social, la vie communautaire sans laquelle l'humanité ne peut s'épanouir. Il est enfin remarquable que cet idéal puisse animer, sous des formes différentes, des pensées politiques par ailleurs antagonistes, par exemple la pensée de Rousseau dans le Contrat Social, donc la pensée d'un théoricien de l'État, mais aussi celles des théoriciens anarchistes, qui contestent le principe même de l'État. Il faudrait ici analyser avec précision ces perspectives, pour mieux faire apparaître ce qui les approche. Sans faire ce travail, on peut cependant noter qu'à l'intérieur de cet idéal la sécurité n'est plus le résultat d'une dépendance aliénante à une force étrangère, mais l'expression d'une inter-dépendance consciente des membres d'une même communauté, interdépendance dont la loi commune, explicite ou non, est l'expression, voulue par la communauté elle-même et qui consacre la valeur libératrice de la solidarité.QUESTIONS I) Dégagez l'idée principale du texte à partir de l'étude de ses articulations. 2) Expliquez les termes «mineur» et «majorité». À quelles questions, selon Kant, un individu devient-il majeur ? 3) La sécurité est-elle liée à la dépendance, et la liberté au risque ?
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« Réponses rédigées Question 1 CONSEILS GÉNÉRAUX Dégagez l'idée principale du texte à partir de l'étude de ses articulations.

L'analyse de Kant s'appuie sur un constat initial, une observation : beaucoup d'hommes restent mineurs toute leur vie, c'est-à-dire obéissent à d'autres hommes, des tuteurs.

Cette situation s'explique en premier lieu par des causes qui ne sont pas extérieures aux mineurs eux-mêmes : ceux-ci choisissent précisément de rester dépendants, par goût de la facilité, par manque de courage.

Trois exemples illustrent cette dernière idée ; les mineurs se donnent des tuteurs : - sur le plan intellectuel (les livres) ; - sur le plan moral (le directeur de conscience) ; - sur le plan de la santé (le médecin).

Cette même situation s'explique en second lieu par des causes extérieures aux mineurs : les tuteurs les découragent, les dissuadent de quitter leur état de dépendance, en les abêtissant et en leur exposant les dangers de l'accès à l'indépendance.

Enfin, Kant conteste ce dernier point : selon lui, les hommes peuvent parfaitement devenir majeurs.

L'idée principale du texte : s'il existe un si grand nombre de mineurs, c'est essentiellement parce que beaucoup d'hommes n'ont pas le courage de devenir responsables de leurs actes ; et certains hommes, les maîtres, ne font rien pour changer cette situation.

Question 2 Expliquez: Mineur Le mot "mineur» ne désigne pas ici celui qui n'a pas encore atteint l'âge légal de la «majorité» civile ou pénale, âge à partir duquel une personne devient pleinement responsable d'un point de vue juridique.

Dans ce texte, ce mot a un sens plus général.

Il désigne celui qui, comme un enfant, mais toute sa vie, demeure soumis à une «direction étrangère", à la volonté et aux jugements d'autrui.

Ce mineur est donc l'être dépendant d'autrui, «aliéné", mais volontairement, puisqu'il est, en dernière analyse, responsable de son état.

En prolongeant une indication de Kant, on peut dire que cet être n'est pas un homme pleinement accompli (cf.

l'allusion au «bétaM").

15. »

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