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KANT: un mensonge pernicieux ?

Publié le 04/05/2005

Extrait du document

kant
Prenons un acte volontaire, par exemple un mensonge pernicieux, par lequel un homme a introduit un certain désordre dans la société, dont on recherche d'abord les raisons déterminantes qui lui ont donné naissance, pour juger ensuite comment il peut lui être imputé avec toutes ses conséquences. Sous le premier point de vue, on pénètre le caractère empirique de cet homme jusque dans ses sources que l'on recherche dans la mauvaise éducation, dans les mauvaises fréquentations, en partie aussi dans la méchanceté d'un naturel insensible à la honte, qu'on attribue en partie à la légèreté et à l'inconsidération, sans négliger les circonstances tout à fait occasionnelles qui ont pu influer. Dans tout cela, on procède comme on le fait, en général, dans la recherche de la série des causes déterminantes d'un effet naturel donné. Or, bien que l'on croit que l'action soit déterminée par là, on n'en blâme pas moins l'auteur, et cela, non pas à cause de son mauvais naturel, non pas à cause des circonstances qui ont influé sur lui, et non pas même à cause de sa conduite passée ; car on suppose qu'on peut laisser tout à fait de côté ce qu'a été cette conduite et regarder la série écoulée des conditions comme non avenue, et cette action comme entièrement inconditionnée par rapport à l'état antérieur, comme si l'auteur commençait absolument avec elles une série de conséquences. Ce blâme se fonde sur une loi de la raison où l'on regarde celle-ci comme une cause qui a pu et a du déterminer autrement la conduite de l'homme, indépendamment de toutes les conditions empiriques nommées. Et l'on n'envisage pas la causalité de la raison comme une sorte de concours, mais comme complète en elle-même, alors même que les mobiles sensibles ne lui seraient pas du tout favorables mais tout à fait contraires ; l'action est attribuée au caractère intelligible de l'auteur, il est entièrement coupable à l'instant où il ment ; par conséquent, malgré toutes les conditions empiriques de l'action, la raison était pleinement libre, et cet acte doit être attribué entièrement à sa négligence. KANT

Analyse.

·         Thème. L’acte libre et volontaire. Ce texte traite de la capacité qu’a l’homme de décider, ou non, de l’ensemble de ses actes. C’est donc la question de la détermination qui est ici posée.

·         Thèse. Pour Kant ; si l’homme peut effectivement être sous le coup d’une détermination empirique (éducation, suite et enchaînement de causes et conséquences), l’ensemble de ses actes est totalement libre. La raison est libre, et il s’agit là de la cause première de tous les actes humains.

·         Enjeux.

o   Si nous partions du principe que tous nos actes sont déterminés par des causes indépendantes de nous, ce qui est cependant parfois le cas, alors nous ne pourrions plus condamner des actions qui, pour nous, sont cependant éminemment condamnables. Au-delà de tout ce qui peut déterminer nos actes, nous avons tous ce sentiment que les hommes ne sont pas des robots soumis à leurs pulsions, mais des êtres libres.

o   Un autre enjeu sera ici de démontrer que ce sentiment, dont nous parlons, est universel, et que, de ce fait, il s’agit là d’une loi morale.

·         Notions.

o   Raison. Le terme vient du latin, et signifie le calcul, la faculté de calculer. La raison concerne la faculté de penser, de concevoir de l’homme. Est compris comme raisonnable ce qui est compris, reconnu. Chez Kant, spécifiquement, la raison est la faculté de connaissance suprême.

o   Liberté. La liberté est un état permettant à un sujet d’agir sans contraintes ou empêchements, en possédant la capacité de se déterminer selon un choix autonome des fins et des moyens les plus appropriés pour les obtenir.

 

Problématisation.

Pour montrer l'universalité du sentiment moral et du devoir, Kant va s'appuyer sur l'exemple d'un mensonge grave, d'une trahison, aux conséquences extrêmes. On peut bien expliquer cet acte par le jeu des tendances. Mais on ne l'en blâmera pas moins parce qu'on partira du principe qu'il pouvait ne pas mentir, quelles que soient les causes psychologiques qui ont pu le pousser.

 

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kant

« d'une trahison, aux conséquences extrêmes.

On peut bien expliquer cet acte par le jeu des tendances.

Mais on nel'en blâmera pas moins parce qu'on partira du principe qu'il pouvait ne pas mentir, quelles que soient les causespsychologiques qui ont pu le pousser. « Prenons un acte volontaire, par exemple un mensonge pernicieux, par lequel un homme a introduit un certaindésordre dans la société, dont on recherche d'abord les raisons déterminantes qui lui ont donné naissance, pourjuger ensuite comment il peut lui être imputé avec toutes ses conséquences.

Sous le premier point de vue, onpénètre le caractère empirique de cet homme jusque dans ses sources que l'on recherche dans la mauvaiseéducation, dans les mauvaises fréquentations, en partie aussi dans la méchanceté d'un naturel insensible à la honte,qu'on attribue en partie à la légèreté et à l'inconsidération, sans négliger les circonstances tout à fait occasionnellesqui ont pu influer.

Dans tout cela, on procède comme on le fait, en général, dans la recherche de la série descauses déterminantes d'un effet naturel donné.

Or, bien que l'on croit que l'action soit déterminée par là, on n'enblâme pas moins l'auteur, et cela, non pas à cause de son mauvais naturel, non pas à cause des circonstances quiont influé sur lui, et non pas même à cause de sa conduite passée ; car on suppose qu'on peut laisser tout à fait decôté ce qu'a été cette conduite et regarder la série écoulée des conditions comme non avenue, et cette actioncomme entièrement inconditionnée par rapport à l'état antérieur, comme si l'auteur commençait absolument avecelles une série de conséquences.

Ce blâme se fonde sur une loi de la raison où l'on regarde celle-ci comme unecause qui a pu et a du déterminer autrement la conduite de l'homme, indépendamment de toutes les conditionsempiriques nommées.

Et l'on n'envisage pas la causalité de la raison comme une sorte de concours, mais commecomplète en elle- même, alors même que les mobiles sensibles ne lui seraient pas du tout favorables mais tout à faitcontraires ; l'action est attribuée au caractère intelligible de l'auteur, il est entièrement coupable à l'instant où ilment ; par conséquent, malgré toutes les conditions empiriques de l'action, la raison était pleinement libre, et cetacte doit être attribué entièrement à sa négligence.

» KANT. Proposition de plan.1.

(lignes 1 à 9) Un acte volontaire peut-il être déterminé ? · Notre texte débute par un exemple.

Ce dernier, loin d'être anodin (il s'agit d'un acte hautement répréhensible,sortant de la sphère privée pour concerner l'Etat), sera la base de toute la démonstration de Kant.

C'est un cas detribunal, tels que l'on en trouve en tout lieux et en tout temps.· Ce cas, exposé ici, est particulièrement malsain (pernicieux) ; en cela, nous allons pouvoir mieux comprendre enquoi le problème se pose pour nous : il y aura une recherche de causes extérieurs à un tel acte, sans pour autantôter une once de responsabilité à la personne l'ayant commis.· De là, nous pouvons donc commencer notre analyse.

Il s'agira, dans ce texte, de démontrer la volonté qui peutexister à accomplir un acte, quel qu'il soit, et quelques que puissent être les causes empiriques qui en sont àl'origine.· Kant accorde donc à « la défense » qu'il existe bel et bien des causes extérieures qui, misent bout à bout,aboutissent à l'acte qui est jugé.

Il peut donc y avoir, voir même il y a forcement, des causes empiriques à laréalisation d'un acte.· En d'autres termes, l'acte volontaire peut être déterminé.

Il y a, en tout acte une causalité effective.

Nousremarquons donc qu'ici, Kant ne sépare pas l'accomplissement d'un acte de la réalité, de l'empirisme.· Au contraire, tout acte est selon lui ancré dans une histoire, on peut donc lui trouver des causes déterminantes,comme on peut en trouver pour tout, dans la nature.

Ce qui est donc mis en évidence dans cette première partie,c'est la véracité des faits : oui, un acte, aussi volontaire soit-il, trouve sa détermination dans des causesmatérielles.

2.

(lignes 9 à 15) Si détermination il y a, cela empêche-t-il le blâme ? · Cependant, si Kant admet, voir même pose comme étant certaines les causes empiriques d'un acte, cela n'edédouane pas pour autant l'auteur de toute responsabilité.

Ce ne sont d'ailleurs pas ces causes qui sont blâmables.· Mieux encore, dans le jugement d'un acte, de telles causes, même si elles existent, n'ont pas lieu d'être prisent encompte pour justifier l'acte lui-même.

Il existe un sentiment, général, qui, malgré la mise en avant des causesempiriques, considère la responsabilité de l'homme comme tel.· Ce qui apparaît donc ici, c'est que malgré son vécu, l'homme est toujours libre de l'ensemble de ses actes.Autrement dit, même si son vécu justifie l'aboutissement à tel ou tel acte, l'accomplissement de l'acte, le choix dele faire ou pas, ne peut être imputable qu'a l'homme lui même, indépendamment de toute son histoire.· Il n'y a donc aucune cause empirique qui soit suffisante pour justifier l'acte en lui-même.

Mais ce qui apparaît aussiici, c'est que cette affirmation de la prédominance de la volonté dans l'acte, est un sentiment.

Ca ne se démontrepas, mais c'est là.

On sent que l'on pourrait se débarrasser de tout le vécu d'une personne pour condamner sesactes.

Faire comme si.· D'ailleurs, Kant le dit, ligne 15 : « comme si l'auteur commençait absolument avec elles une série deconséquences ».

Cette notion du comme si est importante dans le vocabulaire kantien.

L'idée du sentiment renvoi àun impératif catégorique (agit comme si la maxime de tes actions était valable universellement).

Il y a donc quelquechose, d'universellement compris, qui nous fait prendre conscience que toutes les causes empiriques ne suffisentpas à justifier un acte volontaire.. »

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