Khôlle de philosophie "se parler"
Publié le 12/07/2025
Extrait du document
«
Se parler
Introduction :
Se parler, un acte si quotidien et banal, mais qui revêt une
importance philosophique profonde.
Qu'est-ce que « se parler » ?
Parler c’est discuter avec quelqu'un au sujet de quelque chose ou
de quelqu'un.
Discuter sur un thème, exprimer sa pensée, faire un
discours portant sur tel point.
Parler, dans un sens moins commun, pourrait se définir comme
l’oralisation d’une série de pensée, ayant au préalable était
trier/filtrer dans le cerveau.
Cette oralisation s’effectuerait à
travers un outil bien spécifique : la parole.
Cette parole est de
prime à bord un sens, mais elle devient intelligible aux autres par
le langage, appareil soumis à des normes.
De son côté, « se » est un pronom personnel réfléchi de la
3epersonne du singulier et du pluriel.
Le « se » relève du « soi ».
Se parler signifierait donc parler à soi-même, c’est-à-dire discuter
avec soi au sujet de quelque chose ou de quelqu’un.
En effet, le
« quelqu’un » avec qui je discute dans l’acte de « parler » se
transforme en moi, offrant à l’individu qui « se parle » une sorte de
don d’ubiquité (en tenant compte de la définition de « parler » tel
qu’on nous l’avons conçu).
Se parler prend une autre dimension,
car contrairement à « parler », qui est systématiquement oral car
sinon la personne avec qui on parle ne nous entendrait pas, l’acte
de « se parler » peut être oral comme silencieux.
Par conséquent,
à travers se don d’ubiquité, on peut entretenir une discussion en
silence, dans sa tête, ce qui offre une liberté, car personne ne
peut contrôler quand on se parle.
Il n’y a aucune limite, aucune
frontière à ce qui se passe dans notre tête.
Mais alors si la parole est l’outil qui permet, grâce au langage,
d’oraliser de manière intelligible une pensée pour la partager à un
interlocuteur, on peut aussi parler de « parole intérieure » pour
donner sens à l’outil qui permet d’entretenir une discussion avec
soi.
Par conséquent, cette « parole intérieur », que l’on pourrait définir
comme la parole qui ne se dit pas, ou plutôt celle qui se dit entre
soi et soi, est l’outil disons l’intermédiaire qui permet au langage
de se manifester dans l’esprit, et donc de se parler.
Mais alors, en ayant vu qu’est-ce que « se parler », on peut se
demander si c’est une bonne chose.
En partant du postulat
que tout le monde se parle, les humains prennent-ils la bonne
décision en acceptant ce phénomène ? Autrement dit, dans
quelle mesure pouvons-nous interpréter l’acte de se parler ?
Ainsi, se parler permettrait d’abord d’accéder à une plus
grande capacité interprétative, où le sens est mieux distribué.
Mais « se parler » apparaît aussi comme l’acte de création d’un
espace de réflexion intérieur confiné et privé, dans lequel le
concerné s’insère à travers la parole intérieure pour trouver
une liberté.
Finalement, le lien entre parole, langage, pensée,
et normativité révèle une liberté plutôt limitée à travers l’acte
de se parler.
I-
Se parler permettrait une plus grande
interprétation, le sens serait plus efficacement
distribué.
Si l’interprétation est une action cognitive qui permet de rendre un sujet au sens obscur
en un sujet au sens clair, alors l’interprétation est la plus efficace lorsqu’on se parle.
En effet, avant d’affirmer cela, on peut se poser la question de savoir dans quelle
situation notre capacité interprétative est la meilleure.
Dans quelle mesure la
distribution du sens est la plus efficace, et comment arriver à la conclusion qu’il s’agit
de « se parler ».
Platon, dans Phèdre, écrit vers 380 avant JC que le dialogue permet une
interprétation la plus efficace.
A travers le dialogue de Socrate et Phèdre, il dénonce les
limites de l’écrit, car selon lui il fige la pensée, c’est-à-dire qu’il ne permet pas de
rebondir, de poser des questions, d’apporter un approfondissement comme on pourrait
le faire dans un dialogue.
De plus, selon Platon, l’écrit ne répond pas toujours à nos
questions, il est trop silencieux et provoque le risque d’un malentendu.
Ce point de vue,
qui dénonce l’objectivité du texte, soutiendrait donc que la meilleure interprétation se
trouverait dans le dialogue, car le sens deviendrait plus clair à travers la discussion.
Ce
point de vue peut-être remis en question car à travers l’expérience de lecture, il y a une
distance entre le texte écrit et le lecteur qui se créer, contrairement au dialogue à qui on
peut reprochait son caractère immédiat.
Le texte peut-être envisager comme un espace
de réflexion et un vecteur d’intelligibilité, qui permet une plus grande interprétation.
Par
conséquent, est-ce à travers la lecture ou le dialogue qu’on interprète le mieux ? La
question est de taille.
Ce qui est certain, c’est que se parler réunit ses deux
caractéristiques.
Quand on se parle, entre vous est moi par exemple, on entretient un
dialogue et on rentre dans les arguments de Platon, certes.
Or quand on se parle de soi
à soi, on entretien d’une part un dialogue avec soi, et d’autre part on demeure en silence
dans un espace de réflexion construit en se parlant.
Ainsi, à travers « se parler » on
réunit ce double argument qui démontre une capacité interprétative éminemment
grande.
Lorsque nous nous parlons intérieurement, nous avons la possibilité de reformuler nos
idées, de les examiner sous différents angles.
Ce processus de réflexion permet de
nuancer les significations et de les développer, ce qui enrichit l'interprétation que nous
en avons.
En somme, cette pratique de "se parler" dans la sphère intérieure permet de
multiplier les angles d'analyse et de donner plus de profondeur à notre compréhension
des événements, des émotions et des idées.
C'est comme si, en discutant avec soimême, on arrivait à accéder à des couches plus profondes de sens.
II-
Se parler permet de créer un espace de réflexion
privée ainsi qu’intérieur pour atteindre une liberté
profonde.
Dès lors qu’on se parle, on fait l’expérience unique d’une rencontre avec soi-même.
En
se parlant, tout ce qui se passe autour de nous devient subjectif, et seul le dialogue
qu’on entretient en privée avec soi compte.
Se parler c’est penser, réfléchir, et tout le
monde en fait l’expérience, bien souvent inconsciemment.
Se parler, c’est une sorte de
6e sens inaltérable, qui participe dans la conscience de soi, car en effet, si on pense en
se parlant, alors on est en se parlant.
De plus, se parler permet de créer un espace de
réflexion confiné et privée en soi, qui nous permet une liberté immensément grande.
Même dans la plus grande des dystopies, dans le plus sévère et autoritaire des
systèmes, se parler reste incontrôlable.
Le personnage de Winston Smith en fait
l’expérience dans 1984 de Georges Orwell, car c’est en se parlant qu’il va au-delà de
l’aliénation de la dictature, et même Big Brother ne peut pas savoir qu’il remet en
question la légitimité du système.
Malheureusement, en oralisant sa pensée il sort de
son cocon de liberté intérieur, et finira par se faire arrêter et, accessoirement, tuer.
Ainsi,
en se parlant, on créé un espace de réflexion incontrôlable par les autorités, dans lequel
toute réflexion....
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