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« La beauté n'appartient-elle qu'aux apparences ? »

Publié le 02/10/2011

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 _______________    _______________    « Celui qui aime quelqu’un à cause de sa beauté, l’aime-t-il ? Non ; car la petite vérole, qui tuera la beauté sans tuer la personne, fera qu’il ne l’aimera plus. « Pascal utilise ainsi un exemple ordinaire pour établir un premier lien entre la beauté et l’idée d’apparence. Dans l’emploi philosophique, la référence à l’apparence est aussi péjorative : les apparences ne donnent à voir des choses ou des êtres qu’une sorte de surface peu conforme à ce qu’ils sont au fond, ou ‘en réalité’. Si la beauté, provocation du sentiment esthétique, appartient aux apparences, cela veut donc dire que notre haute perception des qualités intrinsèques des objets beaux n’est qu’une illusion du sentiment esthétique. Il est pourtant des objets qui, s’ils ne font pas l’unanimité, rassemblent beaucoup de sujets autour de leur beauté (qui dirait, par exemple, que les paysages de montagne ne sont pas beaux ?).

« qui ne dépend pas de nos préférences subjectives ni des modes, des revirements de l'art et de l'histoire.

Nous nepouvons pas nier qu'il y ait de la beauté dans la nature.

Cela ne veut-il pas dire que, malgré tout, l'idée de beauté aune réalité objective ?Il est certes très difficile de préciser ce qu'est la beauté.

Cependant, ce qu'il est possible de faire, c'est de définirce qui rend une chose belle, à savoir l'harmonie qu'elle comporte.

Il y a de l'harmonie dans les êtres naturels commeil y a de l'harmonie dans les œuvres d'art.Dans l'Hippias Majeur, de Platon, la position du problème se formule ainsi dans le dialogue entre Socrate et Hippias :« Les belles choses ne sont-elles pas belles par leur beauté ?« Oui, par la beauté.« Qui est une chose réelle ?« Oui, car que serait-elle ? »Socrate envisage donc l'existence d'une beauté indépendante des apparences puisque liée à la réalité et donc à lavérité.

Pour lui, une chose belle, une rose, un visage de femme, est belle par participation à la beauté, en vertu del'harmonie qu'elle comporte.

Ce qu'il importe de découvrir, c'est la beauté en soi.

Cela ne tient assurément passeulement à la matière.

La beauté tient plus à la forme de la chose qu'à la matière.

Le marbre est beau quand il estutilisé bien à propos, quand il y a dans la statue un rapport formel de convenance entre ses parties, c'est-à-direquand il y a en elle une harmonie de composition.

L'harmonie rend une chose belle.

Pourquoi ? Parce que dansl'harmonie, les parties viennent composer un tout, de sorte que la chose harmonieuse rayonne d'une unité quidomine son aspect, son apparence.Mais qu'est-ce que l'harmonie ? L'harmonie se rencontre dans tous les arts, en peinture, en sculpture, enarchitecture… Mais elle aussi très présente dans la nature.

Il y a harmonie quand la convenance des parties del'objet manifeste un ordre qui, loin d'être imposé par le regard ou le jugement du spectateur, par l'oreille del'auditeur, est immanent à la chose même.

Cet ordre suppose un minimum de régularité des formes.

Ainsi, sil'appréciation subjective de la beauté se situe au niveau des sens, c'est à la raison qu'il appartient de préciser leslois objectives qui structurent l'harmonie.

Pythagore avait mis en évidence l'existence d'un nombre d'or régissant lesproportions harmonieuses du corps humain.

C'est à partir de ce même nombre d'or que l'on a pu étudier lesproportions des pyramides ou des temples grecs.

Léonard de Vinci a, lui aussi, représenté dans un dessein célèbre,les cercles donnant les proportions harmonieuses entre les bras, la tête, le tronc, les jambes dans l'unité du corpshumain.Ce à quoi nous conduit donc la théorie de l'harmonie, c'est qu'il y a une beauté objective et donc une beautéfondamentale de la chose en soi.

Plus exactement, ce n'est pas la beauté qui est objective, car elle est liée avanttout à une expérience esthétique particulière, ce qui est objectif dans la beauté, c'est l'harmonie.Ce qui peut étonner, c'est que la nature elle-même puisse être harmonieuse.

Une fleur de tournesol comporte unerégularité, une symétrie, une géométrie en spirale tout à fait étonnante.

La plupart des organismes supérieursprésentent une symétrie.

La beauté naturelle ne procède d'aucun concept humain.

Kant distingue ainsi ce qu'ilappelle la beauté libre de la beauté adhérente.

Par beauté adhérente, il entend la beauté artistique en tant qu'ellese rattache à une fin déterminée.

La cuillère en argent n'est pas jugée belle seulement pour sa forme mais parcequ'elle est rattachée à une fin utilitaire donnée.

Une belle marmite, dit-on, est une marmite qui est bien commodepour faire la cuisine.

A l'égard de la beauté libre, en revanche, le jugement esthétique peut être pur : « dansl'appréciation d'une libre beauté, le jugement de goût est pur.

On ne suppose pas le concept de quelque fin pourlaquelle serviraient les éléments divers de l'objet donné et que celui-ci devrait représenter ».

Dans l'art humain,cette forme de beauté libre existe aussi, à côté des représentations à caractère figuratif : Kant donne l'exemple desdesseins à la grecque, de la musique d'improvisation et même de toute musique sans texte. On serait donc tenté d'affirmer définitivement que la beauté n'appartient pas aux apparences en vertu d'uneconception universelle de l'harmonie.

Mais cette conclusion est gênante parce qu'elle frustre l'homme de sasensibilité en matière d'esthétique.

Le raisonnement nous prend donc en étau entre une conception subjectiviste dela beauté qui tend à lier cette dernière au monde des apparences de façon simpliste et une conception objectivistequi n'est pas acceptable parce qu'elle nous empêche de faire valoir notre sensibilité. En fait, le défaut de ces deux points de vue est de chercher la beauté du côté de l'objet.

Car la beauté, bien réelle,se trouve en réalité dans les profondeurs de l'esprit humain. Que cherchons-nous donc dans l'appel de la beauté ? Shri Aurobindo répond : « Au début, la recherche de la beautéest simplement une satisfaction de la beauté de la forme, la beauté qui fait appel au sens physique, aux impulsions,aux impressions et aux désirs du vital.

Plus évoluée, elle n'est encore qu'une satisfaction dans la beauté des idéessaisies, des émotions suscitées, dans la perception d'une combinaison harmonieuse.

Derrière cela, l'âme de la beautéen nous désire le contact, la révélation, la félicité enivrante d'une beauté absolue qu'elle sent présente en toutechose, mais que ni les sens, ni les instinct ne peuvent nous donner par eux-mêmes, bien qu'ils puissent en être lecanal – car elle est supra sensible – et que ni la raison et l'intelligence ne peuvent non plus nous fournir bien qu'ellesen soient aussi le canal – car elle est supra rationnelle et supra intellectuelle – et que l'âme, à travers tous sesvoiles, cherche à atteindre.

»Cette pensée philosophique est un renvoi aux idées platoniciennes selon lesquelles, en découvrant la beauté descorps, l'âme « se souvient d'elle-même et de tout ce qui lui appartient ».

Elle graviterait ainsi du sensible versl'intelligence, et de l'intelligence vers l'Un.

Elle voit d'abord dans les beautés leur participation à l'idée et ellecomprend que la beauté siège dans un être « lorsqu'il est ramené à l'unité ».Pour rencontrer la source de toute beauté, il faut donc transcender le champ du relatif et pénétrer dans le royaumede l'absolu.

Il faut résister au charme des beautés apparentes et continuer le chemin vers l'intériorité pure.

L'illusionse trouve donc dans le jugement esthétique lorsque celui-ci nous fait prendre pour beau les apparences de la. »

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