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La certitude d'avoir raison est-elle un indice suffisant de vérité ?

Publié le 10/03/2004

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Au principes et catégories sont sans cesse refondus. Ce thème du dialogue de la raison et de l'expérience est mis en avant par Bachelard : « Si l'on pouvait traduire philosophiquement le double mouvement qui anime actuellement la pensée scientifique, on s'apercevrait que l'alternance de l'a priori et de l'a posteriori est obligatoire, que l'empirisme et le rationalisme sont liés, dans la pensée scientifique, par un étrange lien, aussi fort que celui qui unit le plaisir et la douleur. En effet, l'un triomphe en donnant raison à l'autre : l'empirisme a besoin d'être compris ; le rationalisme a besoin d'être appliqué «.Le chercheur peut sans doute avoir des certitudes. Mais il doit s'en méfier et même savoir y renoncer. En science, la certitude n'est qu'un critère purement subjectif. Une théorie n'a aucune valeur si elle n'est que certaine. Encore faut-il qu'elle puisse être validée par l'expérience et que cette expérience soit répétable à volonté.   []   L'homme ne peut se passer de certitudes. Nietzsche montre que même la science se fonde sur une croyance première: la certitude de son efficacité et de son utilité.

Être convaincu, c'est avoir la certitude de quelque chose. Un homme convaincu est certain d'être dans le vrai. Par exemple, le croyant a la certitude que son Dieu existe. Dès lors, il semble que la conviction d'avoir raison amène à un refus de toute forme de dialogue ? Pourquoi dialoguer si je suis persuadé d'avoir raison ? L'autre peut-il m'apporter quelque chose ? On voit déjà que cette certitude absolue pourrait aisément nous amener vers le fanatisme.  L'homme convaincu est-il ouvert aux arguments d'autrui ? Peut-il se laisser convaincre par une thèse différente de la sienne. Le dialogue n'est-il possible que dans la mesure où les interlocuteurs doutent de ce qu'ils pensent, ou bien est-il compatible avec des convictions?

  • I) La certitude d'avoir raison est un indice suffisant.

a) L'idée fausse ne produit pas de certitude immuable. b) La certitude dérive d'un rapport juste entre la chose et l'esprit. c) La certitude est l'absence de doute.

  • II) La cetitude n'est pas un indice de vérité.

a) La certitude est illusoire. b) La certitude n'est rien par rapport à l'efficacité opératoire. c) La vérité scientifique repose sur l'accord entre théorie et expérience.

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« L'essentiel pour atteindre la certitude d'avoir raison réside dans la méthode.

« Méthode » est un mot qui vientdu grec et qui signifie à l'origine « chemin » : c'est la voie qu'on emprunte pour mener sa pensée, pour ne pass'égarer.

Si tous les hommes ont une raison égale, savent également marcher, il semble clair à Descartes quecertains s'égarent, se perdent, dissipent leurs forces.

Il y a une sorte d'obsession cartésienne à ne pas seperdre.

Pour un savant ou un philosophe qui, comme lui, sort des sentiers battus et balisés de la tradition, rienne saurait être plus important que de ne pas s'égarer dans les terres inconnues à découvrir.Aussi trouve-t-on chez Descartes une magnifique définition de la méthode : « Par méthode, j'entends des règles certaines et faciles, grâceauxquelles tous ceux qui les observent exactement ne supposerontjamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer en effortsinutiles, mais en accroissant progressivement leur science, à laconnaissance vraie de tout ce qu'ils peuvent atteindre.

»« Règles pour la direction de l'esprit » (IV). La méthode garantit donc : ï?± La certitude (l'élimination de l'erreur) ;ï?± La facilité et l'économie d'efforts ;ï?± La fécondité et l'augmentation progressive des connaissances ;ï?± La sagesse, en ce sens que l'homme qui s'y soumet atteindra laconnaissance de tout ce qu'on peut humainement savoir. Resterait à dire pourquoi Descartes ressent le besoin de créer uneméthode, applicable à tous les objets de connaissance, après vingt-trois siècle de science et de philosophie.

La première partie du «Discours » en fournit l'explication, qui se présente comme unebiographie intellectuelle.

Descartes y expose ce qui l'a poussé à sortirdes sentiers battus, c'est une véritable crise de l'éducation qui est lesigne d'une crise de civilisation.

Bon élève dans un excellent collège,Descartes découvre avec consternation que tout ce qu'on lui propose, quelles que soient son utilité et sarichesse, n'est bâti « que sur du sable et de la boue ».

Le doute s'immisce dans son esprit : alors qu'il a étééduqué par les meilleurs maîtres, sa recherche d'une certitude échoue.

Il cherchait, et l'éducation luipromettait « la connaissance claire et assurée de tout ce qui est utile à la vie », mais il se trouve «embarrassé de tant de doutes et d'erreurs, qu'il me semblait n'avoir fait aucun profit, en tâchant dem'instruire, sinon que j'avais découvert de plus en plus mon ignorance ».L'échec de la tradition pousse donc Descartes à trouver par lui-même et une connaissance vraie, et laméthode qui y conduit.

Ce faisant, Descartes réduit à néant les autorités traditionnelles, ce système depensée qu'on nomme la scolastique et qui est l'héritage d'Aristote repensé par le christianisme.

Lecartésianisme récuse donc une autorité fondée sur le respect de la tradition, pour y substituer les droits de laraison.

En ce sens, Descartes est le père fondateur de la pensée moderne. [On peut être complètement dans l'erreur tout en étant persuadé de détenir la vérité.

La certitude n'estqu'un simple état psychologique.

Elle n'est pas un indice de vérité et n'entretient avec elle aucun liennécessaire.

Il n'y a de vérité que dans les règles de construction d'un objet, que dans l'efficacité d'une idée.] La certitude est bien souvent trompeuseLa conception de la vérité comme certitude d'avoir raison peut être dangereuse.

Car l'évidence est maldéfinie.

Nous éprouvons un sentiment d'évidence, une impression.

Mais devons-nous accorder à cetteimpression une valeur absolu ? Descartes a senti la difficulté puisque après avoir affirmé que nos idées claires& distinctes sont vraies il reconnaît « qu'il y a quelque difficulté à bien remarquer quelles sont celles que nousconcevons distinctement ».En fait, l'impression vécue de certitude n'est pas suffisante pour caractériser le jugement vrai.

Car on peut secroire dans le vrai et cependant se tromper.

Je veux éprouver un sentiment très fort et très sincère decertitude et pourtant être dans l'erreur.

C'est une grave objection à la théorie de l'évidence-vérité.Comment distinguer les fausses évidences et les vraies évidences, C'est ici qu'un critère serait nécessaire.Descartes disait Leibniz, « a logé la vérité à l'hostellerie de l'évidence mais il a négligé de nous en donnerl'adresse ».

Souvent les passions, les préjugés, les traditions fournissent des contrefaçons d'évidence.

Nousavons tendance à tenir pour claires & distinctes les opinions qui nous sont les plus familières, celles auxquelles. »

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