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LA CONSCIENCE - Alain

Publié le 21/01/2020

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conscience

Dégagez l’intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.

Qu’est-ce qu’un Inconscient ? C'est un homme qui ne se pose pas de question. Celui qui agit avec vitesse et sûreté ne se pose pas de question ; il n’en a pas le temps. Celui qui suit son désir ou son impulsion sans s’examiner soi-même n’a point non plus occasion de parler, comme Ulysse, à son propre cœur, ni de dire Moi, ni de penser Moi. En sorte que, faute d’examen moral, il manque aussi de cet examen contemplatif qui fait qu'on dit : « Je sais ce que je sais ; je sais ce que je désire ; je sais ce que je veux. » Pour prendre conscience, il faut se diviser soi-même. Ce que les passionnés, dans le paroxysme, ne font jamais ; ils sont tout entiers à ce qu’ils font ou à ce qu’ils disent ; et par là ils ne sont point du tout pour eux-mêmes. Cet état est rare. Autant qu’il reste de bon sens en un homme, il reste des éclairs de penser à ce qu’il dit ou à ce qu’il fait ; c’est se méfier de soi ; c’est guetter de soi l’erreur ou la faute. Peser, penser, c’est le même mot ; ne le ferait-on qu'un petit moment, c’est cette chaîne de points clairs qui fait encore le souvenir. Qui s’emporte sans scrupule aucun, sans hésitation aucune, sans jugement aucun ne sait plus ce qu'il fait, et ne saura jamais ce qu’il a fait.

Alain

« Dire Moi », « penser Moi », c’est encore procéder à un examen simultanément « moral » et « contemplatif ». Le Moi se perçoit comme sujet actif et par là même responsable : il assume ses gestes et ses conduites, parce qu’il a le recul nécessaire pour savoir ce qu’il fait. Mais le Moi se perçoit aussi comme sujet spéculatif : il a bien une connaissance — à la fois de ce qu’il sait, de ce qu’il désire et de ce qu’il veut. (Il est clair ici qu’Alain se situe — et sans doute volontairement — dans une méconnaissance complète de l’enseignement freudien, pour lequel le sujet, par définition en quelque sorte, est au contraire condamné à ne pas savoir ce qu’il croit savoir, à ignorer ce qu’il désire et à méconnaître ce qu’il veut.) Un tel Moi est donc totalement transparent à lui-même : il ne recèle aucune zone obscure, et s’offre à une autoconnaissance exhaustive.

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« 22 L'HOMME ET LE MONDE • Pièges à éviter - Ne pas objecter à ce texte l'existence de l'inconscient au sens freu­ dien: il n'est pas vraiment en cause ici.

- Attention au style d'Alain, souvent elliptique : pas de lecture hâtive.

N'oubliez pas de donner du sens à certaines formulations : « des éclairs de penser à ce qu'il dit..»,« guetter de soi l'erreur ou la faute», etc.

- Ne négligez pas les allusions philosophiques possibles (par ex.

«autant qu'il reste de bon sens en un homme»).

CORRIGÉ [Introduction] La conscience, entendue au sens psychologique, a-t-elle déjà une portée morale? Le fait de pouvoir dire Moi m'apporte-t-il une certaine responsa­ bilité sur ce que je dis ou fais? Si tel est le cas, l'inconscience - même dans UQ sens non freudien : comme simple baisse ou éclipse, pour diverses raisons, de la conscience - est grave en elle-même : elle n'ou­ blie pas seulement le Moi, elle oublie aussi sa responsabilité, aussi bien sur le passé que sur le présent.

Telle est du moins l'une des idées que pré­ sente Alain dans ce texte.

[I.

La conscience est questionnement] L'être inconscient que cerne ici Alain n'a rien à voir avec les théories freudiennes : il désigne seulement celui chez qui la conscience perd de son efficacité, et de sa fonction, parce qu'elle est notamment perturbée par des comportements qui en contredisent la possibilité.

Cet inconscient est d'abord celui «qui ne se pose pas de question».

S'il ne se questionne pas, c'est qu'il n'en a pas le temps : il agit avec « vitesse et sûreté ».

Ainsi toute réaction automatique, tout réflexe empêche la prise de conscience : le corps agit ou réagit seul, sans inter­ vention de la pensée.

Autre raison qui interdit que l'on s'examine soi-même : le désir que l'on suit, l'impulsion à laquelle on obéit.

Le sujet, sans doute, ne s'appar­ tient plus dans de telles circonstances, il est comme soumis à une détermi­ nation extérieure.

D'où son incapacité à comprendre par analyse ce qui lui arrive, et à « parler à son propre cœur » - ce qui signale la possibilité de « dire Moi », de « penser Moi » : la majuscule redoublée souligne l'im­ portance, la majesté de ce qui est ainsi perdu.

Et Alain de faire référence à Ulysse - dont Homère indique fréquemment en effet qu'il« parle à son. »

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