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La conscience est-elle naturelle ?

Publié le 21/02/2005

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Cette dernière est présentée comme nature contingente (pouvant ne pas être), tandis que la nature de la conscience, s'opposant à la nature du monde, est nécessaire (Méditations cartésiennes).   II La conscience morale comme héritant de l'ambiguïté de la naturalité de la conscience psychologique stricte : Rousseau et Leibniz   -Rousseau : la conscience morale se présente comme un sentiment naturel. Les notions de bien et de mal nous sont donnés par la nature. Cette voix de la conscience, que Rousseau nomme "voix de la nature" (Emile ou De l'éducation), est un phénomène spontané, présent en chaque homme, de même qu'au niveau physiologique Freud décrivait l'émergence de la conscience psychologique dans tout être humain. Mais, de même que Husserl installait une rupture entre nature de la conscience et nature du monde empirique, Rousseau affirme que cette naturalité de la conscience morale rend l'homme semblable à Dieu, le distinguant du reste de la Création.   -Leibniz : dès lors, pour concilier cette naturalité de la conscience et l'écart qui subsiste néanmoins entre la nature humaine et la nature des autres êtres de la Création, il faut concevoir une nature à plusieurs degrés, en elle-même diverse, unifiée par l'action créatrice d'un Dieu tout-puissant. C'est ce que fait Leibniz dans La Monadologie : les hommes sont décrits comme des monades (individus créés par Dieu) qui ont cette spécificité d'être dotées de conscience. C'est ce qui leur accorde selon Leibniz cette vertu qui est la responsabilité et qui les intègre au "royaume de Dieu", qui est une partie singulière de la nature tout entière.   III Penser la naturalité de la conscience sans Dieu : la culture comme nature symbolisée et critique, Freud à nouveau et Nietzsche   -Freud : la pensée de Freud évolue notamment dans Le ça et le moi, où la second topique décrivant le fonctionnement de l'appareil psychique dépasse la stricte naturalité psycho-somatique de la première topique (L'Interprétation des rêves). La topique est structurée autour du ça, du moi et du surmoi.

Il faut ici remarquer l'ambiguité propre au sujet : la conscience peut désigner la conscience psychologique, prise comme phénomène nous apparaissant spontanément, ou la conscience morale, qui nous indique les critères de valeur du bien et du mal. La question se pose donc aux deux niveaux : la conscience qui nous est donnée fait-elle partie de la nature de l'homme et du monde ? Et la conscience morale nous est-elle innée, donnée selon notre nature d'être humain, ou ne peut-elle se comprendre que comme construction symbolique (conventionnelle, établie selon un accord entre les hommes) nécessairement inscrite dans une société des hommes ? De plus, quel lien peut-on établir entre cette conscience psychologique et cette conscience morale ?

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« • Le raisonnementIl est un fait que chacun entend en lui-même la voix de sa conscience qui lui dicte son devoir.Quelle est la nature de cette voix ? Rousseau emploie l'expression a instinct divin ».

Le mot « instinct » est engénéral utilisé pour caractériser les conduites animales ou ce qui, en l'homme, relève de son aspect « animal » ets'oppose à la raison.

Or, ici, Rousseau l'emploie au contraire pour nommer ce qui va diriger l'homme vers uneconduite non animale (« sans toi je ne sens rien qui m'élève au dessus des bêtes »).Parler d'instinct à propos de la conscience permet de ne pas l'identifier à la raison.

Comme l'instinct animal, laconscience n'est pas le résultat d'un apprentissage ou d'une réflexion, le fruit de connaissances : elle estspontanée, « innée ».

Mais, en même temps, l'adjectif « divin » différencie la conscience de l'instinct animal ensoulignant son caractère éminemment spirituel.Pourquoi sommes-nous « sourds » ? Si la conscience était à nos actions ce que l'instinct est à la conduite animale,nous ne pourrions lui résister.

Mais, précisément, « tout » nous fait oublier cette voix de la nature.

a Tout », c'est-à-dire l'éducation que nous recevons dans la société et qui, dès l'enfance, inculque des préjugés.

La voix de laconscience n'est ni celle de la raison instruite, ni celle du fanatisme nourri dès l'enfance.

D'où le projet de Rousseaudans l'Émile d'expliquer ce que pourrait être une éducation --qui préserve, pour l'enfant, la possibilité d'entendrecette voix à la fois naturelle et divine. • Rapprochements possibles et intérêt philosophique du texteOn retrouvera chez Kant la même idée selon laquelle le sens moral est à la portée de tout homme, même non instruit: chacun sait immédiatement où est son devoir.

Mais cette universalité même de la moralité est pour Kant le signeque la conscience morale est l'oeuvre de la raison : non pas une raison « théorique » ou « savante », mais uneraison pratique.

Contrairement à Rousseau, Kant ne fait pas de la morale un sentiment qui s'éprouve mais une loi quis'impose à tout être raisonnable.

La différence entre Kant et Rousseau n'est pourtant pas si grande : lorsqueRousseau dissocie conscience et raison, c'est à la « raison savante » qu'il pense, et le sentiment moral, dans saspiritualité, est pour lui hautement raisonnable. -Leibniz : dès lors, pour concilier cette naturalité de la conscience et l'écart qui subsiste néanmoins entre la naturehumaine et la nature des autres êtres de la Création, il faut concevoir une nature à plusieurs degrés, en elle-mêmediverse, unifiée par l'action créatrice d'un Dieu tout-puissant.

C'est ce que fait Leibniz dans La Monadologie : les hommes sont décrits comme des monades (individus créés par Dieu) qui ont cette spécificité d'être dotées deconscience.

C'est ce qui leur accorde selon Leibniz cette vertu qui est la responsabilité et qui les intègre au"royaume de Dieu", qui est une partie singulière de la nature tout entière.

III Penser la naturalité de la conscience sans Dieu : la culture comme nature symbolisée et critique, Freudà nouveau et Nietzsche -Freud : la pensée de Freud évolue notamment dans Le ça et le moi , où la second topique décrivant le fonctionnement de l'appareil psychique dépassela stricte naturalité psycho-somatique de la première topique ( L'Interprétation des rêves ).

La topique est structurée autour du ça, du moi et du surmoi. Cette dernière instance permet au sujet, en se confrontant à celle du moi,d'intérioriser les normes sociales et symboliques de la société humaine.

Laconscience possède donc toujours une origine naturelle, ancrée dans lespulsions inconscientes du ça, mais elle doit composer avec la productionculturelle du surmoi.

Le moi de la conscience est donc cette instance critiquequi vient actualiser la nature de l'homme en la confrontant à cette productionculturelle.

-Nietzsche va plus loin que Freud : non seulement la conscience fait émergerune production de symboles (sens conventionnels établis entre les hommes)qui vient réactualiser la nature humaine, la transformer, mais cetteréactualisation peut apparaître comme un affaiblissement de cette nature.

Laconscience, comme création de symboles, peut ainsi niveler la singulariténaturelle de l'individu, pour les besoins de communication qui sont ceux de lasociété humaine ( Le gai savoir ). Conclusion -La conscience est naturelle : elle provient nécessairement de la nature physiologique et sociale de l'homme.

-Mais cette nature de la conscience est à distinguer de la nature du monde extérieur : elle est une nature critique,qui a un pouvoir de transformation sur elle-même.

-Par conséquent, on peut penser la conscience comme une production naturelle de culture, dans le sens où laculture est précisément cette tâche critique d'actualisation de la nature humaine.

Cette tâche critique estsusceptible d'un affaiblissement (illusion d'un donné naturel de valeurs, en fait culturelles), ou d'un trop granddéveloppement (suprématie alors illusoire de la culture comme maîtresse de la nature, alors qu'elle n'est que ledéveloppement humain et critique de cette dernière).. »

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