La conscience est-elle source d'illusions ?

Qu’elle soit psychologique et cognitive ou qu’elle soit morale, la conscience est ce point de départ absolu, fondement de tout jugement et de toute connaissance. Elle est nécessairement objective puisqu’elle est la source de toute objectivité.

Selon la phénoménologie contemporaine, on n'a pas bien compris la nature de la conscience, lorsque l'on en fait une chose à propos de laquelle on pose la question de l'objectivité. Husserl, en approfondissant la réflexion sur la conscience, montre, dans les Médita-tions cartésiennes, que, même en pratiquant ce qu'il appelle l'«époché», c'est-à-dire la suspension de tout jugement - et notamment de tout jugement d'exis-

tence - au sujet du monde, la conscience n'en continue pas moins à se rapporter au monde qu'elle vise comme son objet. La conscience, par conséquent, n'est ni intériorité, ni «chose», mais extériorité, «rapport à...», intentionnalité. Avant d'être l'instrument d'une connaissance, la conscience est donatrice de sens, si le sens est ce par quoi un être s'oriente vers quelque chose, ailleurs et à venir.

«Chacun de nous peut apercevoir qu'il ne peut douter de l'existence de son moi sans se contredire effectivement. Cette aperception a force d'évidence subjective, mais exprime une prétention cognitive à valeur intersubjective.»

Edmund Husserl, Méditations cartésiennes