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La conscience fait-elle de nous des sujets libres ?

Publié le 04/11/2009

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conscience

La notion de conscience est une invention, ou une découverte (comme l’on voudra), tardive dans l’histoire de la philosophie. Sa première occurrence à titre de concept philosophique a lieu dans le Livre I de l’Essai sur l’entendement humain de Locke (1690). Deux acceptions en caractérisent son opérativité en des domaines distincts de l’application de la réflexion philosophique : il y a d’une part la conscience au sens de conscience morale (la bonne conscience, la direction de conscience, etc.), et d’autre par la conscience au sens de la connaissance de soi. Nous qualifierons une telle acception d’ “ épistémique ” (episteme signifiant la connaissance en grec – on la retrouve dans la formation du terme ‘épistémologie’, par exemple). Bien que la dimension morale de la conscience paraisse être en relation immédiate avec la notion de liberté (la liberté est en effet pour partie l’affaire de la morale, et peut-être la plus importante), nous privilégierons par la suite cette seconde caractérisation de la notion de conscience, et ce sur la base du simple fait que la liberté suppose d’être sue comme telle, c’est-à-dire éprouvée consciemment par le sujet comme une connaissance de soi, pour que ce dernier soit dit libre – il n’y aurait en effet aucun sens à dire d’un sujet qu’il est libre s’il s’ignore l’être, et qui plus est s’il s’ignore pouvoir l’être (ceci aura son importance par la suite (point I)). Dans une certaine mesure, il est possible de dire de la conscience dans son sens moral qu’elle est un dérivé de la conscience épistémique, sa transposition du domaine de la connaissance à celui de la pratique ; et donc la conscience, au sens de la connaissance de soi, d’être plus fondamentale.

conscience

« taille, c'est que celle-ci ne peut jamais être vérifiée dans les faits (auquel cas elle appartiendrait en effet au règnenaturel, quant à lui déterminé par la causalité).

Donc, la liberté kantienne ne peut être qu'un postulat de la raison.Elle ne saurait être attestable dans l'expérience.

Jamais le sujet ne peut être garanti de sa liberté.

Toujours il nepeut que la supposer.

D'une manière plus désenchantée, mais certainement moins utopiste, Spinoza renie lapossibilité d'une liberté qui serait celle du libre-arbitre.

La liberté pour lui consiste précisément dans la prise deconscience des divers déterminations qui agissent le sujet.

Etre libre est alors se libérer de l'illusion de la liberté, pour désormais au contraire se savoir en pleine conscience des déterminations qui régissent les actions du sujets.Etre libre, c'est se savoir déterminé.

Mais cela n'est qu'une piètre consolation pour ceux qui s'imaginent pouvoirlégitimement attribuer au sujet la propriété de liberté.

Il n'y a pas de “ nous ” tel qu'on puisse de ce dernier dire qu'ilest libre.

En ce sens, puisque la liberté n'est pas, et il n'y a pas de sens à dire de la conscience qu'elle puisse enêtre la cause (à moins de se satisfaire de la liberté au sens de Spinoza, ce qui est fortement déceptif).

II.

L'existence effective de la conscience Supposons toutefois, pour l'intérêt de l'énoncé, que la liberté existe.

Pourrait-on en dire autant de la conscience.N'oublions pas que l'existence de cette dernière est bien sûr nécessaire à son effectivité, car si elle n'existait pas,elle ne pourrait non plus agir.

Malgré son absence dans le corpus cartésien, nous pouvons cependant repartir de sa conception de la subjectivité pour ensuite en tirer les conséquences quant à l'existence effective de la conscience.Ceci tient simplement au fait que, dans nos thèmes, nous avons présenté la conscience comme relation réflexive etd'altérité du sujet à lui-même.

Il faut donc qu'il y ait sujet pour qu'il puisse y avoir conscience.

Or, rien n'est moinssûr, et ce, chez Descartes même.

En effet, pour ce dernier, le sujet n'est pas susceptible d'être objectivé, car lesujet n'est pas une substance.

Le sujet n'est pas objectivable, parce que précisément il est ce qui objective.

Jamaisle sujet comme tel ne peut être objet d'investigation.

On ne se penche pas sur le sujet comme on peut le faire surune chose.

Le sujet échappe ainsi à la possibilité de la définition.

Sa saisie, serait-elle réflexive (je pense, je saisque je pense), s'opère sur le mode d'une coïncidence intuitive.

Et la déduction de son existence n'en est pas une –contrairement à ce que l'on pense, il n'y a pas de ergo , mais plutôt la simultanéité d'un “ je suis, j'existe ” ( Seconde méditation ).

Aussi, il n'y a pas pour le sujet cartésien de possibilité de se rapporter à soi-même comme à un autre, objet alors de notre introspection.

Si la relation d'altérité est caractéristique de la conscience au sens épistémique,alors il n'y a pas à proprement parler de conscience du sujet comme connaissance de soi.

Le sujet s'échappe enquelque sorte à lui-même.

C'est ainsi que plus tard, tant Hume en le qualifiant d'illusion par reconstructionrétrospective ( Enquête sur l'entendement humain ) que Nietzsche en le stigmatisant comme le produit l'hypostase d'une catégorie grammaticale (prendre la première personne du singulier pour une substance métaphysique existantréellement), en ont dénoncé la fiction.

Or, puisque (selon ces philosophes), le sujet ne saurait exister, a fortiori la conscience elle-même ne pourrait avoir une quelconque efficience.

Et si la conscience n'existe pas, elle ne peutimpliquer (ou, être la cause de) la liberté du sujet – serait-elle supposée existante.

* Conclusions - La liberté de sujet n'existe pas (en tant que prédicat de la subjectivité), donc la conscience ne peut en être la cause.

La conscience n'existe pas (puisque le sujet ne peut se prendre pour objet de lui-même (relationde réflexivité et d'altérité)), donc elle ne peut être la cause de la liberté du sujet – dont au demeurant la libertén'existe pas. - La seule possibilité d'une réponse positive à l'énoncé réside dans une acception morale de la notion de conscience.

Le problème de la conscience morale est qu'elle-même n'est qu'une affaire de mot ( flatus vocis ) ; autrement dit n'est définissable qu'en se payant de mot.

Or, mettre l'indéfinissable et l'obscur au principe d'unedétermination, qui plus est lors qu'elle est causale, semble bien incompréhensible. - Cela se ramène qu fait que la subjectivité n'est pas un concept abstrait et définissable dont “ nous ”, individus indéterminés, participerions comme d'un prédicat.

Or puisque le sujet n'existe pas, il ne peut y avoir niconscience ni liberté du sujet.

Seuls sont les “ nous ”.

Il ne sont pas à définir, serait-ce en termes de liberté.. »

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