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La construction du fait historique ?

Publié le 15/02/2004

Extrait du document

C'était peu vraisemblable : car, à la mort de Galilée,  Pascal n'avait que 18 ans !  Mais quoi ! ce n'était qu'une raison de plus d'admirer la précocité de son génie ! Malheureusement, dans une de ces lettres, Galilée se plaignait de n'écrire qu'au prix de beaucoup de fatigue pour ses yeux. La lettre était datée de 1641. Or Galilée était complètement  aveugle depuis 1637 ! ! !           Mais  l'histoire scientifique ne repose pas seulement sur des témoignages, sur des textes (comme les historiens français l'ont cru au XIX ième parce qu'ils avaient reçu à l'Ecole Normale supérieure une formation exclusivement littéraire). A côté des témoignages volontaires, il y a des vestiges, « documents involontaires  que sans préméditation le passé a laissé tomber le long de sa route », monnaies, poteries, édifices : d'où l'utilité des sciences auxiliaires, archéologie, numismatique. Marrou (in « De la connaissance historique ») écrit : « Grâce au progrès de la documentation accumulée et exploitée par nos sciences auxiliaires, grâce aux monnaies, aux inscriptions, aux papyrus, nous pouvons aujourd'hui connaître Tibère, Claude ou Néron par bien d'autres voies que les Annales de Tacite ». C'est ainsi que les « tables claudiennes » de Lyon exhumées par l'archéologie nous ont conservé le texte authentiques d'un discours de l'empereur Claude. On peut confronter cette inscription avec le discours tel qu'il est rapporté par Tacite. Tacite (comme l'a montré Carcopino) avait le texte authentique sous les yeux et l'a quelque peu transformé avec ses préjugés sénatoriaux. Ainsi du même coup nous rétablissons le discours de Claude en sa vérité et nous avons des lumières sur le point de vue de Tacite.         Mais la reconstruction du passé présente inévitablement d'énormes lacunes.

« Mais l'histoire scientifique ne repose pas seulement sur des témoignages, sur des textes (comme leshistoriens français l'ont cru au XIX ième parce qu'ils avaient reçu à l'Ecole Normale supérieure une formationexclusivement littéraire).

A côté des témoignages volontaires, il y a des vestiges, « documents involontaires que sans préméditation le passé a laissé tomber le long de sa route », monnaies, poteries, édifices : d'où l'utilité des sciences auxiliaires, archéologie, numismatique.

Marrou (in « De la connaissance historique ») écrit : « Grâce au progrès de la documentation accumulée et exploitée par nos sciences auxiliaires, grâce aux monnaies, auxinscriptions, aux papyrus, nous pouvons aujourd'hui connaître Tibère , Claude ou Néron par bien d'autres voies que les Annales de Tacite ».

C'est ainsi que les « tables claudiennes » de Lyon exhumées par l'archéologie nous ont conservé le texte authentiques d'un discours de l'empereur Claude .

On peut confronter cette inscription avec le discours tel qu'il est rapporté par Tacite .

Tacite (comme l'a montré Carcopino ) avait le texte authentique sous les yeux et l'a quelque peu transformé avec ses préjugés sénatoriaux.

Ainsi du même coup nous rétablissons le discoursde Claude en sa vérité et nous avons des lumières sur le point de vue de Tacite . Mais la reconstruction du passé présente inévitablement d'énormes lacunes.

Ce ne sont pas nécessairementles documents les plus importants qui se sont conservés.

Certains documents demeurent inaccessibles ( La compagnie de Jésus ne livre pas ses « Collections au profane », la Banque de France ne permet pas aux historiens du Premier Empire de consulter ses registres).

D'autres documents sont perdus, détruits.

Alain disait : « Un document est un vieux papier que la dent des rats, la négligence des héritiers, les flammes de l'incendie...

lesexigences de la chaise percée ont épargné par hasard ! ». Mais de toute façon l'esprit critique ne suffit pas pour révéler le fait historique.

L'esprit critique, dit Marrou , peut nous empêcher de communiquer avec une époque passée.

L'attitude des historiens positivistes ressembleraittrop à celle que prête Stendhal à ses personnages (« je suppose toujours que la personne qui me parle veut me tromper »).

Marrou demande à l'historien « sympathie » et « amitié » pour les témoins qu'il convoque à son tribunal (« on ne peut connaître personne sinon par l'amitié », dit Augustin ).

Pour faire un travail d'histoire religieuse, il faut avoir fait soi-même l'expérience de la vie spirituelle et ne pas être dépourvu de sens religieux.

De même, ce n'estpas l'impartial et indifférent Xénophon qui nous fait le mieux connaître Socrate , mais bien Platon , le disciple enthousiaste.

Seulement, une nouvelle difficulté surgit ici.

Si l'historien est en communication affective avec lepassé, ne risque-t-il pas en croyant découvrir le passé vivant en une « résurrection intégrale » ( Michelet ) de le recouvrir à son insu de ses propres passions, de projeter en lui sa propre subjectivité ? Ce sont précisément lesépoques qui ont le plus vénéré le passé (moyen âge, romantisme) qui ont, affectivement, attaché le plusd'importance aux traditions, aux origines, ce sont ces époques qui ont fait précisément les récits les moins objectifs,les plus entachés de passion, les plus mensongers ! Cette difficulté est largement soulignée d'ailleurs par lesphilosophes et par les historiens contemporains, comme nous allons le montrer maintenant. [1] La critique externe porte sur la forme du document, c'est-à-dire : 1) sur son intégrité (critique de restitutiondestinée à rétablir le document, qui a pu être plus ou moins altéré, dans sa forme originelle) ; 2) sur sonauthenticité (critique de provenances destinée à s'assurer si le document est bien de la source : auteur, époque,etc., à laquelle il est attribué). [2] La critique interne porte sur le contenu du document, c'est-à-dire d'abord sur sa signification (critiqued'interprétation) : bien des documents doivent être déchiffrés ( Champollion ), traduits etv aussi interprétés (allusions à d'autres faits, métaphores, symboles, etc.) – Tout ce travail constitue ce qu'on appelle la critiqued'érudition, car l'historien a besoin de s'appuyer ici sur certaines sciences spéciales, souvent très techniques, qu'onappelle parfois les « sciences auxiliaires de l'Histoire » : archéologie, épigraphie, paléographie, numismatique etc.... Ce travail, déjà fort complexe, qui suffit pour les documents ordinaires, ceux qui ne sont que des traces, desvestiges du passé, se complique encore pour ceux qui sont des témoignages, c'est-à-dire qui impliquent l'assertiond'un « témoin », parce qu'ils sont destinés à renseigner, soit les contemporains, soit la postérité.

Ce sera alors lacritique interne négative, destinée à éliminer les erreurs, volontaires (critiques de sincérité) ou involontaires (critiqued'objectivité).

Ici se pose le grave problème de la valeur probante du témoignage humain.

L'expérience couranteaussi bien que les recherches expérimentales effectuées par les psychologues sur cette question montrent que letémoignage, même le plus sincère et le plus impartial est rarement véridique de tous points : l'esprit humaininterprète et, par conséquent, déforme le fait en l'enregistrant : il le déforme encore en le rapportant. On s'explique qu'on ait pu conclure qu' « un témoignage juste n'est pas la règle mais l'exception. » ( Claparède ). D'où résultent les règles suivantes : 1) l'historien ne devra « tenir un témoignage pour décisif que s'il est confirmé par ailleurs » ( Halphen ) ; il fera sien l'adage de jurisprudence : « Testis unus, testis nullus », « Un seul témoin, témoin de rien » ; la preuve, en effet, n'est pas ici dans le témoignage lui-même, qui peut toujours être erroné, mais dans le fait de la concordancedes témoignages ; les « recoupements » sont donc indispensables. 2) encore faut-il que les témoignages qui tombent d'accord soient indépendants les uns des autres : s'ils. »

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