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La critique de l'inconscient freudien

Publié le 20/08/2011

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Le premier à s'être opposé de manière virulente à l'inconscient freudien ne fut autre que le maître de Husserl et Freud lui-même, Franz Brentano, affirmant la contradiction inhérente à un possible clivage dans la psyché humaine. En effet, psychologue et philosophe, ce dernier s'est attaché à présenter une psychologie humaine dépositaire de son expérience. Sa psychologie empiriste ne pouvait concevoir l'idée d'une force sous-jacente et inaccessible à la conscience, tout en étant active ! D'autres philosophes furent également de fervents opposants à la thèse freudienne. L'une des plus fameuses critiques est attribuée à l'épistémologue (philosophe des sciences) Popper. Ce dernier, occupé à chercher un critère propice à valider ou infirmer les énoncés prétendument scientifiques, s'insurge justement contre cette hypothèse que Freud présente comme « scientifique «.

« croyance en l'hérédité; y-aurait-il une analogie entre chacune d'elle? ne procède-t-elle pas toutes deux d'un mêmefoi, qui serait peut-être mauvaise foi?En effet Alain nous présente ici l'inconscient comme un mythe, une erreur et une faute; croire en lui serait doncpécher contre la vérité, mais aussi le bien; la croyance supposant une adhésion volontaire. Selon Alain l'inconscient psychique n'existerait pas, il ne s'agirait que d'un hypothèse commode permettant lasoumission de l'âme au corps et l'excusant, rendant possible l'abandon de toute responsabilité au nom d'undéterminisme psychologique, qui comme le déterminisme biologique présidant à la foi en l'hérédité, fait de moi unechose, m'enferme dans une nature contre laquelle je ne puis rien.Or pour notre auteur l'homme n'est pas une chose parmi les choses, il est avant tout sujet, c'est-à-dire un êtredoué de pensée, et la véritable pensée, qui ne peut être que consciente, est plus forte que le corps et peut et doitle soumettre à sa volonté.L'enjeu est donc ici d'affirmer la liberté, et la responsabilité morale qui en découle, pour l'homme considéréessentiellement comme sujet pensant.Cependant la thèse d'Alain repose sur une conception qui peut sembler discutable de l'inconscient, car sil'inconscient est pur mécanisme, comment expliquer qu'il puisse expliquer certains phénomènes psychologiques etpsychopathologiques en comblant les lacunes de la conscience et en proposant des interprétations dont lapertinence est parfois troublante?Mais si l'hypothèse est défendable doit-elle pour autant conduire à l'abandon morale de soi? C'est toute la questionque pose ce texte.Si la conception du moi; comme sujet pensant et autonome, indépendant de toute détermination lui étantextérieure; est une illusion; peut-être s'agit-il d'une illusion bienfaisante permettant au moi d'advenir, de passer del'illusion à une réalité dont il aurait conscience de la relativité. Alain , professeur de philosophie, journaliste, écrivain se consacre à la diffusion d'une pensée rationaliste qui réfute les courants à la mode au profit de la « grande philosophie » traditionnelle, représentée, selon lui, par Platon , Descartes , Hegel , Comte .

Il considère la philosophie comme un instrument de libération où l'esprit maîtrise l'imagination et les désordres de la passion.

Cette victoire de la raison, qui est toujours à recommencer,passe par la soumission du corps et le rejet des inerties « qui, si on n'y prend garde, prennent le masque de la pensée. » Aussi Alain refuse-t-il, chaque fois qu'il a à s'exprimer sur ce point, la croyance à l'inconscient.

Dans « Eléments de philosophie », il écrit : « L'inconscient est une méprise sur le moi, c'est une idolâtrie du corps.

On a peur de l'inconscient ; là se trouve logée la faute capitale.

Un autre moi me conduit qui me connaît et que jeconnais mal.

L'hérédité est un fantôme du même genre. » (Livre II, chapitre XVI). Ici la formule est empreinte d'une certaine réserve, mais souvent la dénonciation est beaucoup plusviolente.

Ainsi, dans son « Histoire de mes pensées », il écrit : « J'allais ainsi contre le plus fort préjugé des temps modernes ; et de toute façon je devais être jugé sévèrement par tous les docteurs, du moment que jen'adorais pas à quatre pattes l'inconscient, le subconscient, le seuil de conscience, et d'autres articles de laphilosophie simiesque .

» En tout cas, elle est de principe : « Dans les disputes sur l'inconscient, où, contre toutes les autorités établies et reconnues, je ne cède js un pouce de terrain » (« Sentiments, Passions et Signes »). Ce n'est certes pas, on s'en doute qu‘ Alain ignore tout de Freud (pour l'inconscient psychique), ou de Darwin (Pour les lois de l'hérédité).

« Qu'un mécanisme semblable à l'instinct des bêtes nous fasse souvent parler et agir, et par suite penser, cela est connu et hors de discussion » (« Sentiments, Passions et Signes »). On ne peut pas dire non plus qu' Alain n'ait pas un moment essayé de comprendre cette doctrine : « Ne cherchez jamais à quoi pense un foi, mais plutôt observez comment un dérangement mécanique produit des signes qui n'ontpas de sens […].

Je pensais à ces choses comme je lisais la « Psychanalyse de Freud ; ce n'est qu'un art de devinerce qui n'est point » (« Propos », « Signes ambigus », 17 juillet 1922). Ou encore dans un « Propos » antérieur : « Cette idée de l'inconscient, tant vantée et si bien vendue, je n'en fais rien ; […] quand j'ai voulu en user, afin de me mettre à la mode, elle n'a rien saisi de l'homme, ni rienéclairé » (« Fantômes », 23 septembre 1921). Il s'agit, pour Alain , de quelque chose de plus qu'une simple question de mots.

Il estime qu'on ne peut aucunement, à partir des doctrines sur l'inconscient ou l'hérédité, fonder une quelconque morale : « Le public comme les auteurs n'ont point coutume de dire conscience morale ; ils disent conscience, et tout est dit », ou encore, « J'étais aidé par la langue commune, qui n'admet point d'autre sens du mot conscience que celui qui implique le jugement moral. » ( Alain , « Histoire de mes pensées « ).

Au contraire, lorsque Freud parle d'inconscient, il le fait en référence à la conscience psychologique, et pas du tout par rapport à la consciencemorale. Certes la conscience est toujours double, car la conscience oppose toujours ce qui devrait être à ce quiest. « La conscience suppose une séparation de moi d'avec moi, en même temps qu'une reprise de ce qu'on juge. »

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