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La croyance n'est-elle qu'une démission de la raison ?

Publié le 12/01/2004

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Cit. , p. 118). C'est le fait de croire, avant toute raison, qui reste absolument premier.III - La mise en échec de l'orgueil de la raisona) Il y a là de quoi considérer qu'en définitive l'implication de la raison dans la religion n'est jamais que l'expression de sa vanité. Dieu ne s'adresse pas à la raison, c'est au coeur qu'il est sensible. Vouloir y mêler la raison, c'est faire un contresens : « vous vous plaignez de ce qu'ils ne la prouvent pas ! S'ils la prouvaient, ils ne tiendraient pas parole ; c'est en manquant de preuves qu'ils ne manquent pas de sens » (Pensée 233). La foi repose non pas sur une démission de la raison, mais sur des raisons que la raison ne connaît point.b) Le présupposé sous-jacent au libellé laisse bien transparaître l'orgueil totalitaire de la raison, et son impérialisme qui voudrait se retrouver en toutes choses. Que la foi lui échappe ne pourrait être qu'une démission.

« b) Pour autant, et même en s'y surajoutant, la raison ne saurait être première dans la foi.

Weber montre bien que «dans toute théologie "positive", le croyant aboutit nécessairement à un moment donné à un point où il ne pourrafaire autrement qu'appliquer la maxime de Saint Augustin : Credo non quod, sed quia absurdum est.

Le pouvoird'accomplir cette prouesse de virtuose qu'est le "sacrifice de l'intellect" constitue le trait caractéristique et décisifde tout homme pratiquant » (op.

Cit.

, p.

118).

C'est le fait de croire, avant toute raison, qui reste absolumentpremier.Cette irrationalité de la croyance religieuse résumée au Moyen-Âge par la maxime « Credo quia absurdum » (je croisparce que ce en quoi je crois est absurde), pose un deuxième problème pour la religion.

En effet, cette irrationalitéprésente le danger d'une adhésion aveugle à n'importe quel dogme, aussi absurde, voire dangereux soit-il.

Nousvoyons donc que l'irrationalité propre à la croyance religieuse présente un réel problème pour la religion elle-même, sielle veut se présenter comme différente du simple dogmatisme. III - La mise en échec de l'orgueil de la raison a) Il y a là de quoi considérer qu'en définitive l'implication de la raison dans la religion n'est jamais que l'expressionde sa vanité.

Dieu ne s'adresse pas à la raison, c'est au coeur qu'il est sensible.

Vouloir y mêler la raison, c'est faireun contresens : « vous vous plaignez de ce qu'ils ne la prouvent pas ! S'ils la prouvaient, ils ne tiendraient pasparole ; c'est en manquant de preuves qu'ils ne manquent pas de sens » (Pensée 233).

La foi repose non pas surune démission de la raison, mais sur des raisons que la raison ne connaît point. PASCAL dira: «Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point [...] C'estle coeur qui sent Dieu et non la raison.

Voilà ce que c'est que la foi.» Pascal,Pensées (1670). • Pascal distingue deux modes de connaissance.

La raison «connaît» sur lemode conceptuel et argumentatif, comme dans les mathématiques.

Mais Dieuéchappe à ce mode de connaissance.

Il serait vain, pour Pascal, de prétendreen démontrer l'existence.

C'est le coeur qui «sent» Dieu.

La foi est donc uneconnaissance immédiate et trop subtile pour pouvoir être argumentée.• La raison peut néanmoins être mise au service de la foi, de façon indirecte:c'est la célèbre théorie du «pari» pascalien, visant à convertir les incroyants.II montre que l'homme a beaucoup à gagner en croyant, et, réciproquementqu'il n'a rien à gagner en en croyant pas.

Il est donc, en pratique, raisonnablede croire en Dieu, même si ce n'est pas rationnel, et n'a pas besoin de l'être. Le plus souvent, avoir raison, c'est s'imaginer que l'on dispose d'une opinioncertaine ou que l'on peut l'imposer par la persuasion ou la force : " avoir ledernier mot ".

Mais une telle conviction apparaît vite comme peu solide etnous conduit au relativisme : chacun a raison s'il croit avoir raison.

D'où latentation de chercher dans la sensation un critère plus fiable de la vérité.Hélas la sensibilité ne nous permet pas davantage d'échapper au relativisme.

En tout ceci, la raison risque deprendre l'apparence d'une opinion parmi d'autres.

Toutefois, comme en science, l'idée de prouver ou de démontrerpeut nous sauver de l'incertitude, bien que là encore le vrai puisse souvent devenir faux. Les données sensibles, plus immédiates et passives, permettent d'appliquer des raisonnements par induction dont lapertinence logique est tout aussi incertaine que ceux de la déduction.

Ce qui nous fait soupçonner que les erreursdes sens pourraient parfois être des illusions de la raison elle-même.

Cette dernière n'est-elle qu'un artifice ? Passerde l'idée d'avoir raison à la raison met en lumière l'importance de l'activité proprement argumentative de la raison.

Onpeut en gros distinguer trois acceptions principales du mot raison : 1) la raison est la faculté qui nous rend capablede réfléchir, de penser, de raisonner.

2) Elle est le motif d'une action,l'argument d'une idée, ou la cause d'un fait.

3)« Raison apparaît enfin dans « avoir raison «, qui indique une conformité — du reste assez problématique — entre lesentiment de certitude et la vérité. On peut penser que la raison laisse échapper tout un domaine de la vie humaine : celui de la conscience esthétique,et plus généralement la vie affective et les sentiments.

D'autre part la raison est conditionnée par divers élémentsculturels et éducatifs qu'elle ne sait plus interroger.

Mais peut-elle faire l'économie de l'acceptation, de la confiancea priori, de l'acte de foi, et tout remettre en question ? La raison peut toutefois s'efforcer de mettre sous sonpouvoir, sous sa juridiction, les autres facettes du psychisme.

La question reste de savoir si une maîtrise rationnelleconstitue pour l'homme un asservissement ou une libération.

Une telle prétention est-elle bien raisonnable ? Qu'il soit question d'un exemple ou d'une idée, il s'agit de raisonner, d'approfondir pour COMPRENDRE / EXPLIQUER etjustifier nos pensées.

Toutefois la raison ne semble pas nous mettre à l'abri des contradictions.

Celles-ciproviennent-elles des choses, ou serait-ce la raison elle-même qui les introduit en elles ? La raison contredit-elle lesdonnées de la sensation ou se contredit-elle elle-même ? Le cas par cas du sensible doit-il primer sur l'universalitéde la raison ? Si la raison semble fiable en géométrie, est-elle valable dans tous les domaines ? Sur ces dilemmesrepose le conflit entre pratique et théorie.

Mais même si c'était la pensée seule qui était contradictoire, faudrait-ilpour autant renoncer à raisonner ?. »

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