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La croyance religieuse et la philosophie sont-elles incompatibles?

Publié le 06/02/2005

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Celui qui a opté pour la foi est habité par les mêmes appréhensions qui animèrent Abraham durant son voyage vers la montagne du sacrifice. La foi n'est pas la condition du bien-être et du bonheur mais incertitude, « Crainte et tremblement », condition terrible du Christ souffrant sa « Passion »... S'efforcer de devenir chrétien, c'est accepter d'être attisé par la tempête. Toutes les tempêtes. Au fond de cette solitude, de cette souffrance, nulle voix humaine. Il n'y a guère que l'angoisse qui soit une certitude. La foi est à la fois certitude angoissée et angoisse certaine d'elle-même. Croire ou ne pas croire, telle que la question que pose Kierkegaard. La foi est décision, incertitude inhérente au choix subjectif, vérité pour moi : « Il s'agit de trouver une vérité qui soit une pour moi, de trouver l'idée pour laquelle je veux vivre ou mourir ». Puisque l'existence est désespérée (le désespoir naît de l'excès ou du manque de possibilité qui s'offre au moi dans sa confrontation à l'être), la foi est une espérance désespérée envers celui à qui tout est possible: « Espérant contre toute espérance, il crut.

La philosophie incarne la puissance de la raison. La religion n'est pas rationnelle. L'une et l'autre empruntent des chemins opposés. Il faut donc séparer croyance religieuse et réflexion philosophique. Mais, la philosophie a été voulue par Dieu. Elle permet, comme la religion, d'accéder à la vérité, à la bonté, à la conscience de Dieu.

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« Toutefois, étant donné la faiblesse humaine , la pure foi religieuse ne suffit pas à donner une Eglise.

Les hommesn'arrivent pas à se persuader qu'il faut agir par devoir et que cela seul constitue l'obéissance à Dieu ; ils veulentservir Dieu comme on sert un grand seigneur dans le monde.

Si bien qu'une « religion culturelle » s'ajoute à la religion purement morale. Cependant les croyances de l'Eglise statutaire précèdent ordinairement la vraie foi, puisqu'elles servent à larépandre.

Et cela ne va pas sans danger.

Il est à craindre en effet que ces croyances ne finissent par se substituerà la vrai foi.

Aussi est-il nécessaire d'interpréter celles-ci au moyen de celle-là, de chercher la conformité de la foihistorique à la raison pratique.

Kant distingue la religion révélée et la religion naturelle.

Dans la première, je reconnais comme devoir ce que je sais être un commandement divin ; dans la seconde, au contraire, je reconnaiscomme commandement divin ce que je sais être un devoir : « il faut que la raison humaine universelle, l'élément de la religion naturelle, soit reconnue et honorée dans la dogmatique chrétienne comme le suprême principe souverain,mais que la doctrine de la révélation sur laquelle on fonde une Eglise, et à laquelle des savants sont nécessaires enqualité d'exégètes et de conservateurs, soit aimée et cultivée comme simple moyen, hautement estimable d'ailleurs,pour rendre la première de ces doctrines accessibles même à l'intelligence des ignorants et pour lui donner del'extension et de la persistance ». Le faux culte intervient dès que la foi statutaire n'est plus subordonnée à la foi naturelle, à la loi morale, dès qu'ellen'est plus un simple véhicule de celle-ci, mais qu'elle devient une fin en soi.

La lettre supplante alors l'esprit, lespratiques extérieures se substituent à la vrai foi.

Le prêtre cesse d'être un serviteur, un ministre de l'Eglise, pourdevenir un fonctionnaire.

On tombe alors dans la superstition religieuse : « la folie de croire que, par les religieux du culte, on peut faire quelque chose pour sa justification devant Dieu, c'est la superstition religieuse .

» A cette corruption de la vraie foi, le remède est de prendre la conscience pour « guide en matière de foi ».

Ce n'estpas la prière qui sauvera l'homme ; elle n'est qu'un moyen de ranimer en nous l'intention morale, et nullement unmoyen de grâce.

Ce n'est pas non plus la fréquentation de l'église, simple moyen d'édification pour chacun enparticulier, et devoir des fidèles en tant que membres d'une Eglise visible.

Ce n'est pas davantage la consécrationpar le baptême ou la communion.

Encore une fois, l'homme ne doit pas compter sur un secours extérieur, parceque : « ce qui doit nous être imputé à titre de bonne conduite morale ne devrait pas s'effectuer grâce à une influence étrangère, mais uniquement par l'usage le meilleur possible de nos propres forces ». Ainsi apparaît à nouveau le primat de la raison pratique, législatrice souveraine, à laquelle la religion même estsubordonnée.

L'homme est seul avec sa conscience et il n'y a pas de favoris du ciel.

Nous avons tous les mêmesarmes pour un même combat, et chacun fait son propre salut. Kant était fortement attaché aux principes religieux qu'il avait reçus de sa mère, et c'est pour tenter d'accorder ces principes aux thèses de son rationalisme moral qu'il écrivit la « Religion dans les limites de la simple raison ». Le christianisme n'est raisonnable que dans la mesure où il est moral et le principe moral qu'il contient n'est pasthéologique.

A la question : à quelles conditions une religion est-elle possible, le philosophe critique répond enarguant du fait rationnel du devoir.

En ce point, il n'y a aucune ambiguïté : inféoder la conduite éthique à descommandements divins serait restaurer une hétéronomie qui ruine la liberté.

L'éthique est autosuffisante.

C'estl'éthique qui exige qu'on postule l'existence d'un Dieu susceptible de rendre possible la réalisation du Souverain Bien.La morale conduit à la religion qui ne la fonde pas La religion n'est, en ce qu'elle est raisonnable, que l'Idée d'unlégislateur moral suprême supposé.

La religion représente tous les devoirs comme des ordres divins.

Mais nos devoirsne sont précisément pas des ordres divins.

La religion relève de l'ordre régulateur du « Comme si ». Ce texte vient contredire ou réduire la portée des cinq caractéristiques du « Dieu chrétien ». • Mais c'est là nier la particularité du fait religieux : la morale est en effet à l'échelle humaine, elle se préoccupe denotre existence sur la terre alors que la religion nous soumet à la Transcendance.

Dans une perspective fidéiste, aucontraire, on ne peut accéder à une vérité religieuse que par la seule foi sans aucun recours à la raison : celle-ciéloigne de Dieu.

Aussi , le croyant doit totalement s'abandonner aux seules principes de la Révélation .

« La foi estdifférente de la preuve : l'un est humaine, l'autre est un don de Dieu » (Pascal). Ainsi, pour Kierkegaard, l'expérience religieuse est une expérience d'ordre existentiel radicale qui est absolumenthétérogène à la raison et irréductible aux concepts et aux essences d'ordre général.

« C'est donc sur la foi objective qu'on spécule.

Qu'est-ce que cela veut dire la foi objective ? Cela veut dire unesomme de propositions [...] La foi objective, c'est comme si le christianisme était annoncé comme un petit système,pas si bon naturellement que celui de Hegel, c'est comme si le Christ [...] avait été professeur et que les Apôtresaient constitué une petite société savante.

» C'est sur le terrain de la raison que la raison a raison et, s'il n'y a rien en dehors d'elle, elle est réponse à tout(« Tout le réel est rationnel et tout le rationnel est réel »).

A tel point qu'elle ne pourrait tenter de se nier qu'en s'affirmant.

Mais peut-elle rendre raison d'elle-même ? Le croire serait s'engager dans un processus de régression àl'infini, dont on ne peut sortir que par un saut hors de la raison...

un acte de foi dans la raison...

tout à fait. »

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