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La démocratie, tyrannie de l'incompétence. Que penser de cette affirmation ?

Publié le 17/01/2022

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À cet égard, les démocraties de fait semblent critiquables lorsque de l'intérieur elles pervertissent l'idéal démocratique. Faut-il alors conclure que la capacité de se critiquer elles-mêmes est pour les démocraties existantes une urgence et une nécessité? 1) La démocratie n'est pas en droit critiquable : il serait contradictoire d'invalider le seul pouvoir politique qui soit légitime en son origine et ses principes. a) Essence de la démocratie :Régime où le peuple est souverain, la démocratie est Le seul régime légitime, en fonction de son origine : la citoyenneté volontaire. En fonction, aussi, de sa finalité : la liberté civile, obéissance volontaire à la loi qu'on s'est prescrite en vue du bien commun. L'obéissance au seul appétit est esclavage et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté. (Du Contrat Social) La liberté ne consiste pas à suivre nos désirs. Elle n'est pas dans l'absence de contraintes mais dans le libre choix des contraintes que l'on se donne à soi-même. On peut appliquer cette idée au peuple. Un peuple libre est celui qui se donne à lui-même ses propres lois, ce qui définit la démocratie.

« dont on est, en tant qu'être raisonnable, l'auteur, ou encore, obéir à sa propre raison.

Obéir à sa raison, c'est êtrepleinement responsable de sa conduite.

Etre libre, c'est s'obliger soi-même à une conduite raisonnable, s'interdirecertains débordements, en un mot c'est obéir à la loi qu'on s'est prescrite.La loi peut s'entendre ici dans un sens moral, comme dans un sens politique.

Autrement dit, les obligationsauxquelles on se soumet volontairement et librement (alors qu'on subit bon gré malgré une contrainte) sont morales,ou bien civiques.

C'est dans ce sens-ci d'obligation civique que Rousseau l'entend d'abord.

Rousseau dans le ContratSocial jette les bases d'un Etat dont les lois constituent des obligations et non des contraintes : car c'est le peuplesouverain, plus exactement la volonté générale (selon la règle de la majorité) qui décide des lois.

Ainsi chacund'entre nous, en tant que citoyen, est libre parce qu'il se soumet aux lois dont il est l'auteur, en tant que membrede la volonté générale. b) Légitimité d'un régime qui allie liberté et égalité :Le bien de tous est l'alliance de la liberté et de l'égalité.

Tous sont en effet égaux pour faire la loi et lui obéir, etcette égalité fonde la liberté civile : la condition étant égale pour tous, et les engagements réciproques, nul nedomine. c) Impossibilité et illégitimité d'une critique de la démocratie :Il serait en effet contradictoire de considérer comme invalide le critère au nom duquel tous les autres régimespeuvent être critiqués.

L'État démocratique est l'État idéal en ce que seul il épanouit l'essence rationnelle del'homme. Transition : Mais s'il en va bien ainsi des principes de droit de la démocratie, ces principes parviennent-ils toujours à s'incarner dans les faits sans se pervertir? 2) Les démocraties existantes doivent pourtant pouvoir être examinées et réprouvées, car elles peuventengendrer en fait, de l'intérieur, la perversion de l'idéal démocratique. a) La cité démocratique peut briser l'unité de la cité :Peu importe que le peuple soit souverain s'il n'est pas une assemblée de citoyens unis par le souci du bien commun.Car là où règnent l'individualisme et l'intérêt, la démocratie vire au rapport de force et à la démagogie, ainsi que ledéplorait déjà Platon . "N'est-ce pas le désir insatiable de ce que la démocratie regardecomme son bien suprême qui perd cette dernière ?Quel bien veux-tu dire ?La liberté, répondis-je.

En effet, dans une cité démocratique tuentendras dire que c'est le plus beau de tous les biens, ce pourquoi unhomme né libre ne saura habiter ailleurs que dans cette cité (...).Or (...) n'est-ce pas le désir insatiable de ce bien, et l'indifférence pourtout le reste, qui change ce gouvernement et le met dans l'obligationde recourir à la tyrannie ? (...).Lorsqu'une cité démocratique, altérée de liberté, trouve dans ses chefsde mauvais échansons (1), elle s'enivre de ce vin pur au delà de toutedécence ; alors, si ceux qui la gouvernent ne se montrent pas tout àfait dociles et ne lui font pas large mesure de liberté, elle les châtie(...).Et ceux qui obéissent aux magistrats elle les bafoue et les traited'hommes serviles et sans caractère.Par contre elle loue et honore, dans le privé comme en public, lesgouvernants qui ont l'air de gouvernés et les gouvernés qui prennentl'air de gouvernants.

N'est-il pas inévitable que dans une pareille citél'esprit de liberté s'étende à tout ? (...).Qu'il pénètre, mon cher, dans l'intérieur des familles, et qu'à la finl'anarchie gagne jusqu'aux animaux ? (...).Or, vois-tu le résultat de tous ces abus accumulés ? Conçois-tu bien qu'ils rendent l'âme des citoyenstellement ombrageuse qu'à la moindre apparence de contrainte ceux-ci s'indignent et se révoltent ?Et ils en viennent à la fin, tu le sais, à ne plus s'inquiéter des lois écrites ou non écrites, afin de n'avoirabsolument aucun maître.Je ne le sais que trop, répondit-il.Eh bien ! mon ami, c'est ce gouvernement si beau et si juvénile qui donne naissance à la tyrannie".PLATON. (1) Celui dont la fonction est de servir à boire.

Voici l'idée directrice de ce texte : la démocratie est minée par le principe même qui l'a créée, la recherche de laliberté ; lorsque cette dernière devient sans frein, elle conduit à un régime sans loi et, par conséquent, à latyrannie.

Vous noterez les résonances tout à fait modernes et contemporaines de ce texte, qui conduisent à ensouligner son intérêt philosophique.. »

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